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Sommet de l’Union africaine sur l’industrialisation de l’Afrique   : Repenser les modèles économiques

L’Union africaine a tenu vendredi à Niamey un double sommet extraordinaire sur l’industrialisation et la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) auquel une quinzaine de chefs d’État et de gouvernement ont pris part.

Ce sommet extraordinaire avait pour but de se pencher sur l’industrialisation de l’Afrique, une problématique qui impacte le développement du continent.  Le double sommet placé sous le thème « Industrialiser l’Afrique : renouveler les engagements en faveur d’une industrialisation et d’une diversification économique inclusives et durables » s’inscrit dans le cadre de la Semaine pour l’industrialisation de l’Afrique dont les travaux ont été lancés lundi dernier dans la capitale nigérienne. A l’occasion, des panels de haut niveau, des conférences et des expositions ont été organisés ses derniers jours à Niamey.

L’intérêt de ce double sommet extraordinaire est qu’il a été marqué par des débats francs, ce qui n’est pas très courant au sein de l’Union africaine. D’emblée, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a soutenu le plan d’action de développement économique de l’Afrique de 2008 n’a pas été à la hauteur. «Aujourd’hui, il faut identifier les facteurs qui ont plombé le développement de l’Afrique et repenser les modèles », a-t-il déclaré. « Nous ne produisons presque rien. Nous attendons tout de l’extérieur », a regretté Moussa Faki Il a insisté sur l’idée que l’industrialisation, la diversification de l’économie et la Zlecaf sont déterminants dans le développement de l’Afrique. « Le jour où l’industrialisation de l’Afrique et la Zlecaf seront devenues une réalité, l’Afrique prospérera et sera en paix », a-t-il conclu.

Le président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall, a appelé pour sa part les pays africains à accorder plus de temps aux priorités économiques pour accélérer le développement et l’intégration du continent. « C’est d’autant plus nécessaire car l’Afrique possède un potentiel pour réaliser ses ambitions et accélérer sa croissance. Il s’agit notamment d’une superficie de 30 millions de m2, d’une population qui compte 1,4 milliards d’habitants, 60% des terres arables, 40% des réserves mondiales d’or, entre 85% et 95% des réserves de chrome et de platine, 85% des phosphates, plus de 50% du cobalt et un tiers des bauxites, sans parler de ses ressources importantes en eau, en gaz et en pétrole », a-t-il souligné.

De son côté, l’Algérie a affirmé son entière disposition et son engagement à adhérer aux démarches communes, ainsi que son soutien au renforcement de l’industrie et de l’industrialisation dans le continent africain, mettant l’accent sur la nécessité de mettre en place un nouveau modèle économique adapté à la réalité africaine et d’élaborer une stratégie industrielle globale tenant compte des capacités de chaque pays à atteindre une industrie efficiente et une économie forte, intégrée et cohérente.

Dans une allocution prononcée lors d’une séance à huis clos, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane qui a pris part à cette rencontre en tant que représentant du président de la République Abdelmadjid Tebboune, a souligné en outre l’appui de l’Algérie « au renforcement de l’industrie et de l’industrialisation dans notre continent (africain) et à atteindre les plus hauts niveaux d’intégration, en concrétisation des objectifs majeurs tracés par les fondateurs de notre organisation panafricaine ». Il a rappelé dans ce contexte « le rôle essentiel » des Petites et moyennes entreprises (PME) dans le domaine de l’industrie, soulignant l’importance de « leur accorder le soutien et l’appui nécessaires et d’améliorer leurs capacités concurrentielles ». 

Continent riche, industrie faible

Parmi les insuffisances qui entravent la relance économique en Afrique, le Premier ministre a relevé notamment « l’absence d’une politique continentale, claire et cohérente, en matière d’industrie et d’industrialisation ». « Au delà de notre soutien politique franc et sincère à toutes les démarches louables, nous sommes appelés, a-t-il soutenu, à tracer ensemble l’avenir de notre continent dans ce domaine vital, par le développement et la diversification de l’économie globale qui s’inscrit dans le cadre du développement durable et cadre avec les objectifs et contenu de l’Agenda 2063 de l’UA », a-t-il soutenu.

Malgré sa richesse en matières premières, le continent africain est absent du commerce mondial. Le président nigérien Mohamed Bazoum a rappelé à ce sujet que la part de l’Afrique ne dépasse pas les 4%. Entre pays africains, cette part n’est que de 17%. Le président Mohamed Bazoum a également soutenu que les pays africains ne peuvent pas se passer des énergies fossiles pour leur développement. Un constat frappant qui appelle des réponses appropriées : connecter les réseaux ferroviaires régionaux, investir massivement dans l’éducation et les nouvelles technologies de la communication ou encore libérer les énergies des entrepreneurs africains.L’industrialisation de l’Afrique est une nécessité cruciale, mais l’idée est loin d’être nouvelle. Mais jusque-là rien de concret n’a été fait. Pour que justement ce double sommet ne soit pas juste l’occasion de nouvelles grandes déclarations, des objectifs spécifiques ont été assignés : un nouveau cadre de politique continentale doit être décidé afin d’attirer davantage d’investissements, les chaînes de valeurs industrielles régionales doivent être renforcées. Il s’agit, en clair, de mettre en place des partenariats entre plusieurs pays pour davantage de complémentarité dans la chaîne de fabrication des produits. Enfin, le sommet a décidé de plaider politiquement pour l’émergence d’un programme d’industrialisation de l’Afrique à l’échelle mondiale. Au-delà, l’intérêt des rencontres de vendredi réside dans le fait que la majorité des leaders africains a compris que la balle était dans son camp. A eux donc de passer à l’action !  

Khider Larbi

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