Patrimoine: Vers le classement de l’hôtel de ville d’Annaba ?
Remontant à l’époque coloniale, l’hôtel de ville d’Annaba, bijou architectural par excellence, mérite d’être classée au patrimoine national.
Une proposition a été faite dans ce sens, afin de donner à ce prestigieux édifice, la place qui lui convient, au sein du patrimoine national. Une demande a été formulée et proposée à la commission de wilaya des biens culturels pour son classement au patrimoine national, nous confie une source relevant de la direction de la culture et des Arts de la wilaya d’Annaba. La demande est motivée par la dégradation avancée de la bâtisse, dont l’enceinte présente un art architectural et historique indéniable. La proposition du classement du siège de l’hôtel de ville du chef -lieu de la wilaya d’Annaba, a pour objectif la préservation de ce chef-d’œuvre architectural et sa valorisation et de permettre à la direction de la culture de la wilaya d’Annaba de disposer du cadre juridique susceptible de lui procurer la qualité adéquate pour le valoriser, a-t-on expliqué. Selon la même source, un plan d’urgence a été proposé, pour sa mise valeur et sa réhabilitation dans une première phase, notamment la partie externe au niveau du toit qui était initialement couvert d’ardoise naturelle de forme rectangulaire, avant d’être ravagé par un incendie criminel, commis par l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS) en 1962. Depuis, ce bien culturel subit de plein fouet, les affres du temps, et surtout l’indifférence de l’APC. Ces locataires de l’emblématique hôtel de ville de l’ex Bône, n’ont jamais manifesté la moindre volonté pour le reconstruire. Et dire que des pourparlers avaient été engagées dans ce sens, il y a quelques années, et un budget avait été retenu pour la reconstruction de ce toit, dont les photos devaient servir de références. Malheureusement depuis, jamais aucune initiative n’a été entreprise, et la détérioration de l’édifice s’est accélérée et ce, en l’absence de réhabilitation et surtout d’entretien. Aujourd’hui, la bâtisse manifeste des signes d’effritement en raison des fissures visibles à l’œil nu. Et pourtant, conformément à la loi n° 98-04 relative à l’entretien et la réhabilitation des biens culturels et historiques, l’hôtel de ville d’Annaba est bel et bien concerné. Car, convient-il de souligner, ladite loi a pour objet de définir le patrimoine culturel de la Nation, d’édicter les règles générales de sa protection, sa sauvegarde et sa mise en valeur, et de fixer les conditions de leur mise en œuvre. On rappelle que l’édifice est l’œuvre de l’architecte français Denis Marius Toudoire, qui l’avait conçu à l’époque en forme architecturale éclectique, un style qui annonce le début d’une nouvelle ère de construction moderne et diversifiée et qui a fait du bâtiment une œuvre architecturale présentant tous les sens historiques de la région et surtout de l’époque. Il a été recommandé d’engager une réflexion élargie quant à une intervention rapide et urgente pour préserver et sauvegarder ce bâtiment. Aussi, les colonnes formant les arcades de la devanture de l’hôtel de ville, des piliers en pierre volcaniques, ont perdu leur couleur d’origine (grise), en raison d’une opération de sablage, en guise d’un semblant entretien engagé en 2001. À cela s’ajoute l’affichage sauvage notamment en période d’élections. Cela appauvrit l’esthétique de l’édifice. En conclusion, la proposition du classement de l’hôtel de ville d’Annaba est salutaire et devra permettre la sauvegarde de cet édifice historique et emblématique. Car, il faut noter que la wilaya d’Annaba dispose de plusieurs sites historiques qui méritent d’être classés patrimoine culturel. On cite dans ce contexte, « Dar El Bacha », situé dans la vieille-ville, juste en face de la mosquée « Abou Marouane Echarif », ou encore « Dar El Kadhi », située également à la ville-ville. Cette maison qui remonte à l’époque Ottomane a été transformée pendant quelque temps, par l’APC d’Annaba, en service des cartes grises. C’est pour dire que les édifices historiques ne manquent pas à Annaba. Mais par manque d’attention et de volonté, ils sont soumis à l’oubli, et avec eux, toute l’histoire de l’antique Hippone.
Sofia Chahine