Économie

Filière de la tomate industrielle : L’effet pervers du mode contractuel sur le marché

Baisse drastique de l’offre et hausse vertigineuse des prix contribuent à perturber le fonctionnement de cette filière stratégique. 

Si les préoccupations et les doléances des producteurs tardent à être prises en charge, c’est le marché et le consommateur qui seront impactés. Les conventions signées entre les producteurs de la tomate industrielles et les transformateurs ont eu un effet négatif sur les prix de ce légume dans le marché à l’est du pays. L’augmentation des quantités destinées  aux conserveries  des wilayas d’Annaba, d’El Tarf et  de Skikda, a fait que l’offre pour le marché local a drastiquement diminué. En effet, depuis le début de la saison de la transformation, le prix de la tomate a explosé aussi bien chez les détaillants que chez les grossistes.  « La majorité des agriculteurs versés dans la filière de la tomate à multiples usages, dont l’industrielle, optent désormais pour les conserveries pour écouler leur production en toute facilité et sécurité, même si les tarifs restent pour eux discutables puisqu’ils revendiquent leurs augmentations, il n’en reste pas moins que les contrats avec les unités de transformation garantissent la vente de l’ensemble de la quantité produite »,  selon les explications apportées par les services de la Direction des Services Agricoles (DSA), d’Annaba. À noter que pour cette saison, ils sont quelque 150  producteurs de tomate  à avoir signé des contrats avec les transformateurs de la région. Des conventions portant l’engagement des agriculteurs à les approvisionner en tomate industrielle cette année. La réussite de ce modèle d’agriculture contractuelle n’a finalement pas que des avantages. La hausse des prix due à la réduction de l’offre sur les étals des marchés sont le résultat direct de ces conventions. Les ménages consomment la tomate industrielle en tant que tomate de table du fait de son prix accessible. Quant à la tomate ordinaire, elle est produite en quantités réduites et se vend donc plus cher. À priori agriculteurs et transformateurs semblent trouver chacun son compte. Même si les producteurs affichent encore leur insatisfaction quant à la hausse des prix des intrants entre autres, il demeure néanmoins qu’assurer l’écoulement de leurs récoltes est plus important. Quant aux transformateurs, il s’assure un approvisionnement suffisant en matière première pour leurs lignes de transformation. Ces  conventions sont en réalité un mode contractuel,  qui lie des producteurs de la tomate industrielle aux transformateurs. Cette pratique pénalise le consommateur contraint, à défaut de la disponibilité de la tomate industrielle sur le marché, de ‘’se tourner’’  vers la tomate de table. Un produit inaccessible  pour les moyennes et faibles bourses. Cette perturbation du marché impacte directement le marché de la consommation en aval.  

Sofia Chahine

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