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Asie : La Chine continue de muscler ses capacités militaires

La Chine a annoncé hier que son budget de la Défense, le deuxième du monde après celui des États-Unis, augmentera de 7,2% en 2023, une très légère accélération par rapport à l’an dernier. Ce taux de croissance, plus élevé qu’en 2022 (il était de +7,1%) a été annoncé dans un rapport du ministère des Finances publié en marge de l’ouverture de la session annuelle du Parlement. Pékin prévoit de dépenser 1.553,7 milliards de yuans (225 milliards de dollars) pour sa défense – ce qui reste environ trois fois inférieur au budget de Washington. L’Armée populaire de libération (APL) assure être purement «défensive». Les effectifs ont été fortement réduits durant la dernière décennie, dans le cadre d’une campagne de modernisation, de professionnalisation et d’optimisation des dépenses. L’APL compte désormais 2.035.000 hommes et femmes, d’après le centre de réflexion britannique International Institute for Strategic Studies (IISS). Ils se répartissent notamment entre les forces terrestres (965.000), aériennes (395.000) et maritimes (260.000) ou encore l’unité responsable des missiles stratégiques (120.000). Le président Xi Jinping a appelé l’armée à achever sa modernisation d’ici 2035 et à être «de classe mondiale» à l’horizon 2050. La Chine dispose d’environ 350 têtes nucléaires, selon les chiffres de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) qui datent de 2022. C’est bien moins que les États-Unis (5428) et la Russie (5977), mais davantage que le Royaume-Uni (225) ou la France (290), d’après la même source. Le ministère américain de la Défense a toutefois accusé Pékin en novembre de vouloir porter son arsenal nucléaire à 1500 têtes d’ici 2035. Contrairement aux États-Unis, la Chine s’engage à ne jamais prendre l’initiative de l’emploi de l’arme nucléaire – sauf si elle en est elle-même la cible. La Chine dispose de trois porte-avions, dont seulement deux sont pour l’heure opérationnels. Un troisième est actuellement en phase de test en mer. Néanmoins, le décollage et l’appontage des avions sur ces navires sont des opérations compliquées qui nécessitent la formation de nombreux pilotes – un processus très long. En face, les États-Unis disposent selon l’IISS de 11 porte-avions, navires symboles par excellence de l’illustration de puissance. La Chine ne compte qu’une unique base militaire à l’étranger (à Djibouti), qu’elle dit principalement destinée aux opérations anti-piraterie dans la région. Les États-Unis en ont des centaines dans le monde. La présence militaire chinoise à l’international est limitée, hormis les missions de maintien de la paix de l’ONU. Elle progresse à grands pas, renforcée notamment par de nouveaux chasseurs, comme les J-16 et surtout les J-20 furtifs, des avions dont les taux de production annuels «ont probablement doublé» au cours des trois dernières années, selon l’IISS. Le Pentagone estime dans son rapport que la Chine «rattrape rapidement les forces aériennes occidentales». La Chine est parfois présentée comme la première marine mondiale en termes de nombre de navires devant les États-Unis. Mais la flotte chinoise repose principalement sur des classes de navires plus petites et est encore loin de la puissance américaine. Depuis les années 1980, grâce à la forte hausse de son PIB au fil des ans, la Chine finance progressivement la mise à niveau de son armée. «Certaines unités comptent parmi les mieux entraînées et équipées au monde, mais d’autres accusent encore un retard de plusieurs décennies», souligne à la presse Niklas Swanström, directeur de l’Institute for Security and Development Policy, à Stockholm. Le premier ministre Li Keqiang a appelé hier à «intensifier» les entraînements de l’armée ainsi que «la préparation au combat» et «faire des innovations en matière d’orientations stratégiques». De hauts responsables américains ont récemment accusé la Chine de vouloir attaquer d’ici quelques années Taïwan, île qu’elle revendique. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les États-Unis sont de loin le pays ayant les dépenses militaires les plus élevées, avec 801 milliards de dollars en 2021, selon les derniers chiffres disponibles. Suivent dans l’ordre la Chine (293), l’Inde (76,6), le Royaume-Uni (68,4), la Russie (65,9) et la France (56,6).

K.L. et agences

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