ContributionDébats

Voitures de moins de trois ans : Quel sera le prix des véhicules importés ?

Par Abderrahmane Mebtoul

Professeur des universités, Expert international, ex-Directeur des études aux ministèresde l’Industrie et l’Energie et ancien président du Conseil nationaldes privatisations (1996-1999)

Leparc de véhicules en Algérie connaît un vieillissement accéléréavec une structure d’âge dominé par les véhicules ancien. Les véhicules de moins de 5 ans représentent 19,32%, ceux âgés entre 5 et 9 ans représentent 22,08%, les véhicules de 10 à 14 ans représentent 17,22%, les véhicules de 15 à 19 ans comptent pour 22,08% du parc et les véhicules de 20 ans et plus en composent 19,31%. Entre 2021 et 2023 ce taux a certainement augmenté en raison de la fermeture du marché et des tensions que cela a induit. C’est pour répondre à ces tensions qu’il a été décidé d’autoriser de nouveau l’importation de voitures de moins de trois ans, en plus du retour à l’activité de concessionnaires automobile pour l’importation de véhicules neufs et de l’arrivée de constructeurs.

Cependant, l’euphorie suscité par l’annonce de l’autorisation de l’importation des véhicules de moins de trois devra être modérée, principalement en raison des prix de ces véhicules.

Le décret exécutif fixant les conditions et les modalités de dédouanement et du contrôle de conformité des véhicules de tourisme et utilitaires d’occasion acquis par les particuliers résidents a été publié au Journal officiel n°11 datant du 22 février 2023. Ce texte stipule que tout particulier résident est autorisé à acquérir auprès des personnes physiques ou morales un véhicule d’occasion pour sa mise en circulation en Algérie, une seule fois tous les trois ans, un véhicule qui a moins de trois ans à compter de la date de la déclaration de sa mise à la consommation. Les véhicules d’occasion importés doivent être en bon état de marche ; ne présenter aucun défaut majeur ou critiqueetsatisfaire aux exigences réglementaires en matière de sécurité et d’environnement et, le cas échéant, aux normes du constructeur. En cas de non-conformité du véhicule constatée par l’expert agréé par le ministère chargé des mines, le véhicule doit être réexporté à la charge du particulier résident importateur, le cas échéant, le véhicule est pris en charge conformément à la législation et à la réglementation douanières. Il faut noter que les modalités les plus importantes concernant ce texte sont liées aux conditions etmodalités d’importation des véhicules d’occasion par les particuliers résident sur leurs devises propres,ainsi que le dédouanement pour la mise à la consommation des véhicules d’occasion, lequel est soumis au paiement des droits et taxes exigibles, conformément à la législation en vigueur.

En Europe le prix de cession d’une voiture essence d’occasion au détail, avec un kilométrageinférieur à 100.000 km , répondant aux normes, varie entre 15.000 et 20.000euros. Au cours de change nominal du 28 février 2023,soit 144,45 dinars pour un un euro, le prix d’un véhicule de ce genre varierait entre2.160.000et 2.900.000 dinars et en pondérant par 20% (coût du transport et droits et taxes) le prix varieraitentre 2.600.000et 3.500.000 dinars.Si cela doit se faire au cours du marché parallèleoùle taux de change du dinars’échange 224 dinars pour un euro àla vente – un coursqui peut évoluer à la hausse avec la hausse prévisible de la demande-nous aurons le coût finalachat plus transport et taxes à la douane entre 4.032.000et 5.037.000 dinars pour un véhicule.Ce prix pourrait être atténué à la baissesi les bureaux de change annoncées par le gouvernementvendait des devisesà un taux qui varierait entre le cours officiel et celui du taux de change sur le marché parallèle, soit180 dinars un euroce qui donnerait tout même unprix élevévariantentre 3.200.000et 4.300.000dinars. Quant à la voiture électrique moyenne d’occasion de moins de trois ans , et si l’on prend en comptele bonus écologiquede 7000 eurosmis en place en France depuis le 1er janvier 2023, le prix d’un véhicule en TTCvarie entre25.000 et 30.000 euros,avec le transport les droits et taxes et au cours du marché parallèle ce véhicule reviendrait pour un acquéreur algérien à 7 millions voire 8 millions dedinars, soit entre 350 et 400 fois le SMIG. L’option de l’électrique n’est pour l’heure pas envisageable, car outre les bornesqui doivent être installées et la disponibilité des batteries appropriées, il faudrapour la réparation,uneformation detechniciens qualités pour cegenre de de véhicules construitsavec les nouvelles technologies.Or, l’achat estfonction du pouvoir d’achat et il semble que ces prix sont inaccessibles car, plus de 80% de la population algérienneperçoit moins de 100.000DA etplus de 50%moins de 50.000 dinars par mois net.

A.M.

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