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Il se rendra bientôt en Russie : Erdogan veut sauver l’accord céréalier

Ankara annonce une prochaine visite du président turc Recep Tayyip Erdogan en Russie. Une visite qui aura pour principal ordre du jour l’accord céréalier suspendu par Moscou depuis le 18 juillet dernier.

Recep Tayyip Erdogan se rendra « bientôt » à Sochi, en Russie, pour discuter avec son homologue russe Vladimir Poutine de la reprise de l’accord céréalier, a annoncé lundi le porte-parole de son parti, Omer Celik. Celui a expliqué que le président turc « a pris l’initiative (de pourparlers pour la reprise de l’accord, ndlr) (…) pour éviter que le monde soit face à une crise alimentaire. Il visitera bientôt Sochi. Nous pensons que de nouveaux développements pourraient avoir lieu après cette visiteé ». Si aucune date officielle pour cette visite n’a été annoncées par les autorités turques ou russes, l’agence de presse américaine Bloomberg a indiqué que le chef de l’Etat turc pourrait se rendre en Russie le 8 septembre prochain, avant son départ pour le sommet du G20.

La relance de l’accord céréalier lequel porte sur l’exportation des céréales ukrainiennes, mais aussi sur le blé et les engrais russes est une priorité pour Ankara qui n’a pas arrêté de déployer sa diplomatie depuis la suspension de l’accord pour le relancer et le reconduire.

Vendredi, Hakan Fidan, le nouveau ministre turc des Affaires étrangères a déclaré qu’il ne voyait « aucune autre solution » que la reconduction de l’accord céréalier. Il n’a pas non plus écarté l’idée d’un éventuel autre itinéraire auquel réfléchiraient les Etats-Unis. « Nous savons que l’on recherche d’autres itinéraires, mais nous ne voyons aucune solution alternative à l’accord d’origine en raison des risques ».

Il est vrai que la Turquie a joué un rôle central dans la médiation dans cet accord signé sous l’égide de l’ONU à l’été 2022 et reconduit par deux fois avant d’être suspendu. L’accord est d’ailleurs important pour la Turquie qui a été l’une des bénéficiaires des aux exportations de céréales ukrainiennes dans le cadre de l’accord aux côtés de plusieurs économies développées. Moscou a suspendu, au mois de juillet dernier, l’accord céréalier sans toutefois l’annuler. La Russie a justifié sa décision par plusieurs facteurs, notamment le fait qu’il ne bénéficie que de manière marginale aux pays pauvres et en développement, et qu’il permette à l’Ukraine de mener des attaques depuis la mer Noire, sous le couvert de convois céréaliers. Enfin Moscou dénonce l’application partielle des clauses relatives de l’accord, en se limitant au volet relatif aux exportations de céréales ukrainiennes alors que ceux relatifs au blé et aux engrais russes sont ignorés. Moscou a d’ailleurs exigé une pleine application des clauses de l’accord pour le relancer. Une exigence qui a d’ailleurs été réitérée, lors d’un récent entretien entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.  «Compte tenu des besoins en nourriture des pays les plus nécessiteux, des options sont en cours d’élaboration pour permettre des livraisons de céréales russes (…) Il existe une volonté de coopérer dans ce domaine avec la Turquie», a indiqué le Kremlin dans un communiqué, résumant la teneur d’une discussion entre Poutine et Erdogan.

Notons que la Russie s’est engagée à livrer gratuitement des céréales à certains pays africains, lors du Sommet Russie-Afrique, afin d’apaiser les craintes exprimées quant aux risques d’une nouvelle crise alimentaire après la suspension de l’accord céréalier.

Notons dans ce contexte, que les cours des céréales ont connu une augmentation après ce gel. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix de l’alimentation à l’international ont augmenté de de 1,3%. Cette hausse est due à une augmentation rapide des prix des huiles végétales, dont l’indice a connu une hausse de 12,1% en un mois. Une conséquence indirecte de «la décision prise par la Fédération de Russie de mettre un terme à la mise en œuvre de l’Initiative céréalière de la mer Noire», selon la FAO. La FAO ne prédit pas de risque sur la disponibilité alimentaire globale court-terme. Elle note cependant que « l’accès à la nourriture et son abordabilité sont préoccupants et l’impact négatif de l’interruption sur la résilience des systèmes agroalimentaires ne devrait pas être sous-estimé.»

Sabrina Aziouez

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