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Stabilité des approvisionnements énergétiques : La menace du désinvestissement dans le pétrole et le gaz

Les acteurs du secteur de l’énergie avertissent contre les risques de désinvestissement dans les industries gazières et pétrolières et préconisent davantage d’investissements dans ces secteurs tout en accélérant la transition énergétique afin de garantir la stabilité de l’approvisionnement énergétique.

Contrairement à ce que préconise l’Agence internationale de l’énergie, les acteurs de l’industrie énergétique mondiale soulignent que la transition énergétique ne doit pas être associée à un retrait total des investissements dans le pétrole et le gaz, bien au contraire. C’est dans ce contexte que British Petroleum a préconisé davantage d’investissements pour garantir la stabilité des prix.  La major pétrolière britannique a déclaré que le monde devait investir dans la production de pétrole et de gaz afin d’éviter les fortes hausses de prix tout en accélérant la transition énergétique pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.

Les prix mondiaux du gaz ont été multipliés par sept l’année dernière, car 3 % des réserves Imondiales de gaz ont été touchées à la suite de la guerre en Ukraine, ce qui a contraint les pays à augmenter leurs dépenses énergétiques et à se tourner vers le charbon, a déclaré Bernard Looney, PDG de BP, à New Delhi. « Nous devons faire les deux. Nous devons investir dans le système énergétique actuel de manière responsable et, en même temps, nous devons investir dans l’accélération de la transition énergétique », a déclaré M. Looney lors de la conférence du B20. La transition énergétique doit être ordonnée pour maintenir son rythme, car les niveaux d’émission ont augmenté depuis la conférence de Paris sur le changement climatique en 2015, malgré les efforts mondiaux, a-t-il ajouté. M. Looney a déclaré que son entreprise investirait 40 % de son capital dans des projets de transition énergétique d’ici le milieu de la décennie et 50 % d’ici la fin de la décennie. « Nous investirons entre 55 et 65 milliards de dollars en tant que BP au cours de cette décennie dans les moteurs de croissance de la transition énergétique », a-t-il déclaré.

Il y a quelques jours, c’est le P-DG de la société américaine de gaz naturel Tellurian INC, Octavio Simoes, qui avertissait contre les risques de désinvestissements, notamment dans l’industrie gazière mondiale. Il a ainsi souligné que depuis 2014, il y a eu une réduction de près de moitié des investissements annuels dans le secteur du pétrole et du gaz. Il a d’ailleurs souligné que «es défis auxquels est confrontée l’industrie mondiale du gaz naturel aujourd’hui ne sont pas simplement le produit de la récente volatilité des prix – notamment en Europe et en particulier depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie – mais du sous-investissement chronique dans de nouveaux approvisionnements ». Notons que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole a maintes fois averti contre les risques de désinvestissements dans le secteur pétrolier, que ce soit dans l’amont, ou plus encore dans l’aval particulièrement dans le raffinage. Le Secrétaire général de l’Opep Hatham Al Ghais d’ailleurs dénoncé l’attitude de l’AIE qui appelle à réorienter l’ensemble des investissements énergétique vers les énergies renouvelables et la transition énergétique, la qualifiant « d’irresponsable ». Al-Ghais a également souligné que selon les estimations de l’organisation, la demande mondiale d’énergie devrait augmenter de 23 % à l’horizon 2045.Al-Ghais a déclaré que les estimations de l’Opep concernant la demande de pétrole d’ici 2045 devraient atteindre les 110 millions de barils par jour, contre une moyenne de 101 millions de barils par jour, en 2022. “Actuellement, la part du pétrole dans le mix énergétique mondial est d’environ 31 %. Elle atteindra environ 29 % d’ici 2045, avec la demande croissante sur les sources d’énergie nouvelles et renouvelables“, a-t-il ajouté. Les déclarations d’Al-Ghais indiquent que le pétrole devrait accaparer la plus grande part du mix énergétique mondial, devant le gaz naturel, le charbon, les sources d’énergie renouvelables et l’énergie nucléaire.

Sabrina Azouiez

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