Front Polisario : 50 ans de lutte pour l’indépendance et la décolonisation du Sahara occidental
Le Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui reconnu par l’ONU, célèbre mercredi le 50e anniversaire de sa création sur fond de lutte acharnée pour arracher l’indépendance du Sahara occidental et recouvrer la souveraineté nationale sur tous les territoires occupés. Il y a 50 ans, plus exactement le 10 mai 1973, naissait le Front Polisario (acronyme abrégé de l’espagnol Front populaire de libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro). Le mouvement s’était constitué par la rencontre de deux groupes de militants nationalistes. Il s’agit d’étudiants sahraouis à Rabat, dont Mohamed El Ouali Ould As-Sayed et des nationalistes sahraouis réfugiés à Zouerate, en Mauritanie, après l’Intifada pacifique et historique de Zemla sous la colonisation espagnole à l’époque. Dans la foulée de sa création, le Polisario entama la lutte armée dès le 20 mai de la même année, avec l’attaque et l’occupation d’un poste militaire espagnol à Khanga, suivi par d’autres actions, notamment à Tifariti et Bir Lahlou. Deux ans plus tard, et conformément à la demande de l’Assemblée générale de l’ONU, le comité de décolonisation a décidé, le 27 mars 1975, d’envoyer une mission en visite au Sahara occidental et dans les pays voisins pour faire des propositions pour la décolonisation du territoire. Après la publication du rapport de cette mission, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye se pencha sur le statut juridique de ce territoire avant sa colonisation par l’Espagne en 1884. Le 16 octobre 1975, la Cour rendit son avis consultatif et se prononça en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui. Immédiatement après l’avis consultatif de la CIJ, le Maroc a décidé d’envahir le Sahara occidental, malgré les diverses interventions de l’ONU, suivi de la signature, le 14 novembre 1975 à Madrid, d’accords entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie pour la partition de ce territoire non autonome. L’invasion militaire du territoire s’était alors heurtée à une vive résistance de la part du Front Polisario. Dans ce contexte, la question sahraouie est devenue célèbre au sein des instances continentales et internationales, le succès du Front Polisario ayant atteint son paroxysme après l’annonce de la création de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976 (aujourd’hui devenue membre à part entière et fondateur de l’Union africaine), suite au retrait de l’occupant espagnol, alors que l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution 34/37 du 21 novembre 1979 reconnaissant entre autres, le Front Polisario comme représentant légitime du peuple sahraoui. Par ailleurs, le Front Polisario célèbre cette année le 50e anniversaire de sa création sur fond d’une reconnaissance croissante du droit légitime du peuple sahraoui à la liberté et à l’indépendance. Dans ce contexte, le président sahraoui, secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a affirmé récemment que le peuple sahraoui, qui « s’apprête à célébrer le 50e anniversaire de la création de son organisation avant-gardiste, le Front Polisario, et le déclenchement de la lutte armée pour la liberté et l’indépendance, assure au monde entier qu’il ne renoncera pas à sa lutte de libération nationale et qu’il avancera, fidèle au serment des martyrs, par tous les moyens légitimes, dont la lutte armée, en tant que droit garanti par les Nations unies aux peuples colonisés, jusqu’au recouvrement de la souveraineté de la RASD sur l’ensemble de son territoire national ». Il a souligné que le Front Polisario « réitère son engagement ferme et son attachement à l’objectif suprême qui concrétise la volonté de tous les Sahraouis, à savoir permettre au peuple sahraoui l’exercice de son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination et à l’indépendance, à l’instar de tous les peuples et pays colonisés ». De son côté, le Premier ministre et membre du secrétariat national du Front Polisario, Bouchraya Hamoudi Bayoune, a tenu à préciser que les Sahraouis saisiront l’occasion du 50e anniversaire de ce mouvement de libération, « qui a donné au peuple sahraoui sa valeur à travers le monde et qui est resté inébranlable malgré les conspirations et les alliances ourdies contre lui », pour rappeler à la communauté internationale que l’organisation d’un référendum d’autodétermination « est la seule option » pour le règlement du conflit au Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975. D’autant plus, explique-t-il, que cet important évènement intervient dans un contexte « particulier » marqué par la poursuite de la lutte armée, reprise suite à la violation du cessez-le-feu, en vigueur depuis 1991, par le Maroc, le 13 novembre 2020, après l’agression de civils sahraouis qui manifestaient pacifiquement contre l’ouverture par le Maroc d’une brèche illégale dans la zone tampon d’El-Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental.
APS