Opep : La demande de pétrole continue de croitre jusqu’à 2045
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a une nouvelle averti contre le sous-investissement dans le secteur pétrolier sous le couvert de la transition énergétique et ses conséquences sur les équilibres futurs du marché pétrolier. Dans son rapport sur les perspectives de la demande pétrolière mondiale publié publié hier l’Opep estime que la demande globale de pétrole va continuer à augmenter jusqu’à 2045, à un niveau bien supérieur à ce qu’elle avait envisagé précédemment,.
« Notre scénario de référence voit la demande de pétrole atteindre 116 millions de barils par jour (mb/j) d’ici 2045, soit environ 6 mb/j de plus » sur la période que dans une précédente estimation de 2022 (109.8 mb/j), « et avec le potentiel d’être encore plus élevée », a indiqué le secrétaire général de l’organisation, Haitham Al Ghais. « Ce qui est clair, c’est que le monde continuera à avoir besoin davantage d’énergie dans les décennies à venir », a-t-il souligné dans le préambule de ce rapport. La demande dans les prochaines décennies sera tirée par les pays non membres de l’OCDE avec l’Inde comme principal moteur, alors qu’elle déclinera à partir de 2025 dans la zone OCDE, selon l’Opep. L’organisation prévoit une hausse de 16,5% de la demande de pétrole d’ici 2045 par rapport à 2022 (99,6 mb/j). Dans le détail, elle bondirait à 106,1 mb/j en 2025, 112 en 2030 avant de connaître une hausse plus modérée à partir de 2035, passant de 114,4 mb/j à 116 mb/j en 2045. Selon l’Opep, la demande mondiale de pétrole sera tirée par les pays non membres de l’OCDE avec l’Inde comme principal moteur, alors qu’elle déclinera à partir de 2025 dans la zone OCDE (principalement des pays riches).
Les prévisions de l’Organisation se fondent sur un scénario de référence qui repose sur « une approche réaliste de la demande énergétique dans son ensemble et de la demande pétrolière », en soulignant qu’ »il n’existe pas de solution unique pour répondre à la croissance mondiale des besoins en énergie », au moment où l’électricité solaire et l’électrification des voitures connaissent un essor considérable. Pour l’Opep, la demande pétrolière ne pourra être comblée qu’au prix d’investissements dans le secteur pétrolier d’ici 2045 estimés à 14.000 milliards de dollars, soit environ 610 milliards de dollars en moyenne par an. « C’est bénéfique à la fois pour les producteurs et les consommateurs », a assuré Haitham Al Ghais. « Les appels à arrêter les investissements dans de nouveaux projets sont malavisés et pourraient conduire au chaos énergétique et économique », a d’ailleurs mis en garde Haitham Al Ghais, dans une critique directe du scénario envisagé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour permettre au monde d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Un discours qui fait écho à celui des Emirats arabes unis, membres de l’Opep et organisateurs de la COP28, dont le président Sultan Al Jaber rappelle qu’on ne peut pas débrancher le système énergétique actuel, et qu’il faut commencer par tripler la capacité des énergies renouvelables. A ce sujet, l’Opep assure que les « objectifs ambitieux » des économies développées sur les énergies bas carbone « sont de plus en plus en contradiction avec les réalités du terrain », avec des investissements « considérablement à la traîne ». L’Opep a néanmoins étudié deux autres scénarios, dont l’un avec plus de renouvelables, aboutissant à une baisse de la demande de pétrole de 18 mb/j par rapport à sa référence de 2045. Tandis qu’un autre scénario, basé sur une croissance économique plus élevée et une moindre coordination des politiques climatiques, aboutit à une hausse de 6,3 mb/j en 2045.
Samir Benisid