Fibre optique, Data Centers et start-ups : Meta s’intéresse à l’Algérie
Le président Abdelmadjid Tebboune a reçu une délégation de la société de réseautage social Meta, conduite par Kojo Boakye, directeur des politiques publiques pour l’Afrique, le Moyen-Orient et la Turquie.
«La rencontre a été l’occasion pour la délégation de Meta de prendre connaissance des capacités de l’Algérie dans l’utilisation des technologies modernes dans le respect de la liberté d’expression loin des discours de la haine, de la diffamation et de l’invective », a indiqué mardi un communiqué de la présidence de la République. La rencontre a également permis, selon la même source, de mettre en avant les capacités de l’Algérie en termes d’infrastructures, notamment le réseau de fibre optique, et le développement rapide des start-up, qui offrent des possibilités de réussite dans les domaines de l’investissement et de la promotion de plusieurs secteurs de services.
La rencontre à laquelle a assisté le ministre de l’Economie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, Yacine El Mahdi Oualid, intervient dans un contexte où l’Algérie consent d’importants moyens pour développer le secteur des nouvelles technologies (TIC), des infrastructures et des start-up. Et la venue à Alger de Kojo Boakye peut laisser penser que l’Algérie présente un intérêt particulier pour la société créée par Mark Zuckerberg.
Meta qui exploite le plus grand réseau social du monde « Facebook » s’intéresse ainsi au potentiel du marché algérien, notamment pour ce qui est du déploiement des réseaux en fibre optique, mais aussi la réalisation de Data Centers. Il est vrai que l’Algérie a lancé un vaste programme national de déploiement de réseaux en fibre optique lequel a permis le déploiement de 200.000 Km de réseaux en fibre optique à fin 2021, selon le bilan d’Algérie Télécom. Un programme qui doit permettre de consolider le backbone national et renforcer la connectivité, dont est tributaire la réalisation de Data centers en local. Une question stratégique et qui est au cœur de la consolidation de sécurité cybernétique et des infrastructures devant sous-tendre l’accélération de la numérisation, notamment des administrations publiques, et le développement des capacités d’innovation dans les domaines du digital.
Un potentiel marché qui n’échappe pas à Meta, laquelle a d’ailleurs déjà implanté de nombreux centres de données dans plusieurs pays d’Afrique. Pourquoi pas aussi en Algérie qui pourrait bénéficier d’un savoir-faire reconnu et d’une technologie de pointe.
Câble sous-marin
Il faut aussi savoir que Meta nourrit l’ambition d’installer d’ici 2024, avec sept opérateurs télécoms, un câble de télécommunications sous-marin tout autour du continent africain, l’un des plus longs du monde. Le projet baptisé 2 Africa promet de démultiplier la connectivité Internet du continent. D’un coût d’environ 1 milliard de dollars, le projet regroupe une série de partenaires commerciaux qui n’ont pas forcément pour habitude de coopérer. Le consortium créé pour l’occasion regroupe en effet l’opérateur China Mobile International. Le projet compte aussi dans ses rangs le Saoudien Saudi Telecom, le Français Orange, Telecom Egypt, le Britannique Vodafone et le Sud-Africain MTN Global Connect. Et c’est Alcatel qui sera chargé de la fabrication du câble. Il est question de connecter plus de 3 milliards de personnes et de leur donner accès à des connexions à très haut débit. Un projet auquel l’Algérie n’a pas pris part, il y a quelques années. Aussi, l’intérêt de Meta pour l’Algérie pourrait également être lié au fait qu’elle ne verrait pas d’un mauvais œil que l’Algérie s’associe à ce gigantesque projet. D’autant que sur le plan technologique c’est encore possible et que l’Algérie cherche à développer le secteur des start-up et des services, aujourd’hui encore à l’état embryonnaire. Il est vrai que 2 Africa offre une infrastructure pouvant permettre indéniablement d’opérer un bond qualitatif important sur le plan de la connectivité. En dépit de son coût très élevé, 2 Africa devrait en effet permettre de faire baisser les prix des échanges de données à l’international, entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient. Plus un câble est capable de délivrer du débit, plus le coût de la donnée est bas. Or, la technologie déployée permettra de multiplier par 2 ou 4 le nombre de fibres optiques passant à l’intérieur du câble.
L’intérêt de Meta pour l’Algérie peut aussi s’expliquer par le fait que les autorités algériennes ont elles aussi commencé à travailler sur un projet de dorsale transsaharienne à fibre optique qui reliera l’Algérie à d’innombrables pays africains. L’Algérie a achevé les travaux de la réalisation de son tronçon en fibre optique sur une distance de 2548 km. Les pays membres du Comité de liaison de la dorsale transsaharienne à fibre optique, dont la 1ère session s’est tenue en juillet dernier à Alger, se sont engagés d’ailleurs à accélérer la réalisation de ce projet stratégique Alger-Abuja, visant le développement de l’économie numérique régionale. Un tel projet ne peut effectivement qu’intéresser Meta qui cherche à pénétrer en profondeur le continent africain.
Khider Larbi