Une économie algérienne solide
Le Fonds monétaire international a souligné hier dans son évaluation des performances de l’économie algérienne, la solidité des indicateurs économiques en 2023, malgré les défis imposés par les effets de la guerre en Ukraine. Le FMI a également mis en avant des perspectives positives pour cette année et l’année prochaine, saluant dans ce sens les réformes économiques et budgétaires menées. Le FMI estime cependant que la maîtrise de l’inflation reste un défi à moyen terme.
Malgré les défis imposés par la pandémie, puis la guerre en Ukraine, les indicateurs de l’économie algérienne restent solides, de même que les perspectives à moyen terme. C’est ce que souligne le FMI dans ses conclusions au terme des consultations au titre de l’Article IV de ses statuts. En effet, le Conseil d’administration du Fonds qui a validé le rapport de la délégation qui a effectué une visite en Algérie au titre de ces consultations a souligné que l’économie algérienne a enregistré de bonnes performances malgré les défis internationaux. « L’économie algérienne émergeait encore de la pandémie de Covid lorsque les retombées de la guerre en Ukraine et les sécheresses récurrentes ont fait augmenter l’inflation, tandis que les prix internationaux élevés des hydrocarbures ont stimulé les recettes gouvernementales et les exportations », écrit le FMI.
L’institution de Bretton Woods a souligné qu’en 2023 la croissance de 4,2 % de l’économie algérienne représente « une performance robuste » due à un rebond de la production d’hydrocarbures et à de solides performances dans les secteurs de l’industrie, de la construction et des services. Le FMI prévoit une croissance du PIB à 3,8 % en 2024 et de 3,1% en 2025. Selon les estimations du Fonds, le secteur des hydrocarbures a enregistré une croissance de 4,5% en 2023, alors que le secteur devrait maintenir cette tendance avec une croissance de 2,7 % en 2024. Le secteur hors hydrocarbures
a, de son côté, enregistré une croissance de 4,1% en 2023 et devrait tirer cette année la croissance du PIB avec une évolution 4,0 % en 2024. De plus, le Fonds souligne la solidité du commerce extérieur algérien, avec un excédent de la balance commerciale « pour la deuxième année consécutive ». « Les perspectives à court terme sont globalement positives pour l’économie algérienne », selon le FMI estimant que « la croissance réelle devrait rester forte en 2024, soutenue en partie par d’importantes dépenses budgétaires ».
Seule ombre au tableau, l’inflation qui demeure un défi pour l’Algérie, d’ailleurs comme beaucoup de pays dans le monde, même si cette dernière devrait ralentir, notamment grâce à la baisse des prix des produits alimentaires frais. Le FMI estime que l’inflation devrait entamer sa courbe descendante à partir de 2024 en baissant à 7,6 % avant de se replier par la suite progressivement jusqu’à 5,5 % en 2027. Pour les perspectives économiques à moyen terme, le FMI indique qu’elles sont liées aux efforts de diversification de l’économie et de la capacité à attirer les investissements privés, ajoutant que « des réformes structurelles soutenues, audacieuses et profondes et des efforts résolus pour diversifier l’économie, améliorer le climat des affaires, attirer les investissements et exploiter de nouveaux marchés d’exportation devront stimuler davantage la croissance et la création d’emplois ».
Des réformes saluées
Dans ce contexte, le FMI a salué « l’engagement des autorités algériennes en faveur des réformes, notamment des efforts visant à stimuler l’investissement, à améliorer la transparence budgétaire et à faire face aux risques liés à la corruption ». Le FMI souligne dans ce cadre l’importance de « poursuivre les réformes structurelles pour améliorer l’environnement des affaires, soutenir la participation des jeunes et des femmes au marché du travail et promouvoir une croissance diversifiée, verte et tirée par le secteur privé ». L’institution de Bretton Woods a salué également l’engagement des autorités du pays en faveur de la viabilité budgétaire à moyen terme, tout en notant l’importance du maintien de l’équité sociale. Le Fonds a mis en avant aussi le renforcement dynamique de la politique monétaire en se félicitant de l’adoption de la loi monétaire et bancaire visant à moderniser les marchés financiers et à améliorer la gouvernance des banques. Il salue aussi « la résilience » du système bancaire, tout en encourageant les autorités à renforcer la surveillance bancaire, à contrôler les prêts improductifs et à renforcer la gouvernance des banques et entreprises publiques.
Samir Benisid