À la UneActualité

Création d’une société mixte d’exploration pétro-gazière algéro-turque : Les enjeux d’une coopération énergétique

 La Turquie et l’Algérie vont créer une société mixte spécialisée dans l’exploration de pétrole et de gaz naturel pour opérer dans les pays de la région, en particulier en Algérie. L’annonce a été faite jeudi par Fatih Donmez, ministre turc de l’énergie et des ressources naturelles, lors de sa visite à Alger. « Les deux pays sont parvenus à un consensus sur la création d’une société commune entre Sonatrach, la compagnie nationale pétrolière et gazière d’Algérie, et Turkish Petroleum », a confié Donmez à l’agence Anadolu.

Fatih Donmez, qui a assisté à la 2e Conférence algérienne sur l’investissement en tant qu’invité d’honneur, a discuté de nouvelles étapes dans la coopération bilatérales dans les domaines de l’énergie et des mines avec son homologue algérien, le ministre de l’Énergie et des Mines Mohamed Arkab. Ils ont tous deux convenu d’encourager et de soutenir le travail en commun et les joint-ventures existantes entre les deux pays et la création de la nouvelle société.

La coopération entre les deux pays dans le secteur de l’énergie n’est pas récente en effet. Rien que l’année dernière, l’Algérie et la Turquie se sont lancées dans un projet commun dans le domaine pétrochimique dans le cadre duquel une usine pétrochimique a été fondée dans la ville d’Adana, dans le sud de la Turquie. Le projet a été initié en octobre 2021 en partenariat entre Ronesans Holding de Türkiye et Sonatrach. Environ 90 % des exportations algériennes vers la Turquie sont constituées de matières énergétiques, dont le gaz naturel liquéfié (GNL), le gaz de pétrole liquéfié (GPL), le pétrole brut et le gaz naturel.

L’annonce par l’Algérie et la Turquie de créer une société mixte spécialisée dans l’exploration de pétrole et de gaz naturel intervient à un moment où Ankara multiplie les contacts avec les pays pétroliers et gaziers de la régionafin de s’assurer des parts de marchés dans l’exploration, la production et la vente d’hydrocarbures, en particulier de gaz. Cet activisme s’est accentué depuis la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui sévit en Europe. Malgré les sanctions occidentales qui visent Moscou, la Turquie s’est également beaucoup rapprochée de la Russie. Les Turcs comptent mettre à profit leur position géographique pour devenir un passage obligé pour les hydrocarbures russes en Occident. Les Russes l’ont d’ailleurs très bien compris.

Vladimir Poutine a proposé le 22 octobre dernier à Astana à son homologue turc Tayyip Erdoğan de faire de la Turquie un carrefour de distribution du gaz naturel. Par ce truchement, le gaz russe pourrait être vendu dans des pays tiers, « et notamment en Europe ». Dès le lendemain, le président turc annonçait son intention de construire un centre de distribution du gaz russe, en coopération avec Moscou. Bref, la Turquie aspire à devenir un hub à la fois diplomatique et gazier.

Autrement dit, bien que ne produisant pas elle-même d’hydrocarbures, la Turquie ambitionne de devenir un acteur qui compte dans le secteur gazier et pétrolier. Cette lecture peut expliquer amplement l’intérêt des Turcs pour l’exploration en Algérie et leur souhait de mettre sur pied une société mixte avec Sonatrach. C’est que la firme algérienne spécialisée dans les hydrocarbures peut ouvrir aux entreprises turques des portes au Maghreb, en Afrique et même en Europe, surtout que l’Algérie est liée avec des acteurs africains par des partenariats stratégiques. Dans tous les cas, les ambitions turques servent les intérêts de l’Algérie puisque Sonatrach est à la recherche de partenaires pour mettre en valeur le secteur algériens des hydrocarbures. Le deal algéro-turc devrait être productif surtout qu’il y a désormais une relation de confiance entre Alger et Ankara dont les hommes d’affaires sont très impliqués en Algérie. Bref, les affaires marchent bien entre les deux capitales.

A ce propos, le volume des échanges entre la Turquie et l’Algérie, qui était d’environ 4 milliards de dollars l’an dernier, passera à 5 milliards de dollars d’ici la fin de l’année. Sur la base d’un décret présidentiel publié en mai lors de la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune en Turquie, Alger et Ankara projettent d’atteindre à 10 milliards de dollars à brève échéance. A signaler qu’environ 1 500 entreprises turques opèrent déjà en Algérie et, de l’avis de tous, la marge de progression est très importante.

Khider Larbi

2eouv

Loi organique des lois de finances

Renforcer le contrôle parlementaire sur les finances publiques

La Loi de finances 2023 marque l’entrée en vigueur effective de la nouvelle Loi organique des lois de finances, dans la mesure où le projet de budget pour 2023 est le premier à être présenté dans le respect des dispositions du nouveau cadre réglementaire. Le nouveau texte compte à garantir plus de transparence et d’efficience dans la gestion des finances publiques, mais aussi consolider le contrôle parlementaire. C’est dans ce contexte et à l’avant-veille de la présentation du PLF 2023 en plénière que l’Assemblée populaire nationale a organisé hier une journée parlementaire sur la Loi organique des lois de finances. L’occasion de mettre en avant la contribution de ce texte pour renforcer le contrôle parlementaire sur les politiques publiques et le suivi de l’action de l’Exécutif dans divers secteurs. C’est d’ailleurs ce qu’a mis en avant le président de la chambre basse du Parlement lors de son allocution d’ouverture.  Brahim Boughali a ainsi indiqué que les dispositions du nouveau texte contribueront à « renforcer la coordination entre le Gouvernement et le Parlement dans le cadre des dispositions constitutionnelles pertinentes dans le but d’accroître la flexibilité du contrôle parlementaire ». Et d’ajouter que la Loi organique des lois de finances 18-15, promulguée en 2018 et qui entrera en vigueur en 2023 « se base sur des objectifs prédéfinis, et permet une gestiontransparente des dépenses publiques». Il a expliqué, dans ce sens que «la bonne gouvernance n’est plus seulement une question de formation et de confiance en l’intégrité, mais elle est basée sur les mécanismes, le contrôle des outils et la sélection des programmes, sans oublier la réduction des attentes, lequel se heurte souvent à la réalité».

A cet égard, il a appelé les élus locaux à s’engager dans la nouvelle démarchequi nécessite une conjugaison des efforts desinstitutions et organes de l’Etat, afin d’atteindre les objectifs escomptés. Notons que cette journée parlementaire a permis de présenter les grands axes  de cette nouvelle loi organique qui modifient celle datant de 1984. Ainsi, le député SeddikBakhouchea expliqué que «les modificationsdes lois en vigueur sont susceptibles dedéterminer les besoins suivant les programmes et les estimations réelles des dépenses, tout en mettant en place des mécanismes de garantie pour répondre aux situations d’urgence».Il avance à cet effet que «la loi organique sera mise en œuvre par la Loi de finance 2023 à travers trois étapes».Evoquant les points qui différencient la loi en vigueur du projet de celle de 1984, le parlementaire a mis l’accent surl’adoption du cadre budgétaire pluriannuelqui comprend la loi de finances de l’année prochaine et les prévisions pour les deux années suivantes.La loi exige des administrations publiques et des gestionnaires d’assumer la responsabilité de la mise en œuvre des programmes et d’assurer une meilleure gestion des ressources financières et humaines, a ajouté l’intervenant.Dans le cadre de l’examen de la loi des finances, trois documents seront élaborés relatifs au projet de budget de l’Etat mis en place par la Direction générale du budget. Ce document détaille les revenus sur trois ans, outre un rapport sur les priorités et la planification élaboré par le ministère ou l’entreprise publique. Ce même document définit les propositions de cette instance en fonction de ses différents services. Un autre document sur la répartition territoriale du budget de l’Etat, élaboré par la direction générale du budget, sera également élaboré.Pour le député Youcef Hamdi a affirmé que le changement structurel opéré en matière de gestion financière de l’Etat à travers cette loi organique a créé un lien entre le budget et les politiques socioéconomiques de l’Etat. Il a également introduit le concept de la transparence permettant au citoyen d’accéder aux différentes informations.Le nouveau système budgétaire a conféré une certaine souplesse aux responsables gestionnaires quant à l’initiative, avec un engagement de reddition de comptes, a souligné le député, appelant à l’intensification des cycles de formation en faveur des parties intervenantes dans la mise en oeuvre du budget et les responsables des différents programmes en vue de qualifier la ressource humaine, principal acteur de la nouvelle gestion budgétaire.

Chokri Hafed

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *