Économie

Le mégaprojet ferroviaire minier de Gara Djebilet : Catalyseur de la diversification économique 

La réalisation du mégaprojet de la ligne ferroviaire minière ouest, reliant Bechar, Beni Abbes, Tindouf et Gara Djebilet sur près de 950 kilomètres, s’impose comme l’un des chantiers structurants de l’année 2025 et un levier stratégique pour la transformation de l’industrie et de l’économie nationales. Lancé en novembre 2023 par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, ce projet d’envergure continentale constitue, selon les spécialistes en économie, un acquis majeur pour le développement économique et social des wilayas du sud-ouest du pays. Cette nouvelle infrastructure ferroviaire permettra d’étendre considérablement le réseau national, de moderniser l’industrie minière et d’assurer la connexion de la zone minière stratégique de Gara Djebilet ainsi que d’autres wilayas, notamment Bechar et Beni Abbes, aux pôles industriels et portuaires du nord-ouest du pays, sur une distance globale d’environ 2.000 kilomètres. Au-delà de sa dimension technique, cette ligne jouera un rôle déterminant dans le développement de l’industrie sidérurgique nationale. Sa mise en service facilitera l’accès aux importantes ressources minières de la région sud-ouest, renforcera les capacités de l’industrie sidérurgique et contribuera de manière significative à la création de nouveaux emplois dans des zones jusqu’alors enclavées.

Abdessamad Boudi, directeur du laboratoire d’études économiques et de développement local du sud-ouest de l’Université de Bechar, inscrit ce projet dans une perspective de long terme. « Les retombées de ce projet se feront sentir durablement, tant dans l’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet que dans le développement du transport ferroviaire », analyse-t-il dans une déclaration à l’APS. L’exploitation de ce gisement, désormais rendue possible grâce à cette infrastructure, représente selon lui un projet structurant susceptible de façonner l’avenir industriel et minier de la région et du pays. L’universitaire souligne également que ce mégaprojet s’inscrit dans une démarche visant à concilier l’exploitation des ressources naturelles de cette région avec les exigences du développement durable, contribuant ainsi à la diversification de l’économie nationale et à la réduction de la dépendance aux hydrocarbures.

Mebarek Benzair, économiste et enseignant à l’Université Tahri Mohamed de Bechar, abonde dans le même sens en affirmant que cette ligne ferroviaire « contribuera à renforcer le réseau national de transport des minerais et redynamiser l’exploitation des ressources minières et les échanges intérieurs de marchandises et de voyageurs ». L’économiste met particulièrement l’accent sur l’impact social du projet, expliquant qu’il a permis de désenclaver plusieurs zones, notamment la commune frontalière de Tabelbala, située à 424 kilomètres au sud du chef-lieu de Beni Abbes. Son intégration au réseau national devrait, selon lui, transformer durablement l’équilibre économique et social régional, notamment grâce à la création prévue d’unités de traitement et de transformation du fer le long du tracé traversant les wilayas de Bechar, Beni Abbes, Tindouf, Naâma et, au-delà, celles du nord-ouest du pays. Sur le plan opérationnel, l’Agence nationale d’étude et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires a assuré un suivi quotidien de ce projet dès le lancement des travaux, confiés à des groupements d’entreprises publiques, en collaboration, sur certains tronçons, avec un partenaire chinois, le groupe China Railway Construction Corporation Limited. Abdelkader Mazar, directeur central de la communication de l’ANESRIF, précise que les chantiers de ce mégaprojet, ayant engendré la création de plus de 8.000 emplois directs incluant cadres et agents de maîtrise, ont fait l’objet d’un suivi rigoureux et quotidien assuré par la direction générale, les experts et les cadres techniques de l’agence. « Ce suivi a été assuré dans le but exclusif de respecter les délais de réalisation et garantir une mise en œuvre conforme aux standards nationaux et internationaux », souligne-t-il, évoquant tant les infrastructures techniques que les divers ouvrages d’art.

Les chiffres du projet témoignent de son ampleur exceptionnelle. Au total, 1.431 ouvrages ont été réalisés le long du tracé traversant les zones sahariennes, dont 45 ponts ferroviaires, 48 ponts routiers et 1.338 ouvrages hydrauliques. Les 45 viaducs ferroviaires s’étendent sur une longueur totale de 20 kilomètres, selon Abdechafii Benrabi, directeur du projet. Ces ouvrages d’art, érigés pour traverser les cours d’eau et oueds de la région, comprennent notamment le pont ferroviaire réalisé sur l’oued Daoura dans la wilaya de Tindouf, long de 4,1 kilomètres, qui est désormais le plus long pont ferroviaire d’Algérie et d’Afrique. Ces ouvrages ont été réalisés entre juillet 2024 et novembre 2025, témoignant de la cadence soutenue des travaux.

Initialement prévu pour une livraison progressive entre mars et juin 2026, ce projet a été concrétisé sur le terrain dans des délais records, grâce à la compétence et au savoir-faire des gestionnaires et cadres techniques de l’ANESRIF. Plusieurs responsables locaux des services techniques des wilayas concernées ont souligné que cette performance témoigne à la fois des capacités remarquables de l’ANESRIF et de celles des entreprises publiques et du partenaire chinois impliqués dans sa mise en œuvre. Par ailleurs, dans une logique de maillage du territoire, les travaux de raccordement de la zone industrielle de Bethioua à la ligne ferroviaire Hassi Mefsoukh-Mostaganem, à partir de la station mixte d’El Ayaïda dans la wilaya d’Oran, ont été achevés au début de l’année en cours. La réalisation de ce projet, long de 7,3 kilomètres et pris en charge par trois entreprises nationales, comprend quatre ouvrages d’art, dont deux passages supérieurs et deux passages inférieurs, ainsi que 14 ouvrages hydrauliques et un ouvrage de protection le long du tracé, selon la direction locale des transports. Désormais prêt à être exploité, ce tronçon s’inscrit dans la stratégie globale de modernisation du réseau ferroviaire national.

Samira Ghrib

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