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Chine-Etats-Unis : L’armée américaine alerte sur le risque de guerre en 2025

Un général américain a mis en garde contre le risque élevé d’une guerre avec la Chine en 2025 – très probablement autour de Taïwan -, exhortant ses officiers à être prêts au combat dès cette année.

«J’espère me tromper. Mon instinct me dit que nous combattrons en 2025», écrit Michael Minihan, général de l’armée de l’air, dans une note interne, dont l’authenticité a été confirmée vendredi 27 janvier par le Pentagone à la presse. Le président Xi Jinping «dispose à la fois d’une équipe, d’un motif et d’une opportunité pour 2025», estime le militaire, assurant que les élections taïwanaises de 2024 donneront au dirigeant chinois une «raison» pour agir. La course pour la Maison Blanche, prévue la même année, offrira une «Amérique distraite» à la Chine, juge-t-il encore. Cette note appelle ses troupes à s’entraîner au combat en se rendant entre autres sur des stands pour tirer sur des cibles. Le général invite à «viser les têtes».En août, la Chine avait procédé à de très importants exercices militaires autour de Taïwan, une démonstration de force sans précédent, en représailles à une visite sur l’île de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre américaine des représentants. La Chine estime que l’île, peuplée de 24 millions d’habitants, est l’une de ses provinces qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Elle voit avec mécontentement le rapprochement à l’œuvre ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis, qui fournissent à l’île un soutien militaire face à Pékin depuis plusieurs décennies.

Les alliés des Etats-Unis dans la région juge également que l’affrontement entre Pékin et Washington est chaque jour plus inéluctable et qu’ils doivent s’y préparer. Le changement le plus spectaculaire se déroule au Japon. Les multiples opérations aériennes russo-chinoises menées en 2022 au-dessus de la mer du Japon ont créé un choc dans l’opinion et la classe politique du pays. Si bien que le 16 décembre 2022, le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé le doublement en cinq ans des dépenses militaires de son pays et l’achat de centaines de missiles de croisière à longue portée aux Etats-Unis. Autrement dit, bien que sa Constitution demeure pacifiste, Tokyo change radicalement de doctrine militaire, abandonnant officiellement sa posture strictement défensive pour adopter une capacité de riposte, y compris sur les sites de lancement de missiles installés en Chine. « Le monde est à un carrefour historique », a expliqué le chef du gouvernement nippon.

Washington et Tokyo ont décidé de montrer clairement qu’ils sont décidés à faire un front commun face aux ambitions expansionnistes de Pékin. « Nous sommes d’accord pour dire que la Chine pose le défi stratégique le plus important » aux deux pays, a affirmé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à l’issue d’une réunion à Washington le 12 janvier dernier avec son homologue japonais Yoshimasa Hayashi, ainsi que les chefs de la défense américain et nippon. S’exprimant lors d’une conférence de presse commune, Anthony Blinken a assuré que les États-Unis « accueillaient chaudement » la nouvelle posture de défense japonaise.De fait, Washington a annoncé deux initiatives afin de montrer son soutien au Japon, face à la Chine qui ne cache pas ses ambitions dans cette partie du monde. D’une part, les deux alliés ont convenu que leur accord de sécurité et de défense allait s’appliquer aussi, dorénavant, à l’espace. Tout incident hors de l’atmosphère terrestre pourrait ainsi conduire à l’activation de l’article 5 du traité de défense mutuelle entre le Japon et les États-Unis, a expliqué le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. Un article qui stipule qu’une attaque contre l’un est une attaque contre l’autre.

D’autre part, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a annoncé le déploiement d’ici 2025 d’une force de réaction rapide des Marines dans l’île japonaise d’Okinawa pour renforcer la défense du Japon.  Pour ne pas irriter plus que nécessaire Pékin, Washington assure que cette initiative revient à ajuter et non à augmenter la présence des troupes américaines sur l’île d’Okinawa où plus de la moitié des quelque 50.000 soldats américains présents dans l’archipel nippon sont stationnés.  « Nous allons remplacer un régiment d’artillerie par cette force qui sera plus létale et plus mobile », a détaillé Lloyd Austin. Estimant que cette force « contribuera d’une façon majeure à améliorer la défense du Japon et à promouvoir une région Indo-Pacifique libre et ouverte », l’expression communément utilisée aux États-Unis pour désigner l’Asie-Pacifique sans domination chinoise.

Khider L.

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