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Drame de Melilla/Nador : L’Espagne tente d’étouffer le scandale

L’Espagne tente d’étouffer le scandale provoqué par le drame de Melilla-Nador qui a coûté la vie à au 23 migrants. Des chiffres officiels qui cachent mal l’ampleur du crime commis par les services de sécurité du Makhzen et dans lequel l’Espagne est activement impliquée. En effet, la justice espagnole vient de décider de classer sans suite le dossier après six mois d’enquête. Une décision qui étonne au regard des nombreux rapports et enquêtes qui font ressortir l’implication des services de sécurité espagnoles aux côtés des services du Makhzen. Pire encore la justice espagnole a essayé de donner du crédit à la version du régime marocain sur les incidents ayant émaillé la journée du 24 juin 2022, lorsque près de 2 000 migrants exilés, en majorité originaires du Soudan, avaient tenté d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla, avant le subir une répression meurtrière.

Le parquet espagnol a ainsi incriminé « l’attitude des migrants » qu’il a jugé « constamment hostile et violente, envers les agents marocains et espagnols ». Des propos qui ont d’ailleurs soulevé l’indignation, d’autant plus que les différents rapports et enquêtes publiés sur cette tragédie avancent pourtant une version des faits bien différente que celle présentée jusqu’ici par les autorités marocaines et espagnoles. « Certaines actions des agents espagnols et marocains, comme frapper des personnes immobilisées (…), refuser des soins médicaux d’urgence aux personnes blessées, l’usage répété de gaz lacrymogène contre des personnes se trouvant dans un espace clos dont elles ne pouvaienDrame de Melilla/Nador : L’Espagne tente d’étouffer le scandalet s’échapper, peuvent constituer une violation du droit à ne pas subir de torture et autres mauvais traitements », avait dénoncé mi-décembre Amnesty International.Les images amateurs filmées le jour du drame sont insoutenables : on y voit un amoncellement de corps inertes gisant au sol, des visages de migrants en souffrance, et les forces de l’ordre distribuer des coups de matraque sur des hommes déjà à terre.

Deux enquêtes publiées en novembre par la BBC et le consortium européen Lighthouse Reports, avaient dénoncé la brutalité des forces marocaines et questionné l’action des forces espagnoles. Elles avaient notamment conclu à la mort d’au moins un migrant en territoire espagnol,.Des experts de l’ONU ont pour leur part condamné, fin octobre, le manque de responsabilité attribuée aux autorités marocaines et espagnoles dans ces violences. « Une enquête approfondie, des réparations aux victimes et à leurs familles, ainsi que des garanties que cela ne se répètera pas sont demandées en vertu du droit international des droits de l’homme », ont-ils exigé.Au regard des faits dénoncés de concert par l’ONU et de nombreuses ONG, la décision du parquet espagnol soulève des interrogations. « Ne veulent-ils pas indisposer le Maroc ? », se demande sur Twitter Jon Inarritu, député de Bildu, parti de la gauche séparatiste basque qui soutient l’exécutif au Parlement.

Selon un rapport de l’Association marocaine des droits de l’Homme, présenté samedi, le régime du Makhzen a commis des « violations graves » lors de « procès inéquitables » intentés contre des demandeurs d’asile d’origine africaine, détenus dans le cadre de la tragédie de Melilla/Nador qui a conduit à la mort de dizaines de migrants.  Ce document fait état de plusieurs violations, comme le recours à la « falsification » pour condamner ces détenus africains, au mépris de toutes les conventions internationales liées à la protection internationale des réfugiés, signées par le Maroc.Parmi les violations ayant entaché ces procès « marathons », qui ont duré jusqu’à tard dans la nuit (après minuit), et auxquels l’association a assisté, figurent le fait que ces détenus ont affirmé avoir été « passés à tabac par les forces de sécurité marocaines, ce qui paraît évident eu égard aux différentes blessures sur la tête et le visage ».

Chokri Hafed

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