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Intrusion européenne dans les rapports algéro-espagnols : Alger met le holà !

L’Algérie a réagi avec vigueur et fermeté contre l’immixtion de l’Union européenne dans les tensions diplomatiques qui marquent aujourd’hui les relations entre l’Algérie et l’Espagne.  L’Algérie défend une décision souveraine, prise pour des motifs parfaitement légitimes et dénonce une tentative vaine et malveillante de faire pression.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a tenu à rappeler que le Traité d’amitié et de bon voisinage entre l’Algérie et l’Espagne est un accord bilatéral dont la suspension n’affecte pas les engagements de l’Algérie envers l’UE, que ce soit de manière directe ou indirecte. Il a également dénoncé avec force et vigueur les insinuations européennes sur l’approvisionnement en gaz algérien qu’il qualifie de « fantaisistes et malveillantes ». 

« La précipitation et le parti-pris de ces déclarations mettent en évidence le caractère inapproprié de leur contenu, s’agissant d’un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale n’ayant aucune incidence sur les engagements de l’Algérie à l’égard de l’UE et ne nécessitant par voie de conséquence nullement le déclenchement d’une quelconque consultation européenne aux fins de réaction collective », note le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. Et de rappeler que « la décision de suspendre le Traité algéro-espagnol d’amitié, de bon voisinage et de coopération répond à des considérations légitimes, qui tiennent pour l’essentiel à ce que le partenaire se soit délié d’obligations et de valeurs essentielles inscrites dans ce Traité, prenant ainsi la responsabilité de vider cet instrument juridique de sa substance et de mettre en cause sa pertinence dans les relations entre les deux parties audit traité ». « Au vu de ce constat, le Gouvernement algérien a pris soin de préciser publiquement la portée de la mesure conservatoire qu’il a été amené à prendre pour préserver des intérêts suprêmes, d’ordre moral et stratégique, du pays face à des actes attentatoires à l’objet et à la finalité du Traité », souligne encore le département de Ramtane Lamamra. 

Un traité vidé de son contenu

Il serait utile de rappeler dans ce contexte que le traité d’amitié et de bon voisinage signé entre l’Algérie et l’Espagne en 2002, dépasse le simple cadre commercial, et devait mettre en place un cadre de coopération global qui concerne la coordination entre les deux pays sur les questions diplomatiques, militaires de lutte contre le terrorisme et de coopération dans les domaines de l’investissement, de l’éducation et des médias. Plus important encore ce traité d’amitié est assis en premier lieu sur le respect de la légalité internationale. Engagement sur lequel le Gouvernement Sanchez s’est assis au regard de son revirement soudain et surprenant sur la question du Sahara occidental en contradiction avec le respect du droit international.  Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger dénonce par ailleurs les déclarations de l’UE concernant la nature des rapports économiques entre l’Algérie et l’Espagne. « D’évidence, la prétendue suspension des relations commerciales et d’investissement avec l’Espagne, étalée dans lesdites déclarations officielles européennes, y est précipitamment invoquée sans aucun fondement, et les instances communautaires européennes ne disposent en l’occurrence d’aucune base juridique pour établir leur compétence en la matière », note le communiqué. Et d’ajouter que « cette intrusion malencontreuse est le fait d’une personnalité manifestement commise à l’amplification des thèses de sa diplomatie nationale au détriment de la préservation des intérêts bien compris de l’UE au sein de laquelle l’Algérie s’honore de compter de nombreux amis et partenaires fiables et responsables ». Et de poursuivre : « Cette intrusion est d’autant plus douteuse et paradoxale qu’elle prend la consistance d’une vaine tentative de pression sur un pays du Sud jaloux de son indépendance nationale lorsqu’on la compare avec la posture circonspecte de la Commission européenne dans le cas récent d’un contentieux commercial majeur concernant un État-clé de l’Union qui a été amené à rappeler ses ambassadeurs auprès de deux États développés non-européens avec lesquels il était en conflit d’intérêts ». « En tout état de cause, l’Algérie qui a toujours tenu ses engagements dans le cadre de son Accord d’association avec l’UE, s’attache légitimement à promouvoir tous les volets pertinents de ce cadre, dans la transparence, en dépit du caractère asymétrique de la structure des échanges commerciaux entre les deux parties et des déséquilibres empêchant le développement d’un partenariat économique mutuellement avantageux », rassure le ministère. Et d’ajouter : « L’Algérie rejette également, comme fantaisistes et malveillantes, les insinuations et interrogations relatives à la question de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz, alors même que le président de la République lui-même a eu à affirmer solennellement la détermination de la partie algérienne à s’acquitter de ses obligations contractuelles y afférentes ». Et de conclure : « Au demeurant, cette question qui concerne des entreprises des deux pays sur des bases strictement commerciales ne se pose nullement dans le contexte des relations énergétiques avec les autres acquéreurs de gaz algérien dans l’espace euro-méditerranéen qui s’acquittent de leurs obligations contractuelles avec la même bonne foi que l’Algérie ». Car si l’Algérie réaffirme ses engagements en tant que partenaire et fournisseur fiable de gaz naturel au marché européen, elle rappelle que cette fiabilité et respect des engagements doivent être réciproques en toute « transparence et bonne fois ». 

Pour rappel, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, l’Espagnol Josep Borrell et le du vice-président exécutif en charge du commerce de l’UE, Valdis Dombrovskis, ont commis une tentative d’intimidation contre l’Algérie. Ils ont déclaré à l’issue d’une réunion tenue à Bruxelles avec le ministre espagnol des Affaires étrangère Manuel Albares que la Commission évalue « les implications des actions algériennes », dont l’instruction donnée aux institutions financières « d’arrêter les transactions entre les deux pays, qui semble être en violation de l’Accord d’association UE-Algérie, en particulier dans le domaine du commerce et de l’investissement ». Et d’ajouter que  l’UE est « prête à s’opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l’encontre d’un Etat membre » étant donné que la politique commerciale est une compétence exclusive de l’Union.  

Chokri Hafed

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