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Manifestations au Pérou : La présidente Dina Boluarte exclut de démissionner

Depuis le début de la crise, les heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont fait au moins 42 morts, dont un policier brûlé vif par la foule. La présidente du Pérou Dina Boluarte, dont le pays est en proie à des manifestations qui ont fait au moins 42 morts en cinq semaines, a exclu de démissionner comme l’exigent les protestataires. «Certaines voix provenant des partisans de la violence et des radicaux demandent ma démission, incitant la population au chaos, au désordre et aux destructions. À eux, je leur dis de façon responsable : je ne vais pas démissionner, mon engagement est avec le Pérou», a affirmé Dina Boluarte dans un message à la nation diffusé par la télévision d’État. Trois membres du gouvernement de Dina Boluarte ont démissionné en deux jours: le ministre du Travail Eduardo Garcia, en désaccord avec la gestion des manifestations par le gouvernement, celui de l’Intérieur Victor Rojas, et la ministre de la Femme et des Populations vulnérables Grecia Rojas. Leurs successeurs ont prêté serment vendredi. Depuis le début de la crise, les heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont fait au moins 42 morts, dont un policier brûlé vif par la foule, selon le Défenseur du peuple (ombudsman). Les protestations ont par ailleurs fait au moins 531 blessés, dont 176 policiers, et 329 personnes ont été arrêtées, selon le parquet. À Juliaca, ville du sud du pays où des affrontements ont fait 19 morts en début de semaine, les funérailles des victimes se succèdent. Les protestations ont éclaté après la destitution et l’arrestation le 7 décembre du président socialiste Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté de perpétrer un coup d’État en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir. Dina Boluarte, qui était la vice-présidente de Pedro Castillo, lui a succédé conformément à la Constitution et est issue du même parti de gauche que lui. Mais les manifestants, qui voient en elle une «traîtresse», exigent son départ ainsi que des élections immédiates. «Je ne peux cesser de réitérer mes condoléances pour les morts de Péruviens dans les actions de protestation. Je demande pardon pour cette situation», a dit Dina Boluarte dans son message à la nation. Mais elle a refusé de convoquer une assemblée constituante, comme le réclament également les manifestants. «On ne peut pas faire cela du jour au lendemain», a-t-elle plaidé. La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), qui a achevé vendredi une mission d’inspection au Pérou, a requis une enquête impartiale sur la répression des manifestations, estimant que des indices pointaient vers un «usage excessif de la force». Le parquet péruvien a pour sa part ouvert une enquête pour «génocide» contre Dina Boluarte et plusieurs autres hauts responsables. Les manifestations et blocages se sont poursuivis vendredi dans plusieurs régions du Pérou, notamment dans la capitale Lima. De nouvelles marches ont également eu lieu à Tacna, à 1220 km au sud-est de Lima, près du Chili. Dans un communiqué, les autorités chiliennes avaient indiqué jeudi avoir temporairement fermé la frontière «en raison de manifestations près du complexe frontalier péruvien de Santa Rosa».

R.I.

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