Le projet de loi portant prolongation du congé de maternité devant le conseil de la Nation : Un nouvel acquis pour les droits des femmes
La nouvelle réforme positionne l’Algérie parmi les pays les plus progressistes au monde en matière de protection sociale maternelle.
L Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Fayçal Bentaleb, a présenté lundi devant le Conseil de la nation un projet de loi modifiant et complétant la loi relative aux assurances sociales, portant prolongation du congé de maternité de 98 à 150 jours, soit cinq mois complets avec une indemnisation intégrale. Cette réforme d’envergure positionne l’Algérie parmi les pays les plus progressistes au monde en matière de protection sociale maternelle. Lors de la séance plénière présidée par Azouz Nasri, président du Conseil de la nation, en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Kaouter Krikou, Fayçal Bentaleb a souligné que cette modification législative « vient en exécution des directives suprêmes du président de la République lors de la réunion du Conseil des ministres du 9 février 2025 ». Cette initiative présidentielle témoigne de la priorité accordée par Abdelmadjid Tebboune aux droits sociaux et à l’égalité professionnelle.
Le ministre a précisé que cet amendement « concrétise l’engagement du président de la République visant à renforcer la place de la femme travailleuse, notamment en lui permettant de concilier entre vie professionnelle et vie familiale, tout en préservant sa dignité ». Cette approche globale révèle une vision moderne de l’équilibre travail-famille qui dépasse la simple extension temporelle pour embrasser une philosophie sociale inclusive.
L’innovation majeure de ce projet réside dans son caractère intégralement compensé. Bentaleb a mis en exergue que « l’État fournit une compensation financière complète à 100% pour la femme travailleuse pendant le congé de maternité, en plus de la couverture sanitaire pour l’accouchement et les frais médicaux associés ». Cette générosité publique contraste avec de nombreux pays où les femmes ne bénéficient d’aucune indemnité ou seulement d’une compensation partielle.
Le ministre a souligné que « ce projet de texte incarne l’engagement ferme de l’Algérie dans la protection des droits de la femme », ajoutant que « cette modification constitue une grande étape vers le renforcement de la position de la femme travailleuse dans la société algérienne et représente un ajout qualitatif aux politiques de protection sociale ». L’aspect le plus novateur concerne les situations particulières. Le projet prévoit des dispositions spéciales pour les femmes qui accouchent d’un enfant souffrant de handicap ou de maladie grave, leur accordant un congé prolongé jusqu’à 165 jours. Bentaleb a expliqué que ce projet de loi « à dimension humaine et sociale » contient « des dispositions au profit de la femme travailleuse qui met au monde un enfant atteint d’un handicap, d’une malformation congénitale ou d’une maladie grave nécessitant un accompagnement ou une intervention médicale ».
Cette mesure exceptionnelle témoigne d’une approche inclusive qui prend en compte les vulnérabilités particulières et garantit un soutien renforcé aux familles confrontées à des défis sanitaires. Elle illustre la vision humaniste du système social algérien qui refuse d’abandonner les citoyens face aux aléas de la vie.
Les statistiques présentées révèlent l’ampleur croissante du dispositif. Le nombre de bénéficiaires des indemnités journalières de maternité a « augmenté considérablement », passant de « 94.000 bénéficiaires en 2013, avec 9,8 milliards de dinars de dépenses, à 131.000 bénéficiaires en 2024, avec 26,5 milliards de dinars de dépenses ». Cette progression témoigne de la dynamisation du marché du travail féminin et de l’engagement budgétaire croissant de l’État.
Le ministre a également mis en avant la modernisation administrative accompagnant cette réforme. Les organismes de sécurité sociale ont « conclu des conventions avec des cliniques d’obstétrique pour la prise en charge des accouchements dans le cadre du système du tiers payant », tout en développant « une plateforme électronique pour la gestion du congé de maternité et des relations contractuelles avec les cliniques ».
Cette digitalisation des procédures facilite l’accès aux prestations et améliore l’efficacité administrative. La commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la solidarité nationale de l’APN a de son côté salué ces « nouvelles mesures », qualifiant ce texte de « nouveau jalon dans le cadre de l’amélioration des prestations sociales au profit des salariés en général et des femmes en particulier ». Lyna Larbi