Cette tendance inflationniste pourrait encore durer : Les prix des devises explosent sur le marché noir
Les cambistes sont convaincus que cette la hausse des cours du devises au marché noir n’est pas due au retour des importations des voitures de moins de trois ans, encore moins à un retour à la normale dans la délivrance des visas vers certains pays, comme la France et l’Italie. Cette situation similaire à celle des mois d’octobre et de novembre 2021 a surpris les cambistes, mais pas les acheteurs, très nombreux à acheter des devises à n’importe quel prix.
La flambée des cours des devises, notamment l’euro et le dollar américain, deux monnaies prisées par les Algériens, s’est accélérée depuis une semaine à un rythme impensablesur le marché parallèle. Certes, la reprise et le renforcement des vols et des croisières par les compagnies aériennes et maritimes de et vers l’Algérie ont eu une incidence sur cette hausse, mais pas au point de cours au-dessus de la barre des 200 dinars, alors que nous sommes en basse saison. En effet, la monnaie européenne a enregistré, hier, une tendance à la hausse sur le marché noir de la devise en Algérie à l’achat comme à la vente, avec un pic inattendu. Selon des cambistes rencontrées au Square Port-Saïd d’Alger, plaque tournante du change parallèle, un euro s’échange contre 219 dinars à la vente contre un cours de 220,500 à l’achat. Si la monnaie européenne a atteint ce seuil et risque d’augmenter dans les prochains jours, le dollar, lui, a dépassé les seuils raisonnables, à en croire ces jeunes cambistes qui peinent à convaincre les acheteurs, combien même ces derniers sont très nombreux à l’acquérir à n’importe quel prix. Ainsi, le cours de change du dollar a augmenté à l’achat comme à la vente. Au Square Port-Saïd d’Alger 100 dollars s’échangent contre 20.200 dinars à l’achat et 20.050 dinars à la vente. C’est la deuxième fois que les devises ont atteint ce seuil critique, expliquent nos interlocuteurs. « Nous avons vécu cette situation en octobre et en novembre 2021 quand il y avait la reprises de vols de et vers l’Algérie. Mais, peu après, les devises se sont stabilisées à l’achat comme à la vente avec des seuils très raisonnables et les devises n’ont jamais franchi le seuil critique des 200 dinars. Mais là, nous assistons à un phénomène inexpliqué. Nous-même, nous n’avons rien compris », témoigne un jeune cambiste. Les autres monnaies ont également connu une forte hausse. On citera, entre autres, la livre sterling, dont un pound est cédé à plus de 250 dinars à l’achat et à plus de 246 dinars à la vente. Pour cette monnaie, les seuils de change diffèrent d’un cambiste à un autre à cause de la non-disponibilité en grande quantité de cette monnaie sur le marché noir. Dans le coulisses du Square Port-Saïd, on évoque des raisons liées à l’appel lancé aux détenteurs des fonds thésaurisés à les injecter dans l’économie nationale et à les déposer auprès des banques, rappelant avoir accordé de nombreuses garanties dans ce sens, mettant en avant que l’ouverture de guichets de la banque islamique en Algérie contribuera à capter l’argent de l’informel. « On ne comprends pas comment évoluent les choses, mais le change des devises a flambé d’un seul coup. Cette tendance à la hausse va s’amplifier durant quelques mois, mais le change pourrait sensiblement baisser avec un retour à la normale. Mais, pour le moment, on enregistre une forte demande des devises », expliquent les cambistes, dont certains se sont réfugiés à l’intérieur des cafétérias en cette période de grand froid. « Je ne pense pas que cette flambée soit directement liée au retour des importations des voitures de moins de trois ans puisque aucune loi n’a été promulguée. Rien n’est clair pour le moment. Car, même si c’est le cas, les acheteurs devront injecter leurs devises dans les banques pour qu’ils puissent prétendre entamer la démarche. Même la prochaine libération des visas vers les pays de l’Europe, comme la France et l’Italie, n’explique pas cette forte hausse », argue un autre cambiste. Une chose est sure, cette fièvre acheteuse de l’euro et du dollar intervient un mois après les fêtes de fin d’année, ce qui, au demeurant, n’explique guère cette tendance inflationniste des devises sur le marché parallèle. Du reste, force est de constater que les monnaies prisées par les voyageurs algériens ont enregistré des hausses significatives dans le circuit bancaire où, à titre illustratif, un euro est échangé contre 147,23 dinars, alors qu’un dollar américain est cédé contre 135,77 dinars.
Riad Lamara