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Rétention d’insuline, non-respect des engagements de production, pressions sur Saïdal : Novo Nordisk : la mise en garde de Benbahmed

Le torchon brûle entre le ministère de l’Industrie pharmaceutique et le laboratoire pharmaceutique danois Novo Nordisk. Le département de Lotfi Benbahmed contre le laboratoire pharmaceutique, à qui il reproche d’user de lobbying et de diffamation pour faire pression, ne manque pas. 

De la vente concomitante au non-respect des engagements contractuels avec Saidal dans le segment insuline, en passant par la rétention de médicaments et les manœuvres pour s’attribuer les parts de marché PCH revenant à Saidal, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a enfoncé hier le laboratoire danois et promet de sévir contre toute tentative de « porter atteinte aux intérêts de l’économie nationale »

« Le ministère de l’Industrie Pharmaceutique se réserve le droit d’user de  toutes  les mesures et voies  prévues par la législation et la réglementation en vigueur à l’encontre de toute personne physique ou morale qui userait de diffamation de manipulation de l’opinion ou de lobbying contraires aux intérêts de l’économie nationale et de la préservation de  la santé de nos concitoyens ». Telle a été la réponse apportée par le ministère de l’Industrie pharmaceutique au communiqué diffusé il y a quelques jours par le fabricant de médicament, Novo Nordisk.

En effet, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a tenu à apporter quelques éclaircissements concernant la brouille qui l’oppose au laboratoire danois qu’il somme de respecter ses engagements et de se soumettre à la réglementation en vigueur dans le secteur.  Il met d’abord les choses au clair en rappelant que le ministère est une structure aux prérogatives régaliennes qu’on ne peut accuser de propager des « allégations ». « Le ministère de l’Industrie pharmaceutique se rapportant à ses attributions, et en application du programme du Président de la République et du  plan d’action gouvernemental, œuvre  au développement de l’industrie pharmaceutique, à la régulation de la disponibilité et la qualité des produits pharmaceutiques, en s’appuyant  sur ses organes   notamment l’Inspection générale et les différentes directions de l’administration centrale en charge de  la production,  de la Régulation, de la Veille stratégique, et  de la numérisation, ainsi que sur les outils  mis en place dans le cadre du suivi de la disponibilité notamment l’ Observatoire national de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques regroupant différents ministères (Défense, Intérieur, Santé, Travail et Sécurité Sociale) ainsi que l’ensemble des ordres et syndicats des pharmaciens et médecins, ainsi que les associations de producteurs, de distributeurs, de malades et de consommateurs, la plateforme numérique pour le suivi des programmes prévisionnels d’importation avec agendas de livraison, des programmes prévisionnels de production, ainsi que l’état de stock hebdomadaire des établissements pharmaceutiques de production et d’importation » et de ce fait, « les termes de la communication du Ministère de Industrie Pharmaceutique ne sauraient être définis + d’allégations+ par une partie de surcroît déclarée défaillante à de multiples niveaux », rappelle avec fermeté le département de Benbahmed. Et de mettre en avant par la suite les griefs reprochés au laboratoire pharmaceutique et les défaillances ainsi soulignées. Des défaillances enregistrées en ce qui concerne la rétention d’insuline et le non-respect des programmes d’importation devant garantir l’approvisionnement du marché et un suivi ainsi qu’un contrôle du marché et des importations en question. Le communiqué souligne ainsi « la mise en demeure notifiée par l’Inspection Générale du Ministère de l’Industrie Pharmaceutique en date du 31 janvier 2022 suite à la rétention d’insuline», «des convocations  multiples de la Direction technique de Novo Nordisk par la Direction de la Régulation et la Direction de la veille stratégique l’enjoignant à déposer les programmes d’importation en 2021 et à les réaliser en 2022».  Le ministère met également en avant les «nombreux Procès-verbaux de l’Observatoire national sur la disponibilité attestant de phénomène de rétention  et de tension persistante tel que relevé par les acteurs du marché », ainsi que les «dénonciations officielles au ministère de l’Industrie Pharmaceutique  de  l’Association des distributeurs pharmaceutiques (ADPHA-, sur la vente concomitante systématique pratiquée par les services commerciaux du dit laboratoire ». 

Le marché PCH détourné

Abordant le projet de production, le département de Benbahmed a rappelé que «pour n’avoir pas respecté ses engagements en terme de production d’insuline en Algérie Novo Nordisk avait été interdit d’importation entre 2001 et 2003». «En 2012 Novo Nordisk  signe un contrat avec Saidal pour produire les insulines Novo Nordisk dans l’unité où Saidal produit  de l’insuline (INSUDAL) en flacons depuis 2006», explique le document qui indique que «non seulement plus aucune  production d’insuline ne sera réalisée sur ce site mais Novo Nordisk reprendra le marché PCH de Saidal par de l’Importation». La même source rappelle également qu’ «en 2019, de nouveau, un mémorandum d’entente est signé pour une Joint-venture  Novo Nordisk /Saidal pour une unité de production d’insuline à Boufarik».  «2022 : Plus de 23 ans après ses premiers engagements aucune production d’insuline n’a été réalisée par Novo Nordisk en Algérie », tance le ministère de l’Industrie pharmaceutique. Et de rappeler que «l’Etat Algérien a mis en place toutes les conditions pour la réussite de ce projet en Joint-venture avec Saidal notamment en accordant en concession à Novonordisk un terrain à Boufarik dans lequel celle-ci a réalisé uniquement une unité  de montage de stylos servant à  injecter l’ insuline et toujours pas d’unité de production d’insuline», soulignant que «le comble c’est que désormais Novonordisk présentera ce terrain concédé par l’État Algérien comme un apport pour valoriser ses parts dans le cadre de la future association avec l’entreprise publique Saidal». Selon la même source «les multiples réunions organisées au ùinistère de l’Industrie Pharmaceutique depuis 2020  et les différents rapports de Saidal font ressortir des exigences de Novo Nordisk  économiquement et réglementairement inacceptables  par Saidal  notamment en s’arrangeant une majorité absolue et en proposant à Saidal une position de faire valoir avec des parts minoritaires  non bloquante,  vouant ainsi à l’échec cette Joint-venture ». Et de révéler que «le ministère de l’Industrie Pharmaceutique a, en réunion,  relevé et opposé  officiellement, en présence de Saidal,  tous ces dépassements et incohérences  au dit laboratoire qui ne peut en aucun cas déclarer sa stupéfaction». «De plus il lui a été exigé  d’approvisionner plus régulièrement le marché en application de son programme d’importation,  d’instruire ses services commerciaux à l’effet d’interdire  ses pratiques  de vente concomitante et de rétention de produits et de clairement se déterminer sur sa volonté d’adhérer à la politique pharmaceutique nationale  notamment à travers une Joint-venture équilibrée avec Saidal», explique-t-on. 

La messe est dite et le laboratoire pharmaceutique est sommé de respecter ses engagements et de se soumettre à la réglementation au risque de s’exposer à des mesures et sanctions. 

Le ministre de l’Industrie Pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a dénoncé, jeudi dernier dans un entretien avec le site « Santé DZ » les agissements du laboratoire pharmaceutique, Novo Nordisk.  Il a indiqué que «certains laboratoires pharmaceutiques, comme Novo Nordisk, ont tendance à ne pas respecter leurs engagements». Benbahmed a révélé qu’«un programme d’importation de 3 millions d’unités a été mis en place pour ladite entreprise pharmaceutique. Cette quantité pour importation était ordonnée en 2021, sauf qu’elle n’a toujours pas été soldée à ce jour, en plus, ajoute le ministre, du fait que «Novo Nordisk  serait même allé jusqu’à faire de la promotion pour inciter les professionnels de la santé à prescrire une dose plus importante aux malades ». D’après les révélations du ministre Benbahmed, l’entreprise pharmaceutique a mis en œuvre cette stratégie dans le but d’établir une situation de monopole».  Le lendemain, un communiqué du laboratoire danois se voulait une réponse aux déclarations du ministre, et indiqué que le laboratoire a «appris avec stupéfaction», ce qu’il a considéré comme «allégations», qu’elle «conteste »

Salim Abdenour

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