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Les foyers de tension se multiplient : Des confrontations géopolitiques plus intenses

Pour la première fois depuis plusieurs décennies, une nouvelle année commence avec de nombreuses grandes tensions géopolitiques. La première d’entre elles résulte de la confrontation politique, économique et militaire qui oppose la Chine et la Russie d’une part au monde occidental d’autre part. Ce bras de fer qui a commencé il y a au moins une bonne décennie va se poursuivre durant cette année. La planète paraît même durablement installée dans une logique d’escalade. Les discours prononcés par certains leaders occidentaux à l’occasion du nouvel an accréditent cette lecture.

Pour l’heure, nul ne sait quelle est la tournure que prendront les événements durant les prochains mois. Tous les spécialistes s’accordent néanmoins à dire que le monde n’a jamais été aussi proche d’un conflit mondial. Depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, le monde est plongé dans une guerre froide qui ne dit pas son nom. Depuis, chaque camp s’emploie à mobiliser des moyens et des troupes pour s’assurer la victoire. L’enjeu de la confrontation est clair. Le monde occidental, à sa tête les Etats-Unis d’Amérique, se donne les moyens de maintenir son hégémonie sur la planète alors que des pays comme la Chine ou la Russie s’attèlent à définir les contours d’un monde multipolaire dans lequel les relations internationales seraient plus équilibrées.

Comme au lendemain de la seconde guerre mondiale, le monde s’est engouffré dans une logique de blocs. Alors que les Etats-Unis ont pris prétexte de la guerre en Ukraine pour sauver d’une mort certaine l’OTAN, structure que le président français Emmanuel Macron avait qualifiée quelques mois plus tôt d’ « organisation en mort cérébrale» et renforcer sa présence Europe, Pékin et Moscou se sont attelés à consolider l’ensemble eurasiatique. Pour la Russie, il s’agit même d’un axe stratégique. Plusieurs dirigeants parmi lesquels Vladimir Poutine et Xi Jinping s’étaient d’ailleurs réunis à Samarcande le 15 septembre dernier, en Ouzbékistan, dans le cadre du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Cette organisation joue un rôle diplomatique de plus en plus important dans ce contexte de tensions internationales. En terme géographique, l’OCS est la plus grande organisation régionale de la planète. Elle couvre 34 millions de km2 par ses pays membres et la population des pays membres dépasse les 3 milliards d’individus. Il s’agit d’un véritable poids lourd. L’idée pour Moscou et Pékin est de créer en effet un front diplomatique, économique et militaire contre l’ensemble occidental visant à contrebalancer l’influence occidentale.

Guerre par procuration

Depuis le mois de février dernier et le début de la guerre en Ukraine, les Etats-Unis et d’autres pays de l’OTAN n’ont cessé de jeter de l’huile sur le feu, en imposant des sanctions à la Russie et en fournissant une aide militaire à Kiev. La crise ukrainienne est devenue avec le temps une guerre par procuration, aggravant les tensions géopolitiques en Europe et entraînant une pénurie mondiale d’énergie et de denrées alimentaires. La Finlande et la Suède ont demandé à adhérer à l’OTAN. Les gazoducs Nord Stream ont été endommagés.Face à la crise, la plupart des pays ont refusé de suivre le mouvement pour imposer des sanctions à la Russie. Preuve que l’Occident est perçu avec une grande méfiance pour le reste de la communauté internationale. Dans le sillage de cette crise, la tendance à un monde multipolaire s’est accentuée, et de profonds changements inédits depuis un siècle se sont accélérés dans le monde entier.

Dans sa confrontation avec l’Ouest, la Russie peut vraisemblablement compter sur le soutien de la Chine. Lors d’un échange virtuel vendredi avec son homologue russe, Xi Jinping a insisté ainsi sur l’idée que «dans un environnement international turbulent et en changement, il est important que la Chine et la Russie demeurent fidèles à leur aspiration originale de coopération, maintiennent l’orientation stratégique, renforcent la coordination stratégique, continuent d’être l’opportunité du développement et le partenaire global de l’un et de l’autre, et s’efforcent d’apporter davantage de bénéfices aux deux peuples et d’injecter davantage de stabilité dans le monde ». M. Xi dont le pays est aussi au seuil d’une guerre avec les Etats-Unis en raison de Taïwan a souligné que les deux parties devaient davantage tirer parti des mécanismes existants pour faire progresser leur coopération dans les domaines de l’économie, du commerce, de l’énergie, de la finance et de l’agriculture.

Le président Chinois a indiqué en outre que son pays « est prête à se joindre à la Russie et à toutes les autres forces progressistes du monde qui s’opposent à l’hégémonisme et à la politique de puissance, à rejeter tout unilatéralisme, protectionnisme et intimidation, à sauvegarder fermement la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement des deux pays, et à défendre l’équité et la justice internationales». M. Poutine a soutenu de son côté que « la résilience, la maturité et la stabilité des relations Russie-Chine ont été davantage renforcées », ajoutant que l’importance de la coordination stratégique entre les deux pays était devenue plus solide et que les relations bilatérales pouvaient servir de modèle de relations entre grands pays au 21e siècle. Le message ici est très clair quant à la nette volonté de la Chine et de la Russie de ne pas se laisser faire. L’année 2023 pourrait ainsi bien être cruciale pour les relations internationales dans la mesure où c’est l’issue du bras de fer entre toutes ces grandes puissances qui devrait définir les contours du monde de demain.

Khider Larbi

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