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L’Algérie est «un partenaire de choix », selon le P-DG de Wintershall Dea AG / Les Allemands convoitent le gaz algérien

Le P-DG de Wintershall Dea AG a fait le déplacement à Alger expressément pour évoquer avec les autorités algériennes le renforcement des relations de coopération et de partenariat algéro-allemand dans l’amont pétrolier et gazier. Il assure que « l’Algérie est un partenaire de choix pour un partenariat énergétique renforcé ».

Les Allemands semblent avoir compris et surtout admis que pour avoir du gaz algérien en quantités suffisantes, ils se doivent d’investir dans l’exploration et la production. Et tout laisse comprendre qu’ils sont prêts à investir beaucoup en Algérie et pour longtemps. Le P-DG de Wintershall Dea AG a d’ailleurs fait le déplacement à Alger expressément pour évoquer avec les autorités algériennes le renforcement des relations de coopération et de partenariat dans l’amont pétrolier et gazier.

C’est sans doute ce qu’il faut retenir de la déclaration du P-DG de la société allemande Wintershall Dea AG, Mario Mehren, au terme de son entretien, hier, à Alger, avec le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. «Nous avons eu des discussions très fructueuses. L’Algérie est un partenaire de choix pour un partenariat énergétique renforcé», a déclaré Mario Mehren, manifestant en outre la « volonté et l’engagement de Wintershall à renforcer sa présence en Algérie à travers la réalisation de nouveaux projets énergétiques». 

La décision des sociétés énergétiques allemandes de concentrer leur intérêt sur l’Algérie n’est pas très difficile à comprendre. Sonatrach est un groupe extrêmement fiable. Plus fiable que peuvent l’être des fournisseurs et cela pour diverses raisons. L’une de ces raisons est liée au fait que l’Algérie s’inscrit dans des engagements à long terme. Ce qui arrange des partenaires comme l’Allemagne qui ont besoin d’un apport régulier en hydrocarbures pour faire tourner leur machine économique extrêmement énergivore. L’autre avantage avec l’Algérie est la proximité. C’est en effet le pays qui peut répondre le plus rapidement et le plus efficacement aux besoins de l’Allemagne en matière de fourniture de gaz et de pétrole.

Avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, les autorités allemandes avaient misé, comme tout le monde le sait, sur la Russie pour se fournir en énergie. Le sabotage du gazoduc reliant l’Allemagne à la Russie et la décision des Occidentaux de réduire leur dépendance au gaz russe, a toutefois chamboulé les calculs de Berlin. Du jour au lendemain, les Allemands ont été confrontés au risque de se retrouver privés de gaz. Ce qui a suscité des craintes.Depuis le début de la crise, l’Allemagne s’emploi donc à trouver des solutions pour préserver son industrie. Le pays s’est tourné vers la Norvège, les États-Unis et les pays du Golfe. Les nombreuses tournées effectuées par le chancelier Olaf Scholz dans ces pays n’ont satisfait qu’en partie les attentes de l’Allemagne. En partie car si Berlin n’a pas reçu la promesse d’être livré en gaz par tout le monde. Par exemple, l’Allemagne n’a pas décroché de contrat en Arabie saoudite ni au Qatar. Seuls les Emirats arabes unis ont accepté de « dépanner » l’Allemagne. L’énergéticien allemand RWE et l’entreprise publique émiratie Adnoc ont en effet signé fin septembre un contrat qui porte sur l’exportation d’une cargaison de 137.000 mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL) dès fin décembre vers le terminal flottant en cours de construction de Brunsbüttel, à l’embouchure de l’Elbe. Ce volume représente un total de 1,37 million de kilowattheures, soit moins d’une journée d’approvisionnement assurée par le passé par Nord Stream 1. Le 1er février dernier, 1,7 million de kilowattheures transitaient par le gazoduc désormais à l’arrêt. Tout le monde aura compris, cette quantité est trop peu importante pour sécuriser l’Allemagne sur le plan énergétique.Et c’est sans doute là que s’est imposée l’option Algérie, un pays qui présente les mêmes caractéristiques que la Russie en matière de gaz. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si pratiquement toutes les capitales européennes ont dépêché l’été dernier leurs responsables à Alger pour négocier des contrats de gaz. L’Algérie a pris une importance géo-énergétique et géopolitique telle depuis le début de la guerre en Ukraine que l’Union européenne en fait dorénavant un partenaire stratégique de premier plan. Le choix de l’Algérie était évident également pour les Allemands d’autant que le pays possède des gazoducs qui peuvent leur faire parvenir le gaz.

Une conjoncture que permet aussi à l’Algérie d’attendre plus de ses partenaires et cela elle l’a clairement affiché. Il y a quelques mois, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab a accordé un entretien au quotidien allemand « Der Spiegel » et au cours duquel il a été interpellé sur les possibilités de fourniture de gaz à l’Allemagne, Arkab a été parfaitement clair : « si l’Allemagne veut nous acheter du gaz, alors ouvrez de nouveaux gisements avec nous, comme les Italiens l’ont fait avec le groupe ENI. (…) L’entreprise publique d’énergie Sonatrach lèvera la majorité et nous recherchons des partenaires pour le reste ». Il a également mis en avant la nécessité d’un accompagnement en matière de transition énergétique, de développement des ENR et de l’hydrogène vert.

Khider Larbi

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