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Mondial biennal : La FIFA ouvre une nouvelle guerre du foot

En voulant doubler la fréquence de ses Coupes du monde, de quatre à deux ans, la FIFA jette le football dans une nouvelle bataille, au risque du divorce avec les clubs et ligues européennes. Déjà émise en vain dans les années 1990, l’idée d’un Mondial biennal a été ressuscitée début mars par Arsène Wenger, le directeur du développement au sein de la FIFA, en première ligne cette semaine pour défendre cette proposition. Mais personne ne croit à l’initiative isolée : fin mai, l’instance mondiale a engagé une « étude de faisabilité » suggérée par la Fédération saoudienne, proche du président de la FIFA, Gianni Infantino. Et le dirigeant italo-suisse s’est dit ouvert à « tout » pour réformer le calendrier, en se posant en unique rempart face aux inégalités dans le football. Politiquement, c’est le principal argument de la FIFA : un Mondial tous les deux ans, c’est plus de revenus redistribués en particulier aux Fédérations africaines, asiatiques ou sud-américaines, plus dépendantes de cette manne que le prospère football européen. Si le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, a condamné cette proposition dès la mi-juin, la jugeant « impossible », le débat s’est surtout engagé cette semaine, augurant de mois agités avant une « décision » promise d’ici « la fin d’année » par Infantino. Lundi dernier, Ceferin a assuré qu’un Mondial tous les deux ans « diluerait » ce « joyau » du football, dont l’attrait sans égal repose sur son rythme quadriennal immuable depuis 1930 chez les hommes et 1991 chez les femmes. L’Association européenne des clubs (ECA) a estimé de son côté qu’il n’y avait « pas la place » dans le calendrier actuel pour une phase finale chaque année, précisant n’avoir pas reçu « la moindre proposition » concrète de la FIFA pour en discuter. Enfin, le Forum mondial des Ligues (WLF) a promis mercredi de « s’opposer » à un tel projet, qui sert les « intérêts court-termistes » de la FIFA au détriment de « l’économie du football et de la santé des joueurs ». Mal partie dans la bataille de l’opinion, la FIFA a riposté en conviant jeudi à Doha une brochette d’anciens joueurs et entraîneurs, ambassadeurs de l’instance, venus vanter ce Mondial biennal. « On était tous d’accord », a affirmé à la presse le Danois Peter Schmeichel, pendant que le Brésilien Ronaldo assurait que « si quelqu’un demande » leur avis à Messi et CR7, « ils diront oui ». Surtout, quelles que soient les réactions, la FIFA détient la clé de la décision finale: elle reviendra soit à son exécutif soit à son Congrès, selon les changements de statuts nécessaires à la faire adopter, et les adversaires déclarés du projet y sont pour l’heure en minorité.  Mais même si l’instance mondiale parvient à ses fins, rien ne dit que les clubs européens – où se concentrent les meilleurs internationaux – accepteront de se passer de leurs joueurs plusieurs mois par an et d’assumer un risque supplémentaire de blessures.

R. S.

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