Soudan : Le Conseil de sécurité appelle à un cessez-le-feu pendant le Ramadhan
Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé vendredi à un cessez-le-feu « immédiat » au Soudan pendant le Ramadhan qui commence la semaine prochaine, alors que la famine menace des millions de personnes dans le pays.
La résolution adoptée par 14 voix pour et une abstention « appelle à une cessation immédiate des hostilités avant le mois du Ramadhan » et demande « à toutes les parties au conflit de chercher une résolution durable par le dialogue ». Elle demande également aux belligérants de permettre « un accès humanitaire total, rapide, sûr, et sans entrave, y compris via les frontières et à travers les lignes de front » et d’assurer la protection des civils.
Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a salué, au nom des membres du groupe A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyane), la décision, y voyant « une étape importante qui ouvrira la voie à un Soudan pacifique et stable ». « L’A3+ exprime sa gratitude au Royaume-Uni pour les efforts constants déployés malgré les contraintes de temps présentes au cours du processus de négociation. Nous pensons que cette résolution contribuera sans aucun doute de manière significative au bien-être de la population soudanaise », a souligné M. Bendjama au nom du groupe A3+, dans une Déclaration commune sur la situation au Soudan. « Aujourd’hui marque une étape importante qui ouvrira la voie à un Soudan pacifique et stable, grâce à l’adoption par le Conseil de sécurité de cette même résolution appelant à un cessez-le-feu pendant le mois sacré du Ramadhan », a-t-il poursuivi. Et de préciser dans ce même contexte: « Cette action décisive reflète un engagement collectif à promouvoir la paix et la stabilité dans le pays pendant cette période sacrée ». « Nous espérons donc que les acteurs soudanais saisiront cette occasion pour déposer les armes et créer une atmosphère propice au dialogue, à un meilleur accès humanitaire et à une cessation des hostilités, afin d’avancer collectivement sur une voie propice à un avenir pacifique », a enchaîné M. Bendjama. Par ailleurs, a-t-il ajouté, l’A3+ « salue la décision louable prise par les autorités soudanaises de faciliter l’accès humanitaire à travers les différents postes frontaliers. En les ouvrant, le gouvernement soudanais fournit une bouée de sauvetage visant à atteindre les zones touchées où une aide est urgente ». « A ce stade, donner la priorité à la coordination des efforts régionaux et internationaux ainsi qu’à l’harmonisation des différentes initiatives devient crucial », a tenu à souligner le diplomate algérien. M. Bendjama a expliqué, dans ce sens, que l’objectif « est de rapprocher les différents acteurs internes pour un dialogue inclusif afin de trouver des solutions soudanaises aux problèmes soudanais, sans aucune ingérence étrangère, et à même d’ouvrir la voie à une paix viable ». « Nous tenons à réitérer notre soutien indéfectible au secrétaire général des Nations unies et à son Envoyé personnel, à l’Union africaine et à l’IGAD, pour leurs efforts de médiation et leurs bons offices ainsi que leur volonté de favoriser le dialogue, la réconciliation et les solutions durables pour le bien-être du peuple soudanais », a-t-il dit encore. « L’A3+ réaffirme son engagement à travailler de manière constructive et inlassable avec les membres du Conseil de sécurité pour un avenir pacifique et prospère au Soudan », a conclu M. Bendjama. Jeudi, lors d’une réunion du Conseil, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait lui aussi lancé un appel solennel à « toutes les parties en présence au Soudan à faire honneur aux valeurs portées par le Ramadhan en cessant les hostilités pour toute sa durée ». « Cette cessation des hostilités doit conduire à faire définitivement taire les armes dans l’ensemble du pays et permettre au peuple soudanais de s’engager résolument sur la voie d’une paix durable », avait-il ajouté, alertant sur la crise humanitaire d’une « ampleur démesurée ».
De son côté, Moussa Faki, président de la Commission de l’UA, a déclaré dans un communiqué que le cessez-le-feu au Soudan pourrait contribuer à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à la population civile qui en a cruellement besoin, appelant les parties soudanaises à « adhérer au cessez-le-feu pendant tout le mois de Ramadhan ». Il a en outre exhorté toutes les parties au Soudan à « assumer leurs responsabilités pour prévenir la menace de famine et d’autres catastrophes humanitaires affectant le peuple soudanais et les pays voisins ». Les combats, qui font rage depuis le 15 avril 2023 entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) ont fait des milliers de morts et quelque 8 millions de déplacés, soit la plus importante crise de déplacement de populations au monde.
Chokri Hafed