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Un nouveau scandale éclate au Port de Mostaganem / Réseau Tahkout : quelles ramifications ?

L’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, emprisonné pour corruption, fait de nouveau parler de lui. Un nouveau scandale au Port de Mostaganem, et qui concerne la sortie illégale d’un millier de véhicules désassemblés et appartenant au Groupe Tahkout alimente de nombreuses interrogations quant aux activités de l’homme d’affaires, actuellement en détention et de son réseau. Dans une plus large mesure, cela alimente le débat sur les résidus de la « Issaba » et leurs activités supposés.

La nouvelle est tombée comme un couperet jeudi. Le parquet de Mostaganem publiait un communiqué relatif à l’ouverture d’une enquête sur des agissements douteux au Port de Mostaganem, et dans laquelle Mahieddine Tahkout, en détention depuis 2019 est impliqué. L’affaire concerne la sortie, depuis l’enceinte du port, de 311 conteneurs contenant plus de 1000 voitures désassemblées dans des conditions qui sont loin de respecter la réglementation en vigueur. Une affaire toujours en instruction, et dont les détails n’ont pas été dévoilés, malgré nos diverses tentatives d’en savoir plus. Nos sources se contentent juste d’expliquer que l’enquête en cours déterminera les circonstances d’exfiltration de ces équipements du Port de Mostaganem et depuis quand sont-ils stockés dans l’enceinte portuaire. Des détails loin d’être anecdotique, d’autant que l’affaire est récente et implique de hauts responsables, à l’image du premier responsable du port de Mostaganem et du P-DG du Groupe Serport, Djelloul Achour, démis de ses fonctions par le ministère de Transports lequel a décidé de nommer l’ancien PDG de l’Entreprise portuaire d’Annaba (EPAN), Karim Harkati, a pour assurer l’intérim. Si le désormais ex-P-DG de Serport se défend en assurant n’avoir donné aucune instruction et n’avoir rien à se reprocher, nos sources assurent que celui-ci est cité dans cette affaire et que l’enquête déterminera le rôle de chacun. 

Au-delà de ces faits, cette nouvelle affaire alimente les interrogations quant aux activités du réseau Tahkout et par extension des résidus de la Issaba, d’’autant plus que l’affaire Tahkout n’en est pas à son premier rebondissement mais au troisième en quelques mois à peine. 

Les Algériens ont encore à l’esprit les images publiées par la Direction générale de Sûreté nationale sur le trésor caché de Mahieddine Tahkout et de ses complices, suite à la perquisition opérée au mois de mars dernier par les services de sécurité au niveau de parcs et d’entrepôts situés au niveau de la Capitale et à Béchar. Une perquisition qui s’était soldée par la saisie de 507 véhicules qui se trouvaient dans plusieurs parcs et garages appartenant à l’homme d’affaires emprisonné à Reghaia, Ouled Fayet, Dar el Beida, Staouali et à Bechar. Dans les garages il y avait également, entre autres, des Jet Sky, des bateaux de plaisance, des camions et des motos, le tout pour une valeur de 10 milliards de dinars. Une saisie qui ne représente en final que la partie visible de l’iceberg au regard des diverses découvertes que font les services de sécurité au cours de leurs enquêtes. Des enquêtes qui ont mené dans un premier temps à l’arrestation de plusieurs membres de la famille Tahkout et responsables de « Cima Motors », au mois de mars 2021 pour le recel de biens saisis par la Justice. En effet, le Tribunal de Rouiba avait alors ouvert une enquête après la vente de quelque 300 véhicules model 4X4 stationnés dans un parc sous douanes par Bilel Tahkout en février 2021 dès sa sortie de prison et qui avait réussi aisément à leur obtenir la carte jaune. Ce dernier a d’ailleurs été condamné dans cette affaire à 5 ans de prison au mois de janvier dernier. Des peines allant de 2 à 4 ans de prison ferme ont été prononcées contre les autres accusés, en l’occurrence Ali et Hamid Tahkout frère de Mahieddine Tahkout ainsi que son fils Brahim, et la représentante juridique de la société Cima Motors. Ils avaient été poursuivis pour entrave au bon déroulement des investigations judiciaires. Mais au-delà de l’accusation retenue, c’est l’usage des biens recelés qui suscite des questions. Selon certaines sources, les Tahkout auraient réinvestit l’argent de la vente de ces grosses cylindrées au montant s’élevant à plusieurs dizaines de milliards de centimes pour financer des opérations visant à la déstabilisation. Au-delà, la résurgence de nouveaux scandales liés à l’homme d’affaires emprisonné aux côtés de plusieurs membres de sa famille laisse interrogateur quant aux ramifications de ses réseaux. 

Salim Abdenour

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