Économie

Pétrole : Les cours pris en tenailles entre embargo annoncé et risque de récession

Les cours du pétrole évoluent en ordre dispersé en ce début de semaine, pris en tenailles entre l’impact d’un possible embargo sur le pétrole russe annoncé par l’Union européenne et les mauvais signes sur la croissance en provenance de Chine, où les confinements dans les villes de Shanghai et Pékin commencent déjà à affecter l’activité économique. Après un léger rebond lundi, les prix du baril de brut reculaient légèrement hier en début de séance de cotation. 

Vers 09H25 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet perdait 0,86% à 106,65 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juin reculait quant à lui de 0,78% à 104,35 dollars. « La chute des prix a été déclenchée par les craintes que les confinements dus au coronavirus en cours en Chine puissent sérieusement freiner la demande de pétrole dans ce pays », commente Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.La Chine est le deuxième plus grand consommateur et le plus important importateur de pétrole brut au monde.

L’attention des marchés est également orientée vers les 27 qui ont fait part d’un possible embargo sur le pétrole russe, en réponse à la décision de la Russie de suspendre les livraisons de gaz aux pays qui refusent de payer en roubles. Un embargo qui ne reçoit pas l’assentiment de tous les pays de l’UE. 

« Les ministres européens de l’énergie ont discuté [lundi] d’un embargo pétrolier contre la Russie. Cette mesure doit faire partie du nouveau train de sanctions que l’UE a l’intention d’adopter cette semaine », affirme Carsten Fritsch.

La Commission européenne a finalisé sa proposition pour un sixième paquet de sanctions contre Moscou pour tarir le financement de son effort de guerre contre l’Ukraine. Elle prévoit un arrêt progressif des achats européens sur une période de 6 à 8 mois, avec une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et totalement dépendants des livraisons par l’oléoduc Droujba, qui pourront continuer leurs achats à la Russie jusqu’en 2023, a précisé un responsable européen. « L’ensemble du processus de remplacement prendra plusieurs années, je vais donc insister sur cette exemption », a déclaré lundi le ministre slovaque de l’économie, Richard Sulik, au quotidien TASR.Cette possibilité pose problème, car la Bulgarie et la République tchèque veulent également bénéficier de cette dérogation, ont expliqué des diplomates informés des discussions menées par la Commission pour finaliser la proposition.

En attendant, les Occidentaux tendent de faire pression sur l’Opep afin de la pousser à augmenter la production de pétrole. Une question que les membres de l’Organisation basée à Vienne ont tranché et ont clairement fait savoir qu’aucun facteur ne motivait de dévier de la politique actuelle d’ouverture progressive des vannes dans la mesure où la hausse actuelle des cours est reliée à des facteurs géopolitiques et non aux fondamentaux du marché, doit l’offre et la demande.  La réunion de l’Opep+ prévue demain, devrait donc conduire à une hausse d’environ 400.000 barils/jours conformément à l’accord validé au mois de juillet dernier concernant une augmentation progressive de l’offre de pétrole sur le marché, dans l’objectif de maintenir la stabilité de ce dernier.  Les pays signataires de la Déclaration de coopération peinent d’ailleurs à remplir leurs engagements en termes de production, notamment en raison du désinvestissement qui a affecté le secteur au plus haut de la pandémie et du crash des cours qui s’en est suivi, en sus des facteurs géopolitiques. C’est le cas en Libye où la crise qui s’est intensifiée au cours des dernières a induit la fermeture d’un important champ pétrolier. 

L’Opep+ a d’autant plus de raisons d’opter pour la prudence, car les nouvelles en ce qui concerne les prévisions de croissance sur l’économie mondiale ne sont pas bonnes. En sus des signaux négatifs en provenance de Chine, les craintes d’un ralentissement économique mondial causé par la guerre en Ukraine pèsent sur le marché.

Chokri Hafed

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