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Ali Sahel, vice président du Parlement africain de la société civile : « L’Algérie a toutes les chances de s’imposer sur le marché africain »

Entretien réalisé par Amar Malki

La Sentinelle : Quel est le rôle du Parlement de la Société civile ?

Ali Sahel :Le Parlement africain de la société civile est le fruit de l’initiative des associations membres de l’Ecosoc des Nations Unie. Nous avons créé espace de concertations africaines qui aborde de multiples sujets, particulièrement la migration irrégulière que nous avons traité d’ailleurs en organisant en 2018 une rencontre à Alger. Ce sujet est d’actualité vu le nombre des morts et des drames qu’a connus l’Afrique. Maintenant, nous abordons plus de sujets sur le développement et l’entrepreneuriat dans un esprit de solidarité entre les Africains. Compte tenu de nos préoccupations communes, l’Algérie s’est inscrite, depuis 2 ans, dans la dynamique africaine  avec l’adhésion à la Zelcaf. Grâce aux initiatives des autorités, il y a, aujourd’hui, une présence réelle des entreprises algériennes en Afrique, en matière de commerce, dans l’agro-alimentaire et dans la manufacture, pour ne citer que ces domaines. Nous pouvons faire encore mieux, car, notre place est plus grande en Afrique.

Comment la société civile peut-elle contribuer à l’essor économique et au développement solidaire en Afrique, ainsi qu’au redéploiement économique de l’Algérie en Afrique ?

Il y a un terrain très propice pour l’économie algérienne. Il faut rassurer l’opérateur économique,  et lui assurer un certain nombre de garanties notamment en terme de commercialisation de produits et de transferts de devises. Secundo, il est nécessaire de l’accompagner sur le plan diplomatique. Les missions diplomatiques algériennes doivent être associées dans l’effort de l’opérateur économique.  Notre atout principal est que nous avons assez de produits qui peuvent concurrencer les produits venant de l’extérieur de l’Afrique. Deuxièmement, nous avons une histoire appréciée par les Africains, le nombre des étudiants qui suivent leurs études en Algerie est important. En 2021-2022, il y a eu 12 500 étudiants africains qui ont suivis leur cursus dans les universités algériennes et dans de différentes filières. Le terrain en Afrique est ouvert pour l’Algérie. Il y a des opportunités dans beaucoup de pays comme la Guinée, la Côte d’ivoire, le Rwanda, , le Bénin, le Congo.Dans ces pays que nous avons visités, tout le monde est favorable à ce redéploiement de l’Algérie, en plus de l’existence du potentiel humain, leurs formations précédentes que nous avions assuré depuis 1962. Nous sommes convaincus de l’existence d’un corridor économique important. Maintenant, il revient aux Algériens d’être audacieux. Nous devons être courageux si on veut être plus présents en Afrique en prenant en compte l’exemple des Chinois et les Russes.

Les pouvoirs publics ont pris des mesures pour encourager le déploiement des opérateurs économiques en Afrique. Est-ce suffisant ?

Les dernières initiatives prises par le Gouvernement, notamment l’ouverture de lignes aériennes et maritimes vers les villes africaines ainsi sur le plan des finances, des banques, comme la BNA, qui ouvriraune filiale au Sénégal, sont à saluer. On a pris conscience que nous pouvons gagner l’argent qu’en Afrique et pas ailleurs comme en Europe. En Europe, nous ne pouvons que vendre le gaz. Or, nous pouvons vendre les produits manufacturés et autres agro-alimentaires en Afrique. Il faut d’abord sécuriser les investisseurs le plan financier et sur le plan diplomatique pour protéger et défendreles opérateurs économiques, les accompagner dans la prospection des marchés et déblayer le terrainpour eux.

Et quel est donc le rôle de la société civile dans ce sens ?

Le Parlement africain de la Société civile peut être source d’information comme il peut se constituer en partenaire qui accompagne, à travers les relais existant au niveau de chaque pays. Les relais sont indispensables pour accéder aux marchés africains compte tenu de la concurrence internationale où l’on trouve des Libanais, des Marocains etc. La concurrence est rude, en plus des Chinois, les Russes et des Turcs.  Tout le monde a compris que l’Afrique est le continent le plus riche et qu’il fait aussi office de principal relai de croissance pour l’avenir. L’Algérie a pris conscience des enjeux, assume ses responsabilités pour aller de l’avant dans ce marché. D’autant plus que les garanties sont présentes. La création d’un corridor économique transsaharien grâce à la triple liaison gazière, routière et par fibre optique entre le Nigeria et l’Algérie place l’Algérie en première lignedans les négociations internationales. Compte tenu de ces grands projets stratégiques, nous sommes sur la bonne voie nous permettant de construite l’Afrique que nous ambitionnons, une Afrique Unie, forte, prospère pour les peuples d’Afrique. Et qu’on arrête les différents drames que nous vivons comme ces départs sans retour de ces jeunes  ou encore ces jeunes victimes des violences. Le génie africain existe, les compétences aussi il est temps de les valoriser.

Qu’en est-il des rivalités susceptibles de faire barrage à l’investissement algérien en Afrique ?

La concurrence est une règle qui doit stimulee  à faire plus d’efforts. Je ne la vois pas dans la négation. La concurrence et la compétition permettant la réussite.

A nous de mieux nous  ingénier par rapport aux autres. L’Africain est un être humain comme tous les autres, et qui a de la compétence. Les élites africaines ont fait les plus grandes universités du monde. A nous de gagner leur confiance en prenant en compte l’atout que nous disposons : l’histoire commune, et prendre également en considération que l’Algérie est le seul pays qui a formé des cadres africains. Il était temps de reprendre le relai et de renouer les liens qui nous unissent aux peuples africains en leur donnant des gages. Rien ne se donne pour rien. Il est plus qu’impératif de développer une diplomatie pragmatique. L’ère du dogmatisme est révolue !

A. M.

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