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Ghaza : La militarisation de l’aide humanitaire, une nouvelle arme de guerre

Plus de 516 Palestiniens tués en tentant d’accéder à la nourriture révèlent l’ampleur d’une stratégie d’affamement systématique. La bande de Ghaza vit aujourd’hui l’une des crises humanitaires les plus dramatiques de son histoire, où la quête de nourriture est devenue un acte de résistance face à la mort. Depuis que la Fondation humanitaire de Ghaza a commencé ses distributions fin mai, plus de 516 Palestiniens ont trouvé la mort et près de 3799 autres ont été blessés en tentant simplement d’accéder aux points de distribution d’aide alimentaire. Ces chiffres terrifiants, confirmés par les autorités sanitaires palestiniennes et rapportés par l’ONU, révèlent l’ampleur d’une stratégie délibérée de militarisation de l’aide humanitaire qui transforme la survie en piège mortel.

L’ONU a qualifié mardi cette situation de « crime de guerre », dénonçant l’utilisation de la nourriture comme arme militaire contre les civils palestiniens. Thameen Al-Kheetan, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré sans ambiguïté que « militariser la nourriture pour les civils, en plus de restreindre ou d’empêcher leur accès à des services vitaux, constitue un crime de guerre et, dans certaines circonstances, peut constituer des éléments d’autres crimes en vertu du droit international ».

Les scènes qui se déroulent quotidiennement autour des centres de distribution révèlent l’horreur d’un système conçu pour humilier et détruire. Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, n’a pas mâché ses mots en qualifiant le système actuel d' »abomination qui humilie et dégrade les personnes désespérées ». Il a souligné que la Fondation humanitaire de Ghaza est désormais surnommée par les habitants « la Fondation humiliante de Ghaza », tant le processus de distribution bafoue la dignité humaine. « C’est un piège mortel, coûtant plus de vies qu’il n’en sauve », a-t-il dénoncé lors d’une conférence de presse à Berlin.

Cette militarisation de l’aide s’inscrit dans une stratégie plus large d’affamement de la population Ghazaouie. L’entité sioniste a imposé début mars un blocus humanitaire draconien qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. Bien que partiellement assoupli fin mai, ce siège continue de maintenir 2,3 millions de Palestiniens dans un état de dépendance totale et de vulnérabilité extrême. L’UNRWA rapporte que près de 6000 camions chargés de nourriture et de médicaments restent bloqués dans des entrepôts et aux postes frontières, certains produits approchant dangereusement de leur date de péremption.

La situation sur le terrain témoigne de cette réalité tragique. Mardi seulement, au moins 70 Palestiniens ont trouvé la mort dans les attaques des forces d’occupation, dont 50 alors qu’ils attendaient des distributions d’aide alimentaire. Dans la seule zone nord-ouest de Rafah, 20 civils ont été tués et des dizaines d’autres blessés, dont plusieurs dans un état grave, suite aux tirs de l’armée sioniste contre des citoyens qui patientaient près des centres de distribution. Ces massacres quotidiens illustrent comment l’aide humanitaire est devenue un instrument de contrôle et de punition collective.

Complicité de génocide

Quinze organisations internationales de défense des droits humains ont uni leurs voix lundi pour dénoncer un « changement radical et dangereux par rapport aux opérations humanitaires internationales établies ». Dans une lettre ouverte, ces organisations, incluant la Fédération internationale pour les droits humains et le Centre palestinien pour les droits humains, ont appelé la GHF à cesser immédiatement ses opérations, mettant en garde contre des risques de complicité de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, voire de génocide.

L’ampleur de la tragénie humanitaire dépasse l’entendement. Depuis le 7 octobre 2023, le bilan de l’agression génocidaire sioniste s’élève désormais à 56077 martyrs et 131848 blessés, selon les derniers chiffres des autorités sanitaires palestiniennes. Au cours des seules dernières 24 heures, les corps de 79 martyrs et 289 blessés sont arrivés dans les hôpitaux de Ghaza. Ces statistiques macabres révèlent la continuité d’une politique d’extermination qui ne connaît aucun répit, même durant les supposées trêves humanitaires.

La reprise de l’agression le 18 mars, après une interruption de deux mois consécutive à l’accord de cessez-le-feu du 19 janvier, a démontré que la machine de guerre sioniste ne tolère aucune pause dans son entreprise de destruction systématique. Depuis cette date, 5759 Palestiniens supplémentaires ont trouvé la mort et 19807 autres ont été blessés, illustrant l’intensification de la violence malgré les appels internationaux à la retenue.

L.S.

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