ÉconomieEntretien

Dr. Ali Belkhiri, Commissaire du Salon national du recrutement : « Le marché doit absorber jusqu’à400 000 demandeurs d’emploi par an »

L’évolution du marché de l’emploi, les tendances du moment, les méthodes de recrutement, la recherche de profils, le rôle des salons dans le recrutement, l’apport de la digitalisation sur l’économie… ce sont là autant de question qu’aborde dans cet entretien Dr Ali Belkhiri, expert en Systèmes d’information et en sécurité et Commissaire du Salon national du recrutement « Carrefour Emploi » dont la 16ème édition se tient du 26 au 28 janvier prochain au palais de la Culture, à Alger. Sponsorisé par Faderco, spécialisée dans la fabrication de produits d’hygiène, cette manifestation est organisé sous le slogan « La Digitalisation, un outil au service de la dynamique économique », cette édition se tiendra simultanément avec le Salon de la formation « Carrefour Formation ».

Entretien réalisé par :

Riad Lamara

Comment évaluez-vous le marché de l’emploi en Algérie, vous qui êtes commissaire du Salon du recrutement « Carrefour Emploi » depuis 2009 ?

Selon le FMI, le marché de l’emploi en Algérie doit absorber un flux additionnel de demande d’emplois de 350.000 à 400.000 qui s’ajoute au taux de chômage estimé par le FMI à environ 14%, incluant les sureffectifs dans les entreprises publiques, administrations, les emplois improductifs et l’emploi dans la sphère informelle. La sphère informelle représente 30 à 40% du total. Selon des informations et des données récupérées sur des sites spécialisés sur le net, les perspectives de recrutement pour 2023 pour le secteur économique public et privé sont positives et de nombreuses entreprises ont déclaré envisager de former leurs employés et d’accroître leurs effectifs pour répondre aux nouveaux besoins du marché.

Les salons du recrutement ne sont pas légions en Algérie. Pourtant, ce sont des évènements qui peuvent contribuer efficacement à la résorption du chômage et aider les entreprises à trouver les profils qu’elles recherchent. Quelles sont les raisons de ce déficit ?

Effectivement, les salons du recrutement ne sont pas très nombreux en Algérie. Ces manifestations sont le lieu privilégié pour les entreprises et les institutions publiques pour proposer des emplois et recruter les compétences et ressources humaines nécessaires à leur développement. Ces manifestations viennent compléter l’action des autres canaux de recrutement : formation en interne, sous-traitance avec des cabinets de recrutement spécialisés, annonces dans les médias et j’en passe ! Ces salons sont un des moyens privilégiés pour faire connaitre les organismes, les lois et règlements qui régissent le secteur de l’emploi, ainsi que l’évolution des métiers et des carrières dans les différents secteurs économiques.

La digitalisation s’impose comme une thématique récurrente ces dernières années. Quelles sont les conditions de la réussite de la transformation numérique en Algérie et quel sera son impact sur le marché de l’emploi ?

En effet, de nouvelles formes de communication ont été adoptées depuis l’entrée en vigueur du confinement sanitaire, accélérant, de ce fait, la numérisation de plusieurs secteurs d’activité. Le télétravail, les visioconférences, le e-commerce, ont ainsi connu un essor difficilement envisageable avant la pandémie, la plupart des institutions et entreprises économiques n’y étant pas été préparées. Dans ce contexte et pour relancer la machine économique, les opérateurs de téléphonie fixe et mobile ont initié une baisse des prix de la connexion à internet, de même qu’une réorganisation du spectre national des fréquences a été réalisée pour une meilleure utilisation des réseaux internet fixe et mobile.

Quel est l’apport de la digitalisation sur l’économie ?

L’économie digitale a radicalement transformé les métiers. Avec l’avènement de cette révolution numérique, de nombreux métiers ont disparu ou vont disparaitre. D’autres vont évoluer avec l’informatisation des organisations, des structures de management et l’automatisation de nombreux processus de fabrication dans l’industrie et la motorisation de l’agriculture. Parmi les débouchés et métiers à forte valeur ajoutée, on citera par exemple : web designer, web master, développeur, data analyst, traffic manager, cyber specialist, community manager et installateur domotique. De plus en plus d’entreprises et institutions (MDN, DGSN, Protection civile, Douanes, ENNA, …) sont à la recherche de compétences dans l’Intelligence Artificielle, la robotique, les objets connectés (IoT), le Big Data, la cybersécurité, le domaine des drones et le contrôle aérien. Nous ajouterons que l’ère du digital exige compétence, transparence et bonne gouvernance.

Le salon du recrutement « Carrefour emploi et formation », prévu du 26 au 28 janvier au Palais de la culture à Alger, revient après une période marquée par la crise du Covid au cours de laquelle l’évènement a dû être suspendu. Comment se présente cette 16ème édition ?

Conscients de l’importance de la ressource humaine et du rôle du recrutement et de la formation continue pour booster l’économie nationale et développer la compétitivité et la productivité de l’entreprise algérienne, nous contribuons à cette mission en organisant une nouvelle édition des Salons « Carrefour Emploi » et « Carrefour Formation », qui se tiendront en simultané, sous le slogan « La Digitalisation, un outil au service de la dynamique économique ».

Pourquoi un salon du recrutement ?

L’évènement, qui constitue un des incontournables des activités de recrutement, mobilité professionnelle, formation en entreprise et création de start-ups, jouit d’une grande popularité auprès des demandeurs d’emploi dont le nombre de visiteurs est en perpétuelle croissance, dépassant aux dernières éditions le chiffre de 20 000. Pour les entreprises, le Salon représente le lieu idéal pour trouver les compétences recherchées. C’est aussi un carrefour pour les opportunités d’affaires et une vitrine pour faire mieux connaitre ses activités.

Pour les écoles et organismes de formation, c’est l’un des meilleurs canaux de marketing pour faire la promotion des formations dispensées, booster les inscriptions et développer des partenariats de formation avec les entreprises.  Pour les demandeurs d’emploi et les diplômés, c’est une opportunité pour décrocher un job, un stage ou une formation diplômante ou qualifiante, et pour approfondir leurs connaissances sur les entreprises et les écoles présentes, les métiers et les carrières. Pour les porteurs de projets de création d’entreprises, ce sera aussi l’endroit idéal pour trouver des partenaires ou des financements et échanger des idées. Les deux salons, celui du recrutement et celui de la formation, qui se tiennent conjointement dans des espaces mitoyens, se veulent être un carrefour de rencontres entre les entreprises et les administrations en quête de compétences et de nouvelles recrues, les écoles et les organismes de formation, ainsi que les institutions officielles des ministères du Travail et de la Formation professionnelle, d’une part, et les universitaires et cadres à la recherche d’un emploi, d’un stage ou d’informations pour créer leur entreprise. Les entreprises et les organismes de formations présents auront ainsi l’opportunité de conclure des accords de partenariat, de repérer leurs futurs cadres, ainsi que les candidats à la recherche d’une formation diplômante ou qualifiante. Les deux salons s’étaleront sur trois jours et comprendront des conférences, ateliers et des tables-rondes dans le but d’expliciter les dispositifs, les règlements, la fiscalité, la politique de l’emploi, les carrières, les métiers, les programmes de formation, rédaction de CV, coaching, simulation d’entretiens d’embauche, bilan des compétences, etc.

 Y-a-t-il un engouement des entreprises pour la participation à ce salon et quels sont les secteurs qui y sont représentés ?

A une semaine de la tenue du salon, le nombre des entreprises qui ont confirmé leur participation est en deçà de nos prévisions. Ces entreprises représentent surtout le secteur des TIC, l’industrie, les banques/assurances, l’industrie pharmaceutique, ainsi que le secteur des travaux publics. La faiblesse de cette participation est probablement due au fait que le processus de sortie de crise du secteur économique n’a débuté que récemment et nous pensons que la reprise de l’activité économique va s’accélérer cette année avec le lancement des actions et des projets programmés dans la loi de finances 2023.

R.L.

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