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Ressources en eau : 20 milliards de dollars d’investissements en 20 ans

L’Algérie a mobilisé d’importants investissements pour améliorer l’approvisionnement en eau potable et mobiliser de nouvelles ressources. Cependant, le contexte de changement climatique qui aggrave le stress hydrique impose une nouvelle approche en matière de gestion des ressources. C’est du moins ce que pense l’expert et consultant international en matière de gestion de l’eau, Ahmed Kettab. Invité à s’exprimer sur les ondes de la Radio algérienne, l’expert a rappelé que quelque 20 milliards de dollars ont déjà été dépensés par l’Algérie dans le secteur de l’eau ces vingt dernières années, notamment pour la construction de barrages, dont le nombre s’élève aujourd’hui à 85 (…) Il est prévu, qu’à l’horizon 2025-2030, atteigne les 125 à 130 barrages ». Il pense cependant que le contexte climatique actuel, il est primordial, pour notre pays, d’adapter sa stratégie de la gestion de l’eau. Il souligne ainsi que les changements climatiques ont induit, non seulement, une hausse inédite des températures, mais la diminution des précipitations de près de 30% au cours des deux dernières décennies. Citant les études du GIEC (groupe intergouvernemental sur les changements climatiques), l’expert rappelle qu’il est prévu pour les années à venir des températures de plus en plus hautes, notamment dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du nord) ainsi qu’au sud de l’Europe, induisant une plus forte évaporation des eaux de surface.

Un contexte qui impose une refonte des politiques de l’eau en Algérie, que ce soit pour ce qui est de la réalisation d’infrastructures de mobilisation des eaux de surfaces, mais aussi pour la mobilisation de ressources non conventionnelles.

Ainsi et pour ce qui est de la réalisation de nouveaux barrages, l’expert recommande de privilégier des petits barrages de 100 000 à 150 000 m3, des barrages en terre pour une durée de vie de 5 à 6 ans, et tous proches des exploitations agricoles ».

Pour ce qui est des ressources non-conventionnelles, Ahmed Kettab, focalise d’abord sur le recours à l’épuration des eaux usées. « Nous utilisons 1 à 2 milliards de m3, dont 80% sont finalement rejetés en eau usée. Celle-ci doit absolument passer par des traitements, primaire, secondaire et même tertiaire pour être réutilisées par l’agriculture et l’industrie et les loisirs », a-t-il indiqué. Il a également mis en avant le nécessaire développement d’une stratégie d’exploitation des eaux souterraines disponibles et l’élaboration d’une réglementation adaptée.  Il estime que le dessalement de l’eau de mer ne vient qu’après les deux options qui ont précédé, « mais pas avec des stations de 300 000 et 500 000 m3 (…) Nous devons aller vers des stations de 100 000 m3 bien maitrisées ». Des projets dans lesquels il faudra impliquer des entreprises nationales « qui soient en mesure de réaliser des stations de 10 000 à 20 000 m3 en moins d’un an », insiste-il.

Chokri Hafed

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