Régions

Annaba : L’effet pervers des réseaux de récupération de plastique

En l’absence d’un circuit régulant la collecte du plastique destiné au recyclage, l’anarchie s’impose et le maintien d’un environnement propre devient une tâche difficile.

C’est le cas dans toutes les communes de la wilaya d’Annaba où la collecte du plastique a transformé les villes en une décharge grandeur nature. La récupération et le recyclage, ce nouveau filon en or s’exerce en dehors des normes à Annaba. Ils sont des centaines de personnes à s’être versés, ces dernières années, dans la collecte du plastique destiné au recyclage (Récupération). Or, cette récupération n’est pas sans conséquences sur la propreté des villes de la wilaya d’Annaba, notamment dans la commune du chef-lieu. Récupéré par les collecteurs  dans les bennes installées ici et là dans les différents quartiers et cités de la ville, le plastique à certes disparu du paysage. Mais, le paradoxe est que ces ramasseurs de cette matière très convoitée, portent atteinte à la propreté, puisque la pollution due à l’accumulation de déchets dans les zones urbaines est devenue un problème qui affecte surtout la ville d’Annaba. Cette situation  est à l’origine des difficultés  auxquelles font face les services de l’APC. Ces derniers ont du mal à gérer ce phénomène, qui s’est aggravé avec l’activité des récupérateurs de plastique et de déchets domestiques. Cette alternative écologique a un effet paradoxal, car elle contribue de manière exponentielle à la pollution en raison du comportement des récupérateurs de déchets. Des solutions de recyclage des déchets plastiques composés de Polyéthylène Téréphtalate (PET), de Polyéthylène Haute Densité (PEHD), de Polyéthylène Basse Densité (PEBD), de Polystyrènes (PS), de Polypropylènes (PP), de Polychlorure de Vinyle (PVC) ou d’Acrylonitrile Butadiène Styrène (ABS) sont disponibles aujourd’hui. Toutefois, en Algérie, moins de 2 % du plastique utilisé est recyclé en raison des ajouts et de la composition complexe des matériaux. Le PET, non-mélangé, présent dans les bouteilles d’eau, est cependant recyclable à l’infini. La wilaya  d’Annaba compte plus de vingt  entreprises  spécialisées dans la récupération et le recyclage des déchets domestiques, principalement des bouteilles en plastique, qui sont donc plus faciles à recycler car principalement composées de PET. Sur plus de 540 tonnes de déchets produits quotidiennement dans la wilaya, entre 50 et 60  sont récupérées quotidiennement, soit environ 10 % du total. Le plastique récupéré représente environ 2% ou 3 % de ces déchets. Ces entreprises de recyclage opèrent principalement dans les communes de Sidi Amar, d’El Bouni et d’Annaba et exportent une grande partie des déchets recyclés vers la Tunisie et les pays de l’Union Européenne. Cette approche écologique a créé de nombreux emplois et une source de revenus pour des récupérateurs autoproclamés ‘’ freelancers’’ qui parcourent les communes d’Annaba jour et nuit pour collecter les déchets en plastique. Cependant, avec du recul, la pratique de la récupération des déchets domestiques semble avoir contribué à accentuer le problème de gestion des déchets dans la wilaya. Les récupérateurs fouillent les bacs à ordures, les bennes et les décharges, et remplissent des petits camions ou des voitures de type 4×4 bâchées de bouteilles en plastique, de cartons et d’autres déchets solides. Ils les revendent ensuite auprès des entreprises de recyclage de la wilaya. Bien que cela puisse sembler écologique, l’écrasante majorité des récupérateurs vident les bennes sur les trottoirs, percent les sacs poubelles et les vident sur le sol, avant de partir à la recherche d’autres bennes, laissant derrière eux des traînées de déchets organiques. De plus, la plupart des récupérateurs ne respectent pas les rares endroits où le tri sélectif des déchets est en place, comme c’est le cas dans les quartiers de Sidi Achour dans la Plaine ouest ou près des écoles. Ceci rend le travail des employés de l’APC et de l’Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial (EPIC) ‘’Annaba Propre’’ plus difficile. En attendant que les mesures réglementaires nécessaires soient prises par les autorités locales, il est utile de noter que la collecte des déchets plastiques est de plus en plus en vogue. Un créneau émergeant du contexte économique actuel dans la région d’Annaba, où la reprise commence à faire de l’effet avec le lancement de grands chantiers, de logements par milliers. En plus de la finition du dernier tronçon de l’autoroute Est-Ouest qui va relier Annaba à El-Tarf, la création de centaines de PME et autres activités ayant trait à la production de biens et de services.

Sofia Chahine

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