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La Justice pointe la préméditation dans la traversée vide du Tassili II : Qui veut couler Algérie Ferries ?

Deux traversées en la France et l’Algérie des Car-Ferries Tassili II et Badji Mokhtar III appartenant à Algérie Ferries presque vides le 2 juin ont suscité le scandale.  Aujourd’hui 

la Justice a pointé du doigt le caractère prémédité des actes qui ont conduit au scandale. Des conclusions qui mettent en avant, au-delà des lacunes dans la gestion de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs, plus connue sous le nom Algérie Ferries, une intention de nuire, pour ne pas dire de saboter le pavillon national !

Hier, le Procureur de la République près le Pôle pénal national économique et financier de la Cour d’Alger a rendu public les résultats préliminaires de l’enquête diligentée dans l’affaire du navire « Tassili II » ayant effectué, début juin, une traversée Marseille (France)-Skikda quasiment vide. Des conclusions qui démontrent, affirme-t-il, qu’il s’agissait « d’une « action délibérée avec la complicité des responsables de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) ». Le communiqué que le magistrat a publié hier indique : « Selon les résultats préliminaires de l’enquête, il s’agit d’une action délibérée avec la complicité des responsables de l’entreprise, d’autant que le recours à la réquisition d’un navire vide se fait uniquement en cas d’importantes réservations à l’étranger », soulignant que le navire a fait la liaison entre Marseille et Skikda avec seulement à son bord 39 passagers et 21 véhicules, alors que sa capacité est de 1.300 passagers et 300 véhicules. 

Et d’ajouter que les résultats préliminaires montrent également « la réalisation, de manière délibérée, de réservations virtuelles sur le système de réservations de l’entreprise au niveau central pour empêcher les voyageurs de faire des réservations ». Plus grave, la Justice pointe du doigt la concordance des événements avec la traversée d’un autre Car Ferrie le Badj-Mokhtar III, lui aussi revenu de Marseille quasiment vide à Alger, au moment où les membres de la communauté nationale établie en France s’étripaient pour obtenir un billet pour la traversée.   « Ces faits ayant coïncidé avec la traversée Marseille-Alger effectuée par le +Badji-Mokhtar III+ le 02/06/2022 et faisant l’objet d’une enquête au niveau du Pôle pénal national économique et financier, le juge d’instruction en a été saisi pour verser ces informations au dossier d’instruction ouvert à son niveau contre les mêmes accusés », selon le communiqué. Dans ce contexte, la Cour d’Alger rappelle « qu’en date du 27 juin courant une saisine est parvenue du parquet près le tribunal de Skikda avec un rapport sur les faits, ainsi que les procédures de l’enquête menée par les services de la police judiciaire le 14 juin sur une affaire de corruption ayant entrainé préjudice aux citoyens et à l’ENTMV suite à la traversée effectuée sans passagers par le navire algérien +Tassili II+ le 1er juin courant Alger-Marseille avant de regagner le lendemain le port de Skikda étant quasi-vide avec à bord seulement 39 voyageurs et 21 véhicules ».

Il est vrai que cette affaire a suscité un véritable scandale aussi bien en Algérie qu’au sein de la communauté algérienne établie en France, d’autant que ces dessertes ont été effectuées à vide alors que l’on se bousculait au niveau des agences d’Algérie Ferries pour obtenir des billets, tandis que les responsables de la compagnie publique s’égosillaient du fait que toutes les traversées étaient réservées à pleine capacité jusqu’au mois de septembre ! Au-delà de l’effet négatif de ce scandale sur l’image de l’Algérie et du pavillon national, ces pratiques ont un coût économique certain et porte un nouveau coup à une compagnie qui a déjà subi d’importantes pertes du fait de la pandémie de covid-19. Si l’on a pointé du doigt au départ la gestion hasardeuse de l’ENTMV, les accusations de la Justice mette au jour une volonté manifeste de couler le pavillon national, dont il reste à définir les contours, l’origine et les responsabilités. L’affaire a d’ailleurs fait tomber plusieurs tête à Algérie Ferries. 

Le 2 juin, Le ministre des Transports, Abdellah Moundji a mis fin, jeudi, sur instruction du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, aux fonctions du Président directeur général de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), Kamel Issad et de son Chef d’escale à Alger, Kamel Eddalia  « pour leur attitude attentatoire à l’image de l’Algérie et préjudiciable aux intérêts des citoyens ».

Par ailleurs, le juge d’instruction près le Pôle pénal national économique et financier a ordonné le placement en détention provisoire du Directeur général de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), du directeur marketing et fret et du directeur commercial, ainsi que le placement sous contrôle judiciaire d’autres responsables au sein de la même entreprise, à la suite de l’affaire relative de la traversée du Badji Mokhtar III qui « ne transportait que 72 passagers et vingt-cinq (25) véhicules, en dépit de sa capacité d’accueil de 1.800 passagers et de plus de 600 véhicules, et malgré le grand nombre de voyageurs qui voulaient s’inscrire pour cette traversée ».

Chokri Hafed

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