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Ghaza : Comment sortir de la dimension purement humanitaire ?

L’échec du Conseil de sécurité de l’ONU à imposer le cessez-le-feu à Ghaza est consommé. Le véto américain garantit à l’occupation israélienne une impunité totale et l’encourager à redoubler de barbarie envers les civils palestiniens. Hier, après d’âpres négociations, le Conseil de sécurité a adopté une résolution sur l’acheminement de l’aide humanitaire dans l’enclave qui risque la famine. Un accord a minima qui cantonne cependant ce qui se passe à Ghaza à la dimension humanitaire du drame qui se joue à Ghaza, mais ignore l’étendue du génocide opéré par l’occupation et les raisons profondes du conflit.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté hier une résolution qui exige l’acheminement « à grande échelle » de l’aide humanitaire à Ghaza, après avoir échoué à parvenir à un accord sur une résolution qui permette d’imposer le cessez-le-feu. La résolution, adoptée par 13 voix pour, aucune contre et deux  abstentions, « exige de toutes les parties qu’elles autorisent et facilitent l’acheminement immédiat, sûr et sans entrave d’une aide humanitaire à grande échelle » à Ghaza et demande de « prendre de toute urgence » des mesures à cet égard et pour « créer les conditions d’une cessation durable des hostilités ». Le texte exige également l’utilisation de « l’ensemble des voies d’accès et de circulation disponibles dans toute la bande de Ghaza » pour l’acheminement de carburant, de nourriture et de matériel médical dans tout le territoire. C’est un accord a minima qui est le résultat d’âpres négociations sous la menace d’un nouveau veto américain. La première mouture présenté dimanche fait référence à une « cessation urgente et durable des hostilités » a disparu de la résolution finale, tout comme la demande moins directe de  la version suivante d’une « suspension urgente des hostilités ». Un amendement russe voulant revenir à cet appel à une « suspension urgente des hostilités » a été bloqué par les Etats-Unis, recueillant 10 voix en faveur et 4 abstentions. Au final, le Conseil de sécurité a adopté un texte qui se limite à l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne qui risque la famine et éviter un nouveau véto, alors que l’organe onusien est largement critiqué pour son inaction depuis le début de l’agression sioniste en cours contre la Palestine.

Notons que l’organisation humanitaire internationale Oxfam a indiqué que 90% de la population de Ghaza, soit environ 2,3 millions de personnes, est confrontée à une faim extrême, soulignant que le risque de famine augmente de jour en jour. « La quasi-totalité de la population de Ghaza, soit environ 2,3 millions de personnes, est confrontée à une faim extrême et le risque de famine augmente de jour en jour à moins qu’un cessez-le-feu ne soit conclu », a  fait savoir Oxfam.Le communiqué indique que presque toutes les familles de Ghaza manquent des repas tous les jours et remet en question l’évaluation de la phase de classification intégrée de la sécurité alimentaire du Programme alimentaire mondial selon laquelle un quart de la population gazaouie est confrontée à une famine catastrophique. La directrice générale adjointe d’Oxfam, Aleema Shivji, a signalé que des gens meurent de faim à Ghaza alors que le Royaume-Uni s’est abstenu de voter en faveur d’un cessez-le-feu au Conseil de sécurité des Nations Unies. »Ceux qui refusent aujourd’hui de freiner la machine militaire (sioniste) (…) à Ghaza ressentent de la honte et de la complicité. Ce scandale est sous vos yeux », s’est-elle indigné.

Le massacre continue

Sur le terrain, la machine de guerre génocidaire de l’occupant sioniste continue de réduire les vies de centaines de Palestiniens à néant. Le ministère palestinien de la Santé à Ghaza a

annoncé hier que « le bilan de l’agression sioniste s’est élevé à 20.057 martyrs et 53.320 blessés depuis le début de la guerre dévastatrice menée par l’entité sioniste dans la bande de Ghaza ». « Au cours des dernières 48 heures, 390 Palestiniens ont été tués et 734 autres blessés lors des bombardements de l’armée sioniste sur diverses zones de la bande ». Par ailleurs 98 journalistes ont été tués à Ghaza depuis le début de l’agression, ce qui est inédit dans l’histoire moderne. Hier, 16 Palestiniens avaient été tués et une cinquantaine d’autres blessé dans une frappe aérienne visant une maison de famille à Jabalia. Toujours à Jabalia, les forces d’occupation ont arrêté huit membres du Croissant rouge palestinien et les ont emmenés vers un lieu inconnu, a indiqué la Société du Croissant-Rouge dans un communiqué. L’occupation sioniste a également détruit les ambulances du Croissant-Rouge et une partie de son quartier général dans la ville de Jabalia, au nord du pays, à environ 4 kilomètres au nord de Ghaza. Le communiqué ajoute que l’armée israélienne a agressé 47 hommes qui se trouvaient à l’intérieur de son bâtiment avant de les déshabiller et de les arrêter. « Le Croissant-Rouge a également déclaré que l’armée israélienne avait ordonné aux personnes vivant à proximité de son centre d’ambulances de s’y rendre, puis les avait arrêtées. Les femmes présentes étaient maintenues seules à l’intérieur du bâtiment », poursuit la même source. Et d’affirmer que l’armée d’occupation avait détruit le système de communication par talkie-walkie du centre, coupant ainsi tout contact et empêchant sa capacité à recevoir des appels du public.

Les violences sionistes ne se limitent à la Bande de Ghaza, mais s’intensifient aussi dans les territoires occupés. Ainsi, les Palestiniens ont été empêchés par la police sioniste d’atteindre la mosquée Al-Aqsa pour accomplir la prière du vendredi. »Les Palestiniens ont été agressés et empêchés par la police (sioniste) de prier à Al-aqsa, et celle-ci a tiré des bombes assourdissantes et des gaz lacrymogènes sur des Palestiniens à El Qods-Est, après les avoir empêchés d’atteindre la mosquée Al-Aqsa pour accomplir la prière du vendredi », selon les médias locaux.La Société du Croissant-Rouge palestinien a indiqué dans un communiqué que le éléments de ses équipes « ont subi des blessures résultant de passages à tabac infligés par la police sioniste à El-Qods, et ont été transférées à l’hôpital pour recevoir des soins ». D’importantes forces de police ont été déployées aux portes de la Vieille Ville et ont érigé des barrières pour empêcher le passage des fidèles.Des forces importantes ont également été déployées dans les ruelles de la Vieille Ville et aux portes extérieures de la mosquée Al-Aqsa.Un responsable du Département des Waqfs islamiques d’El Qods a déclaré que « seules 12 000 personnes ont pu accomplir la prière du vendredi dans la mosquée, contre plus de 50.000 avant l’imposition des restrictions ». Par ailleurs, 46 journalistes et 260 enfants palestiniens ont été arrêtés par les forces d’occupation dans des villes et villages de Cisjordanie occupée, depuis le 7 octobre, selon des associations palestiniennes.

L’Autorité des affaires des prisonniers et le Club des prisonniers palestiniens ont indiqué dans un communiqué conjoint que « le nombre total de Palestiniens arrêtés en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre, a atteint plus de 4 655, le plus élevé dans le gouvernorat d’El Khalil, qui s’élève à plus de 1 000 ». « Le nombre total d’arrestations de femmes a atteint environ 160, tandis que le nombre d’enfants arrêtés a atteint plus de 260 », ajoute le communiqué ajoute. Concernant le nombre total de journalistes détenus, le même source précise que leur nombre « a atteint 46 journalistes, dont 32 sont toujours en détention ».

La CPI doit intervenir

Dans ce contexte, le ministère palestinien des Affaires étrangères et des Expatriés a appelé, jeudi, la Cour pénale internationale (CPI) et les tribunaux nationaux compétents dans les pays du monde à intervenir en urgence, afin non seulement de contraindre l’entité sioniste à mettre fin à ses crimes contre les Palestiniens, mais aussi de demander des comptes à leurs auteurs. La diplomatie palestinienne a indiqué que le gouvernement d’occupation sioniste, tout comme son appareil judicaire, doivent rendre des comptes quant aux crimes génocidaires en cours depuis le 7 octobre à Ghaza et en Cisjordanie.   « Les génocides dans la bande de Ghaza, les bombardements de maisons en présence de leurs habitants, dont la plupart sont des femmes et des enfants qui sont en outre privés de nourriture, et les exécutions odieuses de civils en Cisjordanie occupée, y compris à El Qods-Est, constituent une preuve solide de la nature du traitement officiel du gouvernement (d’occupation sioniste envers les Palestiniens), basée sur l’esprit de vengeance et du colonialisme raciste », a écrit le ministère. Ce dernier a déploré, à ce propos, « le silence assourdissant de la communauté internationale face aux exactions de l’occupation » sioniste.

Lyes Saïdi

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