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Conflit du Sahara Occidental : Le chantage aux migrants marocains mis à nu

 Foncièrement cynique et immoral, le Makhzen ne s’interdit aucun moyen pour faire avancer ses pions sur l’échiquier diplomatique. Y compris utiliser ses propres ressortissants. Des médias hollandais révèlent ainsi que les autorités marocaines ont posé des conditions hallucinantes pour accepter de négocier un accord de réadmission avec les Pays-Bas. En fait, le Makhzen a décidé de reproduire avec les autorités hollandaises la même méthode que celle utilisée pour faire plier l’Espagne : le chantage aux migrants. Sauf que dans le cas des Pays-Bas il ne s’agit pas de migrants subsahariens mais plutôt de ses propres ressortissants. Le deal de la honte que propose Rabat à Amesterdam peut se résumer ainsi : « Nous acceptons de reprendre nos demandeurs d’asile. En contrepartie vous ne dites plus rien sur les violations des droits humains au Maroc et vous faites également profil bas sur le dossier du conflit du Sahara occidental. Dans le cas contraire, nous ne reprendrons personne ».

La presse hollandaise estime que « les demandeurs d’asile sont l’atout le plus important dans le jeu diplomatique du Maroc avec les Pays-Bas», surtout que les Marocains en situation irrégulière constituent une minorité visible du fait qu’elle est souvent impliquée dans des troubles dans les grandes villes hollandaises. Cette situation a pour effet de mettre la pression sur le gouvernement hollandais, surtout que l’extrême droite gagne du terrain. «Mohammed VI, suit également l’actualité et sait très bien à quel point le gouvernement néerlandais est préoccupé par ces migrants qui provoquent souvent des troubles dans et autour des centres de demandeurs d’asile et dans certaines grandes villes. Après chaque incident, les appels se multiplient pour expulser ces demandeurs d’asile (…). Mais cela n’est possible qu’avec la coopération du Maroc et Rabat le Maroc le sait », écrit le journal «de Volkskrant».

En agissant de la sorte, le Makhzen cherche d’abord à faire payer aux autorités hollandaises leurs prises de positions en faveur des manifestants lors de la crise du Rif en 2016. On se souvient, la population de cette région était sortie massivement dans les rues pour protester contre la corruption et la répression. Et le ministre des Affaires étrangères hollandais de l’époque, Stef Blok, avait osé dénoncer les peines de prison infligées aux leaders des manifestations du Rif et la répression qui avait touché la population, indiquant que son pays était « du bon côté ». Le Maroc a, depuis, commencé à réduire sa coopération sur le dossier du retour des demandeurs d’asile, cela jusqu’à rompre pratiquement les échanges. C’est ainsi qu’entre 2017 et 2021, le Maroc n’a accepté de rapatrier que 32 ressortissants marocains en situation irrégulière sur 1 220 dossiers présentés par les Pays-Bas.C’est à partir de là, souligne la presse hollandaise, qu’Amsterdam a senti que le Makhzen utilisait ses propres demandeurs d’asile comme un levier pour faire regretter aux Pays-Bas sa position à l’égard du Maroc. Ces derniers temps, le Makhzen a pratiquement adopté le même modus operandi avec le gros des pays européens. Et plutôt que de défendre ses valeurs et de dénoncer le chantage marocain, les Hollandais ont choisi de courber l’échine et de faire comme s’ils n’avaient rien vu et rien entendu.

Une grande partie de la presse hollandaise s’est ainsi montrée scandalisée de voir les Pays-Bas se plier aux désidératas du Makhzen. Les journalistes ont notamment dénoncé le fait que les autorités hollandaises se soient tues sur le cas de l’emprisonnement de journalistes au Maroc. Autre élément qui a déconcerté la presse : le ministre des Affaires étrangères Hoekstra a cherché à adopter une position sur le dossier du conflit Sahara Occidental qui fâche moins le Makhzen. Elle n’est toutefois pas allée jusqu’à reconnaître la prétendue marocanité du Sahara Occidental.

Depuis le Maroc a accepté, pour la première fois depuis 2019, de délivrer des documents de voyage à cinq demandeurs d’asile déboutés. Pour ce qui le concerne, le ministère hollandais des Affaires étrangères a en quelque sorte confirmé le honteux deal lorsqu’il a déclaré que « les liens avec le Maroc se sont améliorés », refusant de confirmer que Rabat et Amesterdam et Rabat ont abouti à un accord sur l’expulsion d’une centaine de demandeurs d’asile marocains, comme rapporté par la presse sur la base de documents officiels.

Khider Larbi

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