Culture

Légende du reggae : Jimmy Cliff s’éteint à 81 ans

L’auteur-compositeur et interprète jamaïcain Jimmy Cliff, figure majeure du reggae et star du film culte « The Harder They Come », s’est éteint lundi des suites d’une crise d’épilepsie suivie d’une pneumonie, a annoncé son épouse sur Instagram. C’est avec une profonde tristesse que l’épouse du chanteur a confirmé la disparition de l’artiste, connu pour ses tubes planétaires « Many Rivers to Cross », « The Harder They Come », « I Can See Clearly Now » ou encore sa contribution à « Hakuna Matata ». Dans son message, elle a tenu à remercier les fans du monde entier : « Sachez que votre soutien a été sa force durant toute sa carrière. Il appréciait sincèrement chacun d’entre eux pour leur amour. Jimmy, mon amour, repose en paix. » Né James Chambers le 30 juillet 1944, Jimmy Cliff grandit dans une Jamaïque en pleine mutation. Très tôt, dès l’école primaire, il compose ses premières chansons et les interprète avec les sound systems de son quartier. À 14 ans, son père l’emmène à Kingston pour l’inscrire dans une école technique, mais le jeune prodige préfère faire le tour des studios d’enregistrement, déterminé à percer dans la musique. Ses débuts sont modestes, comme il le racontait lui-même avec humour : « La première fois que j’ai enregistré un disque, on m’a donné 1 shilling. Les Wailers étaient plus chanceux que moi chez Studio One, on leur donnait 2 livres par semaine. Moi, je n’ai eu droit qu’à 1 shilling, et on me chassait d’un geste de la main. » Sa rencontre avec le producteur Leslie Kong marque un tournant décisif. « Il était très correct alors je suis resté avec lui. Je pense que c’est pour ça que j’ai échappé à beaucoup d’arnaqueurs, contrairement à d’autres de mes collègues », confiait l’artiste. Cette prudence ne l’empêchera pourtant pas de mener un combat judiciaire victorieux en 2009 contre EMI, son ancienne maison de disques, qui avait commercialisé des chansons sans son autorisation.

En 1962, année de l’indépendance jamaïcaine sous le gouvernement d’Alexander Bustamante, Jimmy Cliff enregistre son premier tube, « Hurricane Hattie ». Suivront « Miss Jamaica », déclaration d’amour très fraîchement yé-yé, et d’autres titres inscrits dans une période du reggae encore teintée de jazz. Doté d’une voix soul distinctive, il rejoint Island Records, le label fondé par Chris Blackwell, homme d’affaires britannique élevé en Jamaïque. Après quatre années passées à Londres, le chanteur fait son grand retour en Jamaïque pour tenir le rôle principal du film « The Harder They Come » en 1972, réalisé par Perry Henzell, ami d’enfance de Chris Blackwell. Le scénario s’inspire de la vie d’Ivan « Rhyging » Martin, bandit au grand cœur de Trenchtown, le ghetto de Kingston, abattu par la police en 1948. Jimmy Cliff y incarne un chanteur de reggae confronté à un univers de producteurs musicaux véreux, de policiers corrompus et de mafieux, dans une fresque sociale du petit peuple jamaïcain. La bande originale du film, portée par « Many Rivers to Cross » et « You Can Get it if You Really Want », propulse le reggae bien au-delà des frontières de l’île caribéenne et devient un véritable phénomène culturel. La même année 1972, Jimmy Cliff connaît également le succès international avec « I Can See Clearly Now », écrit par Johnny Nash, consolidant ainsi sa stature d’ambassadeur mondial du reggae. Avec sa disparition, c’est toute une génération de pionniers du reggae qui s’éteint, laissant derrière elle un héritage musical qui a transformé la culture populaire mondiale.

Mohand S.

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