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Funérailles de Shinzo Abe : Pékin fustige la présence d’un responsable taïwanais

La Chine a accusé hier Taïwan de « manipulation politique » après l’envoi aux funérailles de l’ex-Premier ministre japonais Shinzo Abe du vice-président William Lai, le plus haut dirigeant taïwanais à visiter le Japon depuis des décennies. Les dirigeants chinois considèrent Taïwan, île peuplée d’environ 23 millions d’habitants, comme une partie intégrante du territoire national, en attente de réunification depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Les pays ayant des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine (Pékin) s’abstiennent généralement d’avoir des échanges officiels avec la République de Chine (Taïwan). Interrogé hier sur la présence du vice-président taïwanais William Lai aux funérailles de Shinzo Abe, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a condamné cette visite. « Déjà, laissez-moi vous corriger sur un point. Taïwan fait partie de la Chine et n’a pas de soi-disant vice-président », a déclaré M. Wang devant la presse. « Après la mort soudaine de l’ex-Premier ministre japonais Shinzo Abe, les autorités taïwanaises en ont profité pour se livrer à de la manipulation politique (…) Ce complot politique ne parviendra pas à ses fins », a dit le porte-parole. Pékin a par ailleurs protesté solennellement auprès de Tokyo, a indiqué Wang Wenbin. Taïwan est resté discret sur cette visite. Mais les médias de l’île assurent que William Lai s’est rendu au Japon sur demande de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, issue d’un parti indépendantiste et bête noire de Pékin. Le Japon, ex-puissance coloniale à Taïwan (1895-1945) ne reconnaît pas formellement le gouvernement taïwanais. Mais leurs relations se sont réchauffées ces dernières années au fil des critiques répétées de Tokyo contre Pékin. Les responsables japonais ont cherché à minimiser la visite de William Lai. Le ministre des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, a déclaré hier que le responsable taïwanais avait assisté aux funérailles « à titre privé ». « Il n’y a aucun changement dans la politique fondamentale de notre pays qui consiste à maintenir nos relations avec Taïwan sous la forme d’une relation de travail, non-gouvernementale », a-t-il souligné. Les médias taïwanais ont qualifié Shinzo Abe de « Premier ministre japonais le plus favorable à Taïwan » en raison de son soutien face à la pression militaire et économique chinoise ces dernières années. L’ex-dirigeant assassiné était toutefois impopulaire en Chine, notamment en raison de ses visites répétées au sanctuaire Yasukuni à Tokyo, un mémorial perçu dans les pays voisins comme un lieu de glorification du passé impérialiste japonais.

R.I. 

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