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Huile d’olive Dahbia : Au cœur du secret de l’Or vert

Dans les Hauts-Plateaux, au cœur de l’Algérie profonde, un oléiculteur cultive des oliviers au goutte-à-goutte, sans engrais ni pesticides. A Benhar, une localité relevant d’Ain Ouessara, à Djelfa, soit à deux heures seulement de la capitale, Hakim Alileche, a réussi à produire l’huile d’olive Dahbia, sélectionnée dans la catégorie Early Harvest (fruité vert intense précoce) dans le monde, une qualité très riche en phénols et polyphénols, des composants bienfaiteurs pour la santé.

De notre envoyé spécial à Benhar (Djelfa):

Riad Lamara

Il faut une délicate dextérité pour cueillir les olives sans se soucier de « faire mal » aux branches pleines à craquer en cette période de grand froid. Expert en la matière, puisqu’il exerce dans cette filière depuis plus de quinze ans, Hakim Alileche attrape une olive d’un arbre récemment cueilli par l’ambassadeur de l’Union européenne à Alger. Apparaît alors une chair verte, tellement constellée d’une eau fraîche, qu’elle voulait éclater entre ses doigts. « Vous voyez, si l’olive change de couleur, l’huile ne sera pas vierge-extra. Elle perdra de ses propriétés et son taux d’acidité augmentera davantage », nous explique cet oléiculteur qui, autrefois, activait dans la filière de l’imprimerie et de la bureautique. A notre arrivée dans les vergers de Benhar où les domaines Alileche disposent de 15.000 oliviers, dont 11 000 sont en pleine exploitation, Samir nous invite à une séance de dégustation. « Elle vient d’être triturée. Gouttez-y pour sentir la fraîcheur d’une huile bénie par le soleil et la terre », nous dira d’emblée Said qui semble maîtriser le Process de cueillette et de production. Légèrement acidulée, soit à un taux de 0,2, alors que la norme requise est de 0,8 de taux d’acidité, l’huile d’olive Dahbia est un pur nectar cultivée au procédé du goutte-à-goutte, sans engrais ni pesticides. « Depuis que j’ai commencé à exploiter ces 40 hectares, je n’ai jamais injecté le moindre grain d’engrais, encore moins un pesticide. Tout est cultivé en mode Bio. L’homme et la nature suffisent largement pour obtenir la qualité escomptée », ne cesse de répéter notre interlocuteur au fur et à mesure qu’on avance dans les vergers sous des températures ne dépassant les 4 et 6 C°. C’est sur ces terres des Hauts-Plateaux que cet oléiculteur a investi toutes ses économies pour acquérir les meilleurs matériaux agricoles pour entretenir ses oliviers, à longueur d’année, pour obtenir une qualité irréprochable de l’huile Dahbia qui rappelons-le, a obtenu la certification auprès d’un organisme mondial basé en Allemagne. Depuis 2020, année durant laquelle il a postulé à la médaille Apulée en Algérie, l’exploitant n’a pas cessé de collectionner des médailles d’argent, des prix de dégustation et de gourmets et des médailles d’Or. « Nos olives sont pressées alors qu’elles sont fraîches et vertes (avant pleine maturité), afin de préserver leurs propriétés biologiques, notamment, les polyphénols, qui est un composant naturel de l’huile d’olive et qui s’attaque aux cellules cancéreuses, selon les spécialistes », développe M. Alileche qui ne cesse de s’enorgueillir du résultat des efforts consentis, souvent au détriment de sa famille et de sa santé. Sa devise : « j’ai 5 enfants et 15 000 oliviers. Je les caresse de la même manière et je les chouchoute pour qu’il puissent grandir et produire ». A l’intérieur de l’huilerie, un homme à tout faire nous accueille : Aâmi Ahcène. Vêtu d’une blouse bleue digne des manufacturiers qui se soucient du détail, il exhibe fièrement une caisse d’olive fraîchement cueillie. « S’il vous semble que je m’occupe de tout, c’est parce que je m’intéresse à tout pour que l’huile Dahbia fasse partie de la variété vierge-extra. Avec Hakim, nous travaillons dans une ambiance extraordinaire. On ne sent ni la fatigue, ni le froid. Encore moins le poids de l’âge ou des jours. On ne peut pas avoir plus que la satisfaction morale et, chaque jourque Dieu fait, on veille au grain », nous dit Aâmi Ahcène entouré d’une jeune équipe qui, elle, s’occupe du Process de nettoyage des olives avant la trituration.

L’olive est triturée fraîche

Dahbia, une huile EVOO classée dans le monde

Dans cette huilerie réputée dans toute la région, le rythme de travail dépend de celui de la cueillette. Car, une fois que l’olive est dans la caisse, elle passe immédiatement au rinçage, à la trituration et au conditionnement. M. Alileche nous avoue que « l’erreur n’est pas permise. Si l’olive tourne, on la repère facilement et on l’exclu du Process de trituration. C’est comme ça qu’on obtient une huile de haute facture ». En ce sens, il nous révélera que ses vergers sont dominés par la variété d’olivier Chemlali, dont les caractéristiques agronomiques correspondent au climat et à la charte géographique des domaines Alileche. « L’olivier Chemlali est très apprécié pour son adaptation au milieu aride. Comme vous le voyez, c’est une variété très vigoureuse caractérisée par une entrée moyenne en production à cause de son époque de maturation tardive. D’ailleurs, près de 80% des oliviers que vous voyez ici sont de cette espèce ». Certes, l’olivier Chemlali présente un rendement moyen en huile, mais il présente une teneur moyenne en acide oléique (acide gras majeur de l’huile d’olive) et donne, dès le début de sa maturité, une huile moyennement fruitée, amère et piquante. Ailleurs, cette variété donne une huile douce, délicatement fruitée et piquante avec un arôme d’amande sèche quand elle est à pleine maturité. A ce propos, M. Alileche indique que depuis 2020, première année où il avait participé à des concours nationaux et internationaux, l’huile Dahbia a été analysé par des dizaines d’experts internationaux, notamment issus d’Espagne, de France, d’Italie, du Japon, de Grèce, des Etats-Unis, du Canada et des pays arabes et maghrébins. Et si ce produit a arraché une douzaines de trophées, dont trois médailles d’Or à l’international, le patron des lieux nous révèle que son produit fait partie des huiles d’olive extra-vierges (EVOO) et qui sont classées en fonction de leur niveau d’acidité, dans le monde. Cela est due aux dernières analyses effectuées à Dubaï au mois d’août dernier, soit six mois après l’obtention d’une médaille d’Or, où le verdict des experts faisait ressortir que « cette huile a gardé toutes ses caractéristiques et ses propriétés ». Pour les initiés, l’huile d’olive vierge-extra ultra premium, une catégorie d’huile d’olive relativement nouvelle, est encore moins acide (moins de 0,3 %) et est considérée comme une huile de finition. Il a un goût propre et frais en bouche, alors que l’huile d’olive extra vierge Premium possède une coloration brillante et vibrante avec un équilibre entre fruité, amertume et piquant et un moins d’acide (moins de 0,5 %).

La richesse d’un écosystème

Au moment de notre virée à Benhar, M. Alileche exhibe les derniers résultats : « l’huile Dahbia recèle un taux d’acidité de 0,2 ». « Ce n’est pas ancré dans notre culture, car on n’en a pas l’habitude. Mais le taux inférieur d’acidité d’une huile d’olive impacte sur la bonne santé de l’être humain. Mais, aujourd’hui, les acteurs de cette filière en Algérie, dont je fais partie, prennent en considération ces paramètres. L’olive précocement cueilli recèle aussi des propriétés sanitaires importantes et est riche en antioxydants ». Sensibiliser aux bénéfices de l’huile d’olive vierge-extra est également l’objectif de M. Alileche qui a, par ailleurs, réussi à créer un écosystème à Benhar. « Vous voyez, il y a toutes sortes d’oiseaux, y compris des perdrix. Il y a aussi des papillons, des roses et autres plantes qui prennent, d’année en année, des formes splendides. Ces vergers ont transformé la terre grâce à l’eau et à l’effort humain, sans plus. J’ai toujours souhaité faire une culture adaptée au climat des Hauts-Plateaux et au climat semi-aride pour offrir quelque chose qu’on ne retrouve pas ailleurs forcément », se réjouit encore M. Alileche qui compte enrichir ces terres avec de nouvelles variétés d’oliviers dans les années à venir. Aux abords de cette exploitation, de jeunes plants d’oliviers pullulent. Aguerri aux méandres des Hauts-Plateaux, de la terre et du climat, M. Alileche compte aller encore plus loin, d’autant, confie-t-il, que « cette année, la récolte est meilleure que l’année précédente ». Avant de quitter ces vergers, cet oléiculteur veille à ce que le canon effaroucheur à gaz, un dispositif destiné à faire fuir les oiseaux dans un champ et protéger les récoltes, fonctionne bien. « Sans ce canon effaroucheur à gaz, les étourneaux, risquent de bien dévaster des oliviers », nous explique encore M. Alileche, précisant que « ce dispositif est conçu pour éloigner les oiseaux et non leur faire du mal. Sinon, c’est tout l’écosystème qui est remis en cause ». Devenue un lieu de pèlerinage par excellence tant pour les autorités locales que pour les médias, tous curieux du secret cultivé par l’huile d’olive Dahbia, les domaines Hakim Alileche ont reçu la visite wali de Djelfa, du président de la délégation de l’Union européenne à Alger et d’une forte délégation de Qataris.

R.L.

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