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Hydrocarbures : Les prix du pétrole et du gaz flambent !

Soutenus par la vigueur de la demande, notamment en Europe, les cours du pétrole et du gazflambent. Les prix du gaz ont bondi de 25% sur les marchés européens, tandis que les cours du Brent ont momentanément tutoyé les 84 dollars. Une première depuis 2014 !Ce qui ne va pas être sans conséquences sur les revenus d’exportation d’hydrocarbures pour l’Algérie.

Hier, sur les marchés européens, les prix du gaz atteignaient des records historiques. Le cours européen de référence, le TTF (Title Transfer Facility) néerlandais, grimpait de 16,36% à 135,00 euros le mégawattheure (MWh) vers 10H10 GMT.Le prix du gaz britannique pour livraison le mois prochain bondissait de son côté de 18,15% à 347,27 pence par thermie (une unité de quantité de chaleur).Les deux marchés ont temporairement engrangé des gains supérieurs à 25% et atteint respectivement 162,12 euros et 407,82 pence peu avant 08H30 GMT, un record.

La flambée est alimentée par la forte demande à l’approche de l’hiver, notamment en Asie, mais en raison d’une offre limitée de gaz sur le marché, notamment après de le désinvestissement qui a marqué le secteur lors de la forte baisse des prix du gaz. Une offre qu’il est d’ailleurs difficile de moduler contrairement à ce qui se fait sur les marchés pétroliers, les principaux producteurs de pétrole, ceux de l’Opep disposant de capacités de production qu’ils peuvent libérer. Interrogé par l’AFP, l’analyste de Commerzbank Carsten Fritsch voit dans cette accélération très forte des prix un « mouvement de panique et de peur » face à des stocks bas à l’approche de l’hiver dans l’hémisphère nord.La plupart des observateurs de marché mettent aussi en avant la demande asiatique, notamment chinoise.Les contraintes environnementales limitant l’exploitation du charbon ont en effet entraîné de graves pénuries d’énergies, mettant certaines usines au ralenti, et un report soudain de la demande sur le gaz au pire moment pour l’Europe qui s’apprête à rentrer dans l’hiver.Selon les experts de Capital economics, les prix « resteront probablement élevés par rapport aux normes passées » à moyen terme.

Idem sur les marchés pétroliers ont poursuivi leur hausse hier à l’ouverture des marchés avant d’inscrire un léger recul à la mi-journée en raison de l’augmentation des stocks US de brut. En effet, en début de séance de cotation, les cours du baril de Brent ont atteint 83,47 dollars et ceux du pétrole américain WTI 79,78 une première pour le Brentdepuis octobre 2018 et pour le WTIdepuis novembre 2014.

Cependant, vers 15H05 GMT, le prix du baril de Brentde la mer du Nord pour livraison en décembre était en baisse de 1,61% par rapport à la clôture de la veille, à 81,23 dollars à Londres.A New York, le baril de WTIpour le mois de novembre abandonnait 1,72% à 77,57 dollars.Selon les analystes, le pétrole bénéficie des incertitudes concernant les approvisionnements en énergie, « car les réserves de charbon, de gaz naturel et de brut semblent se resserrer ».

Retour du débat sur les contrats à long terme

La réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés vial’accord Opep+ lundi « n’a fait qu’exacerber le problème » suite à sa décision d’ouvrir les vannes d’or noir autant que le marché pouvait l’espérer.Suivant son plan de juillet, l’Opep s’est contenté d’une augmentation de la production globale mensuelle de 400.000 barils par jour pour novembre. Il est donc clair que la flambée actuelle des cours aura un impact certain sur le niveau des ressources issues de l’exportation des hydrocarbures, et doit offrir une marge de manœuvre supplémentaire sur les plans budgétaire et des équilibres financiers externe, sachant que l’Algérie exporte une majorité de son gaz dans le cadre de contrats à long terme avec des prix indexés sur ceux du pétrole. Il est utile de rappeler que la loi de finances complémentaire pour 2021 a été assise sur un prix de référence du baril de 40 dollars et un prix de marché de 45 dollars. Or, les prévisions de clôture pour le prix moyen du baril sont d’ores et déjà plus élevées et on mise sur un cours qui dépasse largement les 60 ou 65 dollars qui permet à la Sonatrach de tabler sur des recettes à l’export 33 milliards de dollars.

Il faut dire aussi que cette flambée des prix implique également un effet positif indirect. La hausse des prix du gaz a d’ailleurs permis de relancer le débat sur les contrats à long terme. Hier, alors que les Européens se plaignaient de la flambée des prix du gaz sur les marchés spot, le président russe a bien à l’index l’attitude de ces derniers qui se sont détournés des contrats à long terme qui offrent des garanties en matière d’approvisionnement et de stabilité des prix, pour se tourner vers les marchés spots et opérer des pressions sur leurs fournisseurs traditionnels de gaz. De son côté, le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) a réaffirmé, la semaine dernière, son soutien au rôle fondamental des contrats gaziers à long terme avec des prix indexés sur le pétrole pour assurer un approvisionnement constant en gaz.

Samira Ghrib

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