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Forcés à l’exil

Par Melissa Roumadi-Belferag

« Oui, j’ai peur du bagne, je n’ai pas honte de te le dire, Papillon. Vois-tu, c’est terrible en Guyane. Chaque année il y a une perte de quatre-vingts pour cent. Un convoi remplace l’autre et les convois sont de mille huit cents à deux mille hommes. » Henri Charrière, Papillon.

Juillet célèbre l’indépendance. Juillet est aussi propice à la commémoration et au souvenir, pour se remémorer les sacrifices consentis pour la liberté, et de rappeler les terribles crimes commis par l’occupant contre les Algériens, de toutes ses tentatives pour les aliéner, les diviser et leur faire oublier qui ils sont vraiment. De la supposée œuvre civilisatrice du colonisateur resteront les millions de morts, les familles spoliées de leurs terres et ceux qui ont été plongés dans l’obscurité de l’ignorance. Mais il y a aussi les déportés, victimes eux aussi du système colonial, séparés de leur terre, de leur mère nourricière et condamnés à l’oubli. Et la première des violences a été la déportation et le bagne en Nouvelle Calédonie et en Guyane. Beaucoup associent le bagne à Papillon incarné sur grand écran par Steve MacQueen. Mais l’exil auquel ont été condamnés nos ancêtres est sans commune mesure. C’était un bagne permanent pour des « indigènes » qui ont osé lutter contre l’injustice et réclamer la liberté.  La sanction est aujourd’hui toujours de mise. Les descendants des déportés portent encore les stigmates de l’exil. Ils ont été dépouillés d’une partie de leur être, de leur âme, de leur identité. Aussi partagent-ils toujours le destin des peuples qui sont toujours sous la domination de l’empire colonial français, celui de n’être pour toujours que des indigènes.

Se les remémorer aujourd’hui est honorable, construire des passerelles pour permettre aux descendants des déportés de renouer avec leur mère patrie est essentiel.

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