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L’Algérie diversifie ses partenariats dans le domaine de la défense : Dans la logique du non-alignement

« L’Algérie fait partie des Etats Non-alignés et est fière de son histoire, faite de gloires et de hauts-faits. Notre pays qui veille au respect de son indépendance et de ses décisions souveraines, entretient des relations économiques et militaires avec de nombreux pays amis», a indiqué à hier le chef d’Etat-major de l’ANP.

En matière de défense ou de coopération militaire, la boussole de l’Algérie n’indique pas toujours Moscou. Comme en économie, les autorités algériennes préfèrent en effet diversifier leurs partenariats militaires comme en témoigne la visite, lundi à Alger, du maréchal de l’air Martin Elliot Sampson, Haut Conseiller de la Défense Britannique pour la région MENA, à la tête d’une importante délégation militaire. Le responsable britannique s’est longuement entretenu lundi avec le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Ammar Belani, avant d’être reçu hier par le Chef d’État-major de l’Armée nationale populaire (CEM-ANP), le Général d’Armée Saïd Chanegriha. Et il ressort de ces entretiens une volonté affichée par les deux parties d’élargir les perspectives de leur coopération bilatérale dans le domaine de la défense.

Cette volonté a d’abord été exprimée par le Général d’Armée Saïd Chanegriha en personne. « (…) Nous tenons à vous faire part de notre entière disposition à mettre en œuvre les mesures pratiques afin d’atteindre la dynamique ambitionnée, sur la base d’une coopération sincère et d’une démarche clairvoyante, pérenne et pragmatique», a assuré le Chef d’Etat-major de l’ANP en s’adressant au maréchal de l’air Martin Elliot Sampson. Difficile d’être plus clair. Tout est pratiquement dit. Autrement dit, l’Armée nationale populaire ne limite pas son champ de coopération avec les British Armed Forces.

Ce constat fait, le Général d’Armée Saïd Chanegriha a estimé utile « d’inscrire cette dynamique dans le cadre d’une démarche visant à aller de l’avant en valorisant les excellentes relations qui existent entre nos deux institutions, notamment à travers la mise en œuvre de tous les moyens possibles pour l’échange d’expériences et élargir, le mieux possible, les domaines de formation». Le message de l’ANP a été entendu puisque le Haut Conseiller de la Défense Britannique pour la région MENA a mis aussi l’accent sur la disposition de son pays à « promouvoir davantage les relations militaires bilatérales dans les différents domaines ».

«Une démarche clairvoyante, pérenne et pragmatique» 

Dans le domaine de la défense, Alger et Londres ne démarrent pas de zéro. Il existe déjà un socle de coopération sur lequel les activités futures peuvent être bâties. Tous les observateurs ont d’ailleurs relevé que le responsable militaire algérien a qualifié d’«excellentes» les relations entre les deux institutions. Cela suppose donc que les contacts entre les deux armées existent et qu’ils sont non négligeables. Par contre, ce qui est sans doute vrai c’est que c’est une coopération assez discrète ou du moins très peu médiatisée, à l’inverse des partenariats militaires qu’entretient l’Algérie avec d’autres pays.  

Et à propos de partenariat, le général d’armée Saïd Chanegriha a néanmoins tenu à faire comprendre au maréchal de l’Air Martin Elliot Sampson que l’approfondissement de la coopération algéro-britannique dans le domaine militaire n’allait pas se faire au détriment des relations économiques et militaires que l’Algérie entretient avec d’autres pays dont certains ne sont pas dans le même camp que la Grande-Bretagne. En décodé, cela veut dire que l’Algérie n’est pas en train de basculer à l’Ouest. Comme elle ne se voit pas non plus dans le camp opposé. Alger tient à garder intact son indépendance. Au-delà, le pays évolue dans un environnement géopolitique qui lui dicte d’entretenir également les meilleures relations possibles avec son voisinage immédiat. Ce voisinage immédiat n’est autre que l’Europe de l’Ouest, ensemble avec lequel il est lié par des relations humaines et économiques denses. «Je tiens également à souligner, à cette occasion, que l’Algérie fait partie des Etats Non-alignés et est fière de son histoire, faite de gloires et de hauts-faits. Notre pays qui veille au respect de son indépendance et de ses décisions souveraines, entretient des relations économiques et militaires avec de nombreux pays amis», a indiqué à ce propos le chef d’Etat-major de l’ANP.

Les Britanniques veulent aller de l’avant

Si Alger et Londres ont décidé, aujourd’hui, d’ouvrir le dossier de la coopération militaire, cela veut dire que l’entente est bonne au plan politique entre les deux capitales. A vrai dire, les relations entre l’Algérie et le Royaume-Uni ont connu une constante évolution ces dernières années, comme en témoignent les nombreuses visites, cette année à Alger, d’officiels britanniques. La dernière en date est celle effectuée fin novembre 2022 par Lord Richard Risby, envoyé spécial du Premier ministre du Royaume-Uni et d’Irlande du Nord, chargé de la promotion du partenariat économique avec l’Algérie. Comme à chaque fois, les Britanniques n’ont pas manqué l’occasion pour réitérer leur volonté de consolider le partenariat algéro-britannique.

La volonté du Royaume-Uni de renforcer ses échanges avec l’Algérie avait été déjà affirmée par plusieurs responsables britanniques à lors de la réception organisée à Londres par l’ambassade d’Algérie à Londres de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Parmi ses responsables, il y avait le ministre d’Etat aux Affaires étrangères, Lord Ahmad Tariq of Wimbledon, du représentant personnel du Premier ministre Lord Richard Risby, du Marshall de la reine Elizabeth II, et de députés des différents partis. Lord Ahmad Tariq of Wimbledon, qui revenait justement d’une visite à Alger, avait plaidé en faveur d’un élargissement des domaines de coopération, citant le commerce, l’éducation, le changement climatique et le tourisme parmi les priorités. Pour le ministre d’Etat, le 60e anniversaire de l’indépendance «est une occasion heureuse pour renouveler l’engagement de consolider et d’approfondir davantage les liens bilatéraux ». 

Le représentant du Premier ministre pour le partenariat économique avec l’Algérie, Lord Richard Risby, s’était dit pour sa part satisfait de l’évolution constante des relations avec l’Algérie. Il a affirmé que « d’un point de vue commercial, il est très réjouissant de constater une poussée remarquable dans les échanges qui ont enregistré une hausse de 84,5% par rapport à l’année précédente » et de voir «la bonne tenue des compagnies britanniques engagées en Algérie, comme le Groupe Astrazeneca, en termes de création d’emplois et d’investissement». Lord Richard Risby avait dit en outre qu’il était important, « dans ces temps incertains, de compter sur des pays comme l’Algérie qui a fourni, sans aucun problème et pendant 50 ans, du GNL au Royaume-Uni », soulignant que le gouvernement britannique « applaudissait les efforts de l’Algérie pour alléger la crise énergétique mondiale ». En somme, tous les ingrédients sont réunis pour faire de la relation algéro-britannique un exemple de coopération. 

Khider Larbi

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