L’Exécutif entend inonder le marché pendant le Ramadhan
Les importateurs ont été astreints à importer plus de 50.000 tonnes de viande au premier trimestre 2025.Haut du formulaire
Les préparatifs pour le Ramadhan 2025 sont marqués par une mobilisation gouvernementale sans précédent, avec un arsenal de mesures exceptionnelles destinées à garantir l’approvisionnement du marché et la stabilité des prix pendant ce mois sacré qui débutera en mars prochain. Cette période, traditionnellement marquée par une hausse significative de la consommation des ménages, fait l’objet d’une attention particulière des autorités, comme en témoigne la réunion de coordination tenue hier à Alger entre le ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national, Tayeb Zitouni, et le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Youcef Cherfa. L’une des mesures phares concerne l’importation massive de viandes rouges, un produit dont la demande connaît une hausse considérable pendant le Ramadhan. Sur ce point, le ministre Zitouni a été catégorique : « Nous avons astreint les importateurs à importer 12.356 tonnes en janvier, 18.165 tonnes en février et 20.050 tonnes en mars », précisant que ces chiffres correspondent aux licences d’importation délivrées. Cette programmation vise à garantir la disponibilité d’au moins 13.000 tonnes de viande rouge pendant le mois de jeûne, un objectif ambitieux qui témoigne de la volonté gouvernementale de prévenir toute pénurie. Le dispositif mis en place ne se limite pas aux seules importations de viande. Le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a souligné que « cette démarche s’appuie sur une planification qui inclut la production locale, le stockage stratégique et, si nécessaire, l’importation de produits spécifiques ». Cette stratégie globale englobe l’ensemble des produits de grande consommation, avec des mesures spécifiques pour chaque filière. Dans le secteur des céréales, les autorités ont augmenté de 20% les quotas de blé attribués aux minoteries privées pour faire face à la demande accrue en semoule et en farine. Pour le lait, produit particulièrement sensible pendant le Ramadhan, un programme de renforcement de la production prévoit l’injection d’une quantité supplémentaire de 3.000 tonnes de poudre de lait. Cette mesure sera complétée par l’entrée en service de deux nouvelles laiteries à Bouira et Bordj Badji Mokhtar.
Haro sur la spéculation
Le dispositif prévoit également une réorganisation complète de la distribution avec l’ouverture de 600 points de vente directe affiliés à l’OAIC à travers le pays, auxquels s’ajouteront 915 points de vente dépendant des entreprises et offices du secteur agricole. Cette multiplication des points de vente vise à rapprocher les produits des consommateurs et à maintenir des prix compétitifs en réduisant les circuits de distribution. Des mesures exceptionnelles ont également été prises concernant l’organisation du travail pendant cette période. Les marchés de gros des légumes et fruits, y compris la Société Magros, devront maintenir leur activité pendant les weekends et le jour de l’Aïd El Fitr. Par ailleurs, le ministre du Commerce a décrété le gel du programme d’arrêts techniques de toutes les unités industrielles et de transformation des produits alimentaires pendant le premier trimestre 2025. Pour faciliter les importations de produits complémentaires, les autorités ont accéléré le traitement des demandes d’autorisation de domiciliation bancaire pour les importateurs de bananes, fruits secs, épices, levure, thé et café vert. Une mesure qui s’accompagne d’un engagement à accélérer les procédures de dédouanement pour permettre une mise sur le marché rapide des produits importés. Le contrôle a également été renforcé avec l’intensification des inspections des équipes mixtes au niveau des chambres froides et des entrepôts de stockage. Les walis ont été mobilisés pour suivre les opérations d’approvisionnement et activer les cellules de veille locales, avec pour mission de lutter contre toute tentative de monopole ou de spéculation. Cette mobilisation exceptionnelle témoigne de l’importance accordée par les autorités à la stabilité du marché pendant le Ramadhan, période cruciale pour le pouvoir d’achat des citoyens. Les différentes mesures annoncées semblent indiquer une approche plus proactive et mieux coordonnée que les années précédentes, avec une attention particulière portée à la complémentarité entre production locale et importations. L’Union nationale des paysans algériens (UNPA), par la voix de son secrétaire général Abdellatif Dilmi, a apporté son soutien à ce dispositif en réaffirmant l’engagement des agriculteurs et éleveurs à assurer un approvisionnement suffisant du marché. Cette collaboration entre les secteurs public et privé apparaît comme un élément clé de la stratégie gouvernementale pour garantir la stabilité du marché pendant ce mois de forte consommation. Les autorités semblent ainsi avoir tiré les leçons des expériences passées en mettant en place un dispositif global qui combine anticipation des besoins, diversification des sources d’approvisionnement, renforcement des contrôles et multiplication des points de vente. L’efficacité de ces mesures sera particulièrement scrutée pendant le mois de Ramadhan, qui constituera un test important pour la capacité du gouvernement à gérer les pics de consommation tout en maintenant la stabilité des prix.
Samir Benisid