Sahara occidental : Le Maroc manque de volonté politique pour résoudre le conflit
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères et des Affaires africaines, Mohamed Yeslem Beissat, a dénoncé mardi l’attitude du Maroc qui manque de « volonté politique sincère dans la recherche sérieuse d’une solution réelle à la question du Sahara occidental ».
Lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’ambassade sahraouie à Alger, devant les médias nationaux et algériens, pour faire le point sur les derniers développements de la question sahraouie, le chef de la diplomatie sahraouie a dressé un réquisitoire sévère contre la politique marocaine. « Le comportement du gouvernement marocain contredit ses déclarations de manière flagrante : d’un côté il prétend chercher une solution, de l’autre il escalade la guerre, multiplie la répression, intensifie le pillage des richesses et investit dans la diabolisation du peuple sahraoui et de son représentant légal et unique, le Front Polisario », a-t-il déclaré. Cette critique intervient alors que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) maintient sa disposition au dialogue. « La partie sahraouie est prête à s’engager positivement avec les efforts des Nations unies ou toute initiative de bonne foi qui respecte la nature juridique du conflit », a précisé Mohamed Yeslem Beissat, tout en réaffirmant que son gouvernement « continuera sa lutte légitime par tous les moyens pour défendre sa souveraineté nationale et les droits internationalement reconnus du peuple sahraoui ».
Le ministre a également dénoncé une stratégie délibérée de temporisation de la part du Maroc. « Ce comportement révèle les véritables intentions du gouvernement marocain dans le choix d’une stratégie de stagnation et la recherche de temps pour légitimer son occupation illégale que condamnent les coutumes et les lois et que rejettent toutes les cours régionales et internationales », a-t-il affirmé. Il a souligné que la voie vers une résolution pacifique reste claire : « Si le Maroc veut vraiment une solution, le chemin le plus court est d’appliquer ses engagements et promesses signées et documentées qui sont incluses dans les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, de la Cour internationale de justice, de la Cour africaine de justice et de la Cour de justice de l’Union européenne ».
Ces déclarations font écho aux conclusions du 6e Forum diplomatique de solidarité avec le peuple sahraoui qui s’est tenu lundi à Alger, réunissant les ambassadeurs de 21 pays au siège de l’ambassade d’Afrique du Sud. Les participants ont réaffirmé dans leur déclaration finale que « le référendum est la seule solution qui garantit le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, conformément aux principes et à la Charte des Nations unies ».
L’ambassadeur sud-africain en Algérie, Ndumiso Ntshinga, a annoncé qu’« un comité de coordination se réunira très bientôt pour examiner toutes les questions abordées lors du Forum afin de les traduire en actions concrètes ». Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large visant à maintenir la pression internationale sur cette question qui perdure depuis un demi-siècle. Les diplomates présents ont lancé un appel « urgent » et « pressant » au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et à son envoyé spécial pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, pour « relancer, dès que possible, le processus de paix en faveur du droit imprescriptible du peuple sahraoui à l’autodétermination ». Ils ont également exhorté l’Union africaine à « assumer ses responsabilités en tant que partenaire des Nations unies dans les efforts visant à faciliter une solution définitive du dernier vestige colonial en Afrique ».
La question des violations des droits humains dans les territoires occupés a également été soulevée avec force. Les participants ont condamné « les pratiques répressives et les violations systématiques des droits de l’homme contre les civils sahraouis sans défense dans les territoires occupés », appelant à « accélérer la libération de tous les prisonniers civils sahraouis détenus dans les prisons marocaines » et à « lever le blocus et le siège imposé par le Maroc, ainsi que l’arrêt immédiat du pillage systématique et effréné des ressources naturelles du Sahara occidental ».
Les diplomates ont salué les récentes décisions juridiques favorables à la cause sahraouie, notamment celles de la Cour de justice de l’Union européenne et « la décision historique de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples qui affirment, sans ambages, la souveraineté permanente du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles ».
L’ambassadeur de la RASD en Algérie, Khatri Addouh, a réitéré la position de principe de son gouvernement : « Le référendum d’autodétermination demeure la seule solution pour mettre un terme au conflit au Sahara occidental », précisant que « toute proposition qui ne respecterait pas les résolutions onusiennes en la matière est inacceptable ».
Cette mobilisation diplomatique intervient dans un contexte où l’Espagne, puissance administrante historique du territoire, fait l’objet de pressions croissantes pour assumer ses responsabilités. Les participants au Forum ont rappelé à Madrid qu’elle « ne peut, indéfiniment, se dérober à ses obligations internationales » et l’ont exhortée à « assumer pleinement ses responsabilités historiques, juridiques, politiques et morales envers la décolonisation du Sahara occidental ».
Face à cette mobilisation internationale croissante et aux critiques répétées de sa politique, le Maroc se trouve de plus en plus isolé sur la scène diplomatique africaine et internationale concernant la question du Sahara occidental.
L. Saïdi