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Les journalistes systématiquement ciblés à Ghaza et en Cisjordanie: L’entité sioniste veut réduire les voix palestiniennes au silence

Au cœur du conflit qui ensanglante Ghaza depuis plus de 18 mois, une guerre parallèle se livre contre ceux dont la mission est de documenter la vérité.

Plus de 212 journalistes palestiniens sont tombés en martyrs depuis octobre 2023, victimes délibérées d’une stratégie sioniste visant à faire taire la voix de la Palestine. Hier, cette répression s’est encore manifestée à l’entrée du camp de Jénine, où les forces d’occupation sionistes ont directement pris pour cible des professionnels des médias, dont Raya Arouk, reporter d’Al-Alam, et le photographe Mohamed Abd Al-Khaleq, en leur tirant des bombes à gaz lacrymogène. Ces journalistes tentaient simplement de documenter les démolitions de maisons palestiniennes, mais se sont vus refuser l’accès au camp, illustrant la volonté systématique d’opérer à l’abri des regards. Le Conseil national palestinien (CNP) a dénoncé cette stratégie comme « une tentative délibérée de faire taire la voix de la Palestine », soulignant que les journalistes palestiniens exercent aujourd’hui leur métier dans « les conditions les plus dangereuses au monde ». Devenus cibles directes des frappes aériennes et des bombardements, ils subissent des violations flagrantes de toutes les lois humanitaires internationales. Plus alarmant encore, ces crimes sont perpétrés dans un « silence international troublant », comme le déplore le CNP, qui appelle la communauté internationale à agir immédiatement pour traduire les responsables en justice.

La méthode est claire : détruire les bureaux de presse, saisir les équipements, couper délibérément les communications pour isoler l’enclave palestinienne du reste du monde. En s’attaquant aux médias, l’occupation cherche à contrôler le récit d’une tragédie humaine dont l’ampleur ne cesse de s’aggraver. Car pendant ce temps, la situation humanitaire atteint des niveaux catastrophiques. Rien que ces dernières 24 heures, au moins 56 Palestiniens, incluant des femmes et des enfants, sont tombés en martyrs dans des frappes aériennes sionistes sur la bande de Ghaza. À Khan Younes, des drones ont ciblé un groupe d’agriculteurs, faisant au moins deux martyrs dans le village d’Abasan. Dans le quartier d’al-Zeitoun, au sud-est de la ville de Ghaza, deux autres Palestiniens sont tombés sous les tirs de drones ciblant un rassemblement de civils. À Nuseirat, neuf Palestiniens ont péri dans le bombardement d’une maison près du cimetière d’Al-Sawarha.

La reprise des hostilités le 18 mars dernier, après une interruption de plus de deux mois consécutive à un accord de cessez-le-feu, a entraîné 1.783 martyrs et 4.683 blessés supplémentaires, portant le bilan total de cette agression qualifiée de « génocidaire » par Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés, à 51.201 martyrs et 116.869 blessés depuis le 7 octobre 2023.

L’ONU dénonce une attaque génocidaire

Mme Albanese a déclaré samedi soir à la radio publique espagnole RNE que « le droit international interdit ce que fait (l’entité sioniste) dans la bande de Ghaza », ajoutant sans ambiguïté : « ce n’est pas une guerre, mais une attaque génocidaire ». Elle a mis en lumière la réalité désastreuse vécue par 90% des Palestiniens de Ghaza qui « souffrent d’insécurité hydrique et manquent d’accès à la nourriture ou aux médicaments, en plus des bombardements incessants et des civils soumis à des abus physiques et psychologiques ». Plus grave encore, elle accuse l’occupant de « chercher à vider les terres palestiniennes de leurs habitants », qualifiant cette politique de « nettoyage ethnique ». Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) alerte sur cette crise humanitaire sans précédent, estimant qu’environ deux millions de personnes, majoritairement déplacées, vivent actuellement sans aucune source de revenus et dépendent entièrement de l’aide humanitaire pour leurs besoins alimentaires de base. L’organisation parle d’un « danger croissant » menaçant des centaines de milliers d’habitants de Ghaza, compte tenu de la forte diminution des réserves alimentaires, situation aggravée par la fermeture persistante des points de passage qui bloque complètement l’acheminement des denrées. L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) confirme que la situation humanitaire se détériore rapidement sous l’effet conjugué des bombardements et du blocus imposé par l’occupation sur l’entrée de l’aide humanitaire et des fournitures commerciales. L’organisation gère actuellement 115 abris à travers la bande de Ghaza, où vivent 90.000 personnes déplacées, et estime qu’environ 420.000 personnes ont été à nouveau déplacées depuis l’échec du dernier cessez-le-feu. L’UNRWA précise également que le blocus actuel « est aujourd’hui plus sévère que la première période après le 7 octobre 2023 ». Les enfants paient un tribut particulièrement lourd dans ce conflit. L’UNRWA rapporte qu’environ 660.000 enfants à travers la bande de Ghaza ne sont pas scolarisés en raison de l’agression en cours. « Le cessez-le-feu du début de l’année a donné aux enfants de Ghaza une chance de survivre et de redevenir des enfants, mais la reprise de la guerre les prive une fois de plus de leur enfance », déplore l’organisation onusienne. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) décrit de son côté une situation « extrêmement difficile » dans les hôpitaux pour enfants et nouveau-nés de Ghaza, qui « manquent cruellement d’équipements médicaux ». L’Unicef est catégorique : « La survie des enfants de Ghaza dépend de la réimposition d’un cessez-le-feu et de l’entrée de l’aide dans la bande de Ghaza. » Face à cette catastrophe humanitaire qui s’aggrave de jour en jour, la censure médiatique apparaît comme un élément stratégique permettant à l’occupation de poursuivre ses opérations à l’abri du regard international. En ciblant systématiquement les journalistes, en détruisant les infrastructures de communication et en empêchant l’accès aux zones touchées, l’occupation cherche non seulement à contrôler l’information, mais aussi à effacer les preuves de violations potentielles du droit international humanitaire. La communauté internationale, malgré les rapports alarmants des organisations onusiennes et les témoignages des travailleurs humanitaires sur le terrain, semble incapable ou réticente à exercer une pression suffisante pour faire respecter le droit international et protéger les civils palestiniens.

Lyes Saïdi

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