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Marché pétrolier : L’Opep fait de la résistance 

Après le Secrétaire général de l’Organisation ses pays exportateurs de pétrole, le ministre saoudien de l’Energie, Abdelaziz ben Salmane a fait une mise au point claire quant au rôle de l’Opep+ dans la stabilisation d’un marché pétrolier « tombé dans un cercle vicieux de faible liquidité et de volatilité extrême ».

L’Opep n’a pas l’intention de céder aux pressions occidentales en ce qui concerne la production de pétrole, ni n’entend mettre fin au mécanisme de coopération avec les producteurs non-Opep qui a grandement contribué à stabiliser le marché pétrolier et de réduire l’effet de l’extrême volatilité qui le caractérise. Au-contraire les alliés travaillent aujourd’hui sur un nouvel accord au-delà de 2022. Une position qui unit d’ailleurs l’ensemble des signataires de la Déclaration de coopération et notamment les grands producteurs. Ainsi, et après la mise au point adressée il y a quelques jours par le SG de l’Opep au pays consommateurs, à l’occasion d’un entretien avec l’agence de presse britannique Reuters, c’était au tour hier du ministre saoudien de l’Énergie d’abonder dans le même sens, en indiquant que l’Opep+ avait les moyens notamment de « réduire à tout moment sa production » pour faire face aux défis d’un marché pétrolier « tombé dans un cercle vicieux de faible liquidité et de volatilité extrême ».

« La volatilité et la faible liquidité envoient des signaux erronés aux marchés à un moment où l’on a besoin le plus de clarté », a dit le ministre saoudien qui s’exprimait dans un entretien à Bloomberg, cité par l’Agence de presse saoudienne SPA.

Le ministre saoudien a prévenu que « le cercle vicieux » dans lequel est plongé le marché selon lui est « amplifié par un flux d’histoires infondées » portant sur « une destruction de la demande, des nouvelles sur un retour de grands volumes d’offre, et l’ambiguïté et l’incertitude sur les impacts potentiels des plafonds de prix, des embargos et des sanctions. » »Au sein de l’OPEP+, nous avons connu un environnement beaucoup plus difficile par le passé et nous en sommes sortis plus forts et plus soudés que jamais », a affirmé le ministre saoudien. « Nous allons bientôt commencer à travailler sur un nouvel accord au-delà de 2022 ». Une mise au point qui doit clarifier les choses en ce qui concerne l’avenir de la coopération entre l’Opep et ses alliés pour les mois à venir, d’autant que les marchés et les pays consommateurs tablaient sur une dissolution de l’alliance de facto dès le retour de la production des pays de l’Opep+ à leurs niveaux d’avant crise.  Le propos du représentant de l’Arabie saoudite démontre ainsi que l’alliance établie afin de permettre de gérer la crise des marchés pétroliers, notamment durant la pandémie et de mettre un terme à la guerre des prix entre l’Arabie saoudite et la Russie, a démontré sa pertinence et son intérêt pour les producteurs en permettant de stabiliser les marchés maintenir les cours du baril à des niveaux appréciables après que ces derniers soient tombés à moins de 20 dollars au plus haut de la crise. Un dialogue toujours d’actualité d’autant que le marché est soumis plus que jamais à des facteurs de volatilité. En sus des facteurs géopolitiques, la hausse des taux d’intérêts des grandes banques centrales et des perspectives économiques moroses, aux USA, en Europe et en Chine alimentent des pressions à la baisse sur les marchés pétroliers. 

En tout état de cause, la déclaration du ministre saoudien de l’énergie a fortement impacté les marché, poussant de nouveaux les prix à la hausse.

Le Brent s’approche des 100 dollars

Après avoir plongé en début de journée lundi, les cours se sont néanmoins redressés, tant le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre que celui de WTI américain repartant à la hausse mardi, à la faveur de déclarations, à l’agence Bloomberg, du ministre saoudien de l’Energie Abdulaziz ben Salmane. Le Brent ou brut de mer du nord, se négociait ainsi à 97,01 dollars, en hausse de 0,58%. Son équivalent américain de West Texas Intermediate (WTI), progressait de 0,74% à 91,02 dollars.

Pour leur part, les prix du gaz ont explosé propulsés par les incertitudes portant sur les livraisons de gaz russe en Europe via le gazoduc Nord Stream 1, ravivant les craintes que la crise énergétique ne provoque une récession sur le Vieux-Continent.

Peu avant 08h00, le contrat à terme du TTF néerlandais, référence du marché européen du gaz naturel, bondissait de 13,17% à 276,75 euros le mégawattheure (MWh), après avoir touché la veille les 295 euros, un niveau inédit depuis les séances très volatiles des premières semaines de l’invasion russe de l’Ukraine mi-mars. Le géant gazier russe Gazprom a annoncé vendredi que ses livraisons de gaz à l’Europe par le gazoduc Nord Stream 1 seraient interrompues pendant trois jours, du 31 août au 2 septembre, pour des raisons de « maintenance ».  En l’espace d’une semaine, les prix du gaz ont décollé de 25,7%, les hausses mensuelles et annuelles s’établissant désormais à plus de 56% et 563%, respectivement. Aux États-Unis aussi, le gaz naturel flambe et son prix montait encore mardi à 9,915 dollars par million de British thermal unit (BTU), unité de mesure anglo-saxonne. Lundi, il s’était hissé à 9,982 dollars/BTU, une première depuis 14 ans.

Chokri Hafed

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