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Afghanistan : Combats dans le Panchir, l’annonce du gouvernement taliban différée

Les talibans ont à nouveau différé hier l’annonce de leur gouvernement, dont la composition pourrait donner le ton des années à venir en Afghanistan, où le nouveau régime reste confronté à une poche de résistance armée dans la vallée du Panchir.Deux sources talibanes ont prévenu l’AFP qu’il n’y aurait aucune annonce faite samedi sur le futur gouvernement.La situation dans le Panchir, l’un des derniers foyers d’opposition armée au nouveau régime, pourrait expliquer le retard pris pour présenter le nouvel exécutif, initialement pressenti pour être dévoilé vendredi.Bastion antitaliban de longue date, cette vallée, enclavée et difficile d’accès située à environ 80 kilomètres au nord de la capitale, est le théâtre depuis lundi et le départ des dernières troupes américaines du pays de combats entre les forces talibanes et le Front national de résistance (FNR).

Réfugié dans la vallée du Panchir, l’ancien vice-président Amrullah Saleh a évoqué une « situation très difficile » dans un message vidéo diffusé vendredi soir, tout en assurant que la « résistance continu[ait] et continue[rait] ».Selon Ahmad Massoud, qui mène la résistance dans la vallée, les talibans auraient proposé d’attribuer deux sièges au FNR dans le gouvernement qu’ils veulent créer.Depuis leur retour au pouvoir à l’issue d’une offensive militaire éclair qui a pris de court le gouvernement en place et la communauté internationale, les talibans se sont efforcés de montrer un visage modéré et ont multiplié les gestes d’ouverture.Ils ont notamment promis un gouvernement « inclusif » et ont noué des contacts ces dernières semaines avec des personnalités afghanes qui leur sont opposées.Mais rien n’a filtré à ce stade sur leurs véritables intentions ni sur la place qu’ils entendent accorder à des représentants de l’opposition ou aux minorités. La composition de leur exécutif fera donc figure de test sur leur réelle volonté de changement.

Plusieurs pays ont répété vendredi que le nouveau régime serait jugé sur ses actes.Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui sera de lundi à mercredi au Qatar, a espéré que le gouvernement mis en place par les talibans serait « réellement inclusif », avec « des non-talibans qui seraient « représentatifs des différentes communautés et des différents intérêts en Afghanistan ».Le chef du renseignement militaire pakistanais, Faiz Hameed, a été vu samedi à Kaboul, où il devrait probablement s’entretenir avec des hauts responsables talibans avec lesquels Islamabad entretient des liens étroits.Ravagée par plus de quatre décennies de conflit, l’économie afghane est en lambeaux, privée d’une aide internationale dont elle dépend largement et qui a été en grande partie gelée.

« L’Afghanistan fait face à une catastrophe humanitaire imminente », a prévenu vendredi l’ONU, qui tiendra le 13 septembre à Genève une réunion entre Etats membres afin d’accroître l’aide humanitaire au pays.En première ligne dans les négociations internationales avec les talibans, le Qatar a indiqué de son côté qu’il espérait voir s’ouvrir des « corridors humanitaires » dans les aéroports afghans d’ici 48 heures.Près de 33.000 enfants ont été tués ou mutilés en Afghanistan au cours des vingt dernières années de guerre, soit en moyenne un toutes les cinq heures, selon l’ONG Save the Children, citée mercredi par la chaîne iranienne PressTV. »Ces chiffres apportent un aperçu dévastateur du coût mortel de la guerre pour les enfants », a dit cette dernière en commentant les données de l’ONG internationale basée à Londres qui dit avoir travaillé en Afghanistan depuis 1976 pour aider les enfants et leurs familles. »Le nombre réel d’enfants ayant été des victimes directes du conflit sera probablement beaucoup plus élevé que les 32.945 estimés et ce chiffre ne comprend pas les enfants morts de faim, de pauvreté et de maladie durant cette période », a ajouté Save the Children, selon PressTV. »Ce qui reste après 20 ans, c’est une génération d’enfants dont la vie entière a été gâchée par la misère et l’impact de la guerre. La magnitude des souffrances humaines de ces deux dernières décennies dépasse l’entendement », a dit Hassan Noor, directeur de la région Asie à Save the Children.

R.I. avec agences

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