Théâtre régional d’Oran : Hommage au théâtre de Alloula
Le Théâtre Régional Abdelkader-Alloula d’Oran s’apprête à illuminer les soirées du mois sacré par un programme culturel riche et diversifié, tout en rendant un hommage poignant à son illustre parrain. Ce programme ambitieux, qui débutera le 7 mars, « mettra en avant la diversité artistique locale et nationale avec la participation de figures célèbres », comme l’a souligné Mourad Senoussi, directeur du théâtre, dans une déclaration à l’APS. Point d’orgue de cette programmation, une soirée culturelle commémorative se tiendra à l’occasion du 31e anniversaire du décès d’Abdelkader Alloula, figure emblématique du théâtre algérien, lâchement assassiné par les terroristes le 10 mars 1994. Cette soirée intitulée « Le Théâtre d’Alloula et la recherche scientifique » réunira universitaires et chercheurs en art théâtral pour explorer l’héritage intellectuel et artistique de ce visionnaire de la scène algérienne.
Trente et un ans après sa disparition tragique, l’esprit d’Abdelkader Alloula continue d’inspirer la création théâtrale algérienne. Son approche novatrice, puisant dans les traditions orales pour créer un théâtre authentiquement algérien mais résolument moderne, demeure une référence incontournable. La programmation du théâtre qui porte son nom témoigne de cette volonté de perpétuer sa vision : un art dramatique ancré dans la réalité sociale, servant de miroir à la société tout en explorant de nouvelles formes d’expression.
La programmation théâtrale, pilier de ces festivités ramadanesques, propose ainsi huit soirées incluant trois créations inédites : « Hadjrat sbar » (La pierre de la patience) produite par le Théâtre Régional d’Oran lui-même, « El Arbaa La » (Les Quatre Non) mise en scène par Mohamed Addar, et « Baghi nechie » (Je veux être célèbre) de Mohamed Mihoubi. Le public pourra également apprécier une improvisation théâtrale par la troupe « Drol-Madar » ainsi que la pièce « Houria et les yeux verts » de l’artiste Zahra Hamiti, enrichissant ainsi le panorama dramatique proposé. Particulièrement attendue, la pièce « Ma qabl Ennour » (Avant la Lumière) de la troupe du Nouveau Théâtre d’Oran, réalisée et écrite par le jeune dramaturge Benhamou Zino, promet d’émouvoir les spectateurs en ravivant une page douloureuse de l’histoire de la ville. Cette œuvre courageuse « met en lumière la brutalité de l’attentat terroriste perpétré par l’Organisation de l’armée secrète (OAS) à la place ‘Tahtaha’ dans le cœur du quartier ‘Mdina Jdida’ d’Oran, le 28 février 1962 », rappelant ainsi les heures sombres qui ont précédé l’indépendance. Le volet musical n’est pas en reste dans cette programmation éclectique, avec des soirées promises à enchanter les mélomanes grâce à la participation d’artistes de renom tels que Houari Benchenat, Brahim Hadj Kacem, Abdelkader Chaou et Leïla Borsali, offrant ainsi un panorama varié des expressions musicales algériennes.
Par ailleurs, seize soirées théâtrales et musicales animeront la scène culturelle oranaise durant le Ramadhan, offrant aux amateurs d’art un répit spirituel et intellectuel après la rupture du jeûne. L’établissement culturel, soucieux d’adopter les nouvelles technologies au service de l’art, a lancé depuis le 27 février dernier un système de réservation électronique, facilitant ainsi l’accès du public aux différents spectacles. Une initiative qui témoigne de la volonté du théâtre de s’inscrire dans une dynamique de modernisation tout en préservant l’essence de l’art dramatique. Initiative particulièrement novatrice, une plateforme numérique contenant l’archivage complet des œuvres du metteur en scène sera lancée lors de cet événement. Cet outil précieux, destiné à « soutenir les chercheurs, étudiants et professionnels du théâtre en Algérie », constitue un hommage vivant à celui qui a révolutionné l’art dramatique algérien par son approche singulière et son engagement indéfectible. Par cette riche programmation ramadanesque et l’initiative de numérisation de ses œuvres, le Théâtre Régional d’Oran offre plus qu’un simple divertissement ; il célèbre la mémoire d’un artiste visionnaire dont l’héritage continue de féconder le paysage culturel algérien.
M.S.