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Des manifestations massives dans plus de 45 villes : La révolte de la faim secoue le Maroc

La protestation contre la vie chère et la hogra prend de l’ampleur au Maroc. La population est encore sortie massivement lundi soir pour dénoncer l’incurie du gouvernement qui est accusé de jeter des pans entiers de la société marocaine dans la misère noire.

Les habitants de pas moins de 45 villes ont répondu à l’appel à la mobilisation du Front social marocain (FSM) et de nombreuses autres organisations de défense des droits de l’Homme et syndicales au moment où le Maroc connaît une dérive totalitaire et répressive. La capitale, Rabat, a été ainsi témoin d’une marche de protestation massive contre la hausse vertigineuse des prix des produits de large consommation et contre la tyrannie du gouvernement Akhannouch qui a amorcé depuis sa venue au pouvoir un virage ultralibéral.Nombreux ont été également ceux qui ont dénoncé la corruption qui gangrène les rouages de l’Etat marocain. « Assez avec les prix élevés », « Le peuple veut libérer le détenu », « La mort plutôt que l’humiliation » et « Liberté, dignité, justice sociale » sont quelques-uns des slogans scandés par les manifestants qui tenaient des banderoles sur lesquelles on pouvait par ailleurs lire « Unis contre les prix élevés et la pauvreté »  et « Nous sommes des citoyens, pas de droits, pas de lois ». De nombreux manifestants ont aussi dénoncé la répression policière et la normalisation avec l’entité sioniste et appelé à la libération des prisonniers d’opinion. Ces manifestations contre la faim surviennent à un moment où le Maroc enregistre des signes palpables de la montée des tensions sociales en raison de l’inflammation. Le gouvernement est accusé d’avoir tardé à prendre des mesures adéquates pour soutenir les couches les plus défavorisées.

Les manifestations massives de dimanche et de lundi sont l’expression de l’inquiétude de l’opposition et des centrales syndicales face à la détérioration des conditions économiques. La militante des droits de l’homme Khadija Al-Riyadi avertit que « tous les indicateurs sociaux et économiques se détériorent, et c’est l’occasion de rappeler aux responsables que le peuple marocain veut la justice sociale et qu’il a le droit d’en jouir ». Les organisateurs de la manifestation ont quant à eux indiqué dans un communiqué lu à la fin de la manifestation que « le peuple a exprimé sa détermination à affronter la corruption et la tyrannie et sa soif de liberté et de dignité ». Le communiqué met en outre l’accent sur « les revendications sociales, au premier rang desquelles figurent les problèmes des prix élevés et l’augmentation des prix des matières premières ».

Répression, menaces et arrestations

De son côté, Osman Baqa qui est l’un des responsables de la Confédération démocratique du travail (CDT) a expliqué que la protestation de lundi est destinée à « dénoncer la politique gouvernementale impopulaire qui oblige les grands agriculteurs et les commerçants à exporter des légumes alors que le citoyen marocain qui les produit ne les trouve pas sur le marché ». Comme à chaque fois, les manifestants ont subi une terrible répression. Le régime  du Makhzen recourt systématiquement à la violence contre des manifestants pacifiques. C’est devenu une constante au Maroc. Cette dérive répressive prouve que le Makhzen a peur d’une explosion sociale généralisée.   

Le Réseau Jonction pour la défense des droits des travailleurs a d’ailleurs regretté dimanche la situation actuelle au Royaume du Maroc. Une situation, a-t-il dit, qui se caractérise notamment par « une atteinte sans précédent aux droits et acquis des travailleurs et ouvriers, dont l’existence est menacée par l’escalade de l’agression contre leur subsistance quotidienne, alors que la flambée des prix a affecté toutes les denrées alimentaires, les préparations pour nourrissons, le carburant, le transport, les médicaments et autres produits de première nécessité, dont l’eau potable, qui est menacée de privatisation ». Et cela, ajoute la même source, dans un contexte marqué par « la hausse du taux de chômage, la fragilité professionnelle, la dégradation des conditions de travail et les attaques aux mouvements contestataires par la répression directe et les procès, le renvoi ou l’arrestation de nombreux salariés ».

A cet égard, la Confédération marocaine démocratique du travail a affirmé, dans un communiqué, « son rejet de toute forme d’empêchement et de restriction du droit de manifester et manifester pacifiquement garanti par la constitution et les pactes internationaux ». Pour sa part, la parlementaire et secrétaire générale du Parti socialiste unifié, Nabila Mounib, a estimé dans une déclaration à la presse locale que le Maroc « n’a pas conscience de la profondeur de la crise aujourd’hui ». Elle dit craindre à ce propos qu’avec le projet de création d’agences régionales de l’eau et de l’électricité, les prix de l’énergie vont encore augmenter, ce qui aggravera la situation conditions sociales ». La parlementaire marocaine a regretté en outre le mépris du Makhzen pour son peuple et son incapacité à faire le nécessaire pour protéger son pouvoir d’achat, sa dignité et assurer une vie décente à ses enfants.

A mentionner qu’à l’occasion du 12e anniversaire du Mouvement du 20 février, des militants des droits humains ont organisé aussi un sit-in, lundi soir, devant le siège du Parlement à Rabat. Ils ont également dénoncé la flambée des prix des biens de large consommation, ainsi que la poursuite des arrestations politiques. Les participants à l’événement ont également scandé des slogans dénonçant la rente, la corruption et «le pillage des ressources du pays», l’octroi de «privilèges aux plus fortunés» et «l’imposition d’impôts aux travailleurs». Ils ont en outre réclamé «la libération des leaders du Hirak du Rif, les journalistes et les militants des droits de l’Homme ».

Khider Larbi

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