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La vice-présidente US Kamala Harris attendue en Afrique à la fin du mois : Offensive diplomatique américaine en Afrique

La vice-présidente américaine Kamala Harris va se rendre entre la fin mars et début avril au Ghana, en Tanzanie et en Zambie. Mme Harris est la sixième haute responsable américaine à effectuer une visite sur le continent en moins de 6 mois, élément qui confirme l’intention des États-Unis de s’y déployer.

À Accra, Dar es Salaam et Lusaka, la vice-présidente américaine doit rencontrer les présidents des trois pays pour notamment « discuter des priorités régionales et mondiales, notamment notre engagement partagé en faveur de la démocratie, d’une croissance inclusive et durable, de la sécurité alimentaire », a indiqué lundi la Maison Blanche dans un communiqué. Kamala Harris doit ainsi, selon la Maison Blanche, travailler afin de soutenir « la résilience et l’adaptation climatique » dans la région. Ce déplacement intervient à la suite d’un sommet sur l’Afrique qui s’est tenu en décembre à Washington, pendant lequel le président Joe Biden a plaidé pour créer un vaste partenariat avec l’Afrique. Le président américain avait alors promis de se rendre en Afrique subsaharienne, possiblement dès 2023, ce qui serait la première visite à ce niveau depuis Barack Obama qui s’était rendu au Kenya et en Ethiopie en 2015. Pour sans doute signifier que l’Afrique constitue un intérêt permanent pour Washington, le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, y fait des haltes régulières. Non loin qu’hier, il a entamé une mini-tournée qui doit d’abord le conduire en Ethiopie puis au Niger. Ce dernier pays commence de plus en plus à prendre un intérêt stratégique pour les États-Unis puisqu’il abrite une importante base de drones armés américains située à Dirkou. Il constitue en quelque sorte le poste avancé de l’Africom, le commandement des États-Unis pour l’Afrique. L’existence de cette base a été dévoilée par le New York Times en 2018. Le gouvernement américain utilise cette base pour la surveillance, mais également pour la lutte contre le terrorisme. 

Au-delà des aspects liés aux questions sécuritaires, l’offensive diplomatique américaine en Afrique  répond beaucoup plus à la volonté de Washington de freiner l’avancée de la Chine et de la Russie sur le continent. Ces deux pays y ont gagné beaucoup de terrain ces dernières années. L’establishment américain n’a vraiment réalisé que l’Occident commençait à s’essouffler en Afrique que lorsqu’il a vu la France se faire évincer coup sur coup de la Centrafrique, du Mali et plus récemment du Burkina Faso. Aujourd’hui, les intérêts de Paris sont menacés partout en Afrique francophone.

Entre la Russie et la France, il y a d’abord l’affrontement sur le terrain sécuritaire. La Russie a des coopérations militaires avec une vingtaine de pays africains. La France accuse régulièrement la Russie de mener des campagnes de désinformation pour la discréditer. Ce qui est en grande partie réussi.  La France a laissé des plumes un peu partout. Avec le conflit en Ukraine, cette guerre d’influence se joue aussi sur le terrain commercial et alimentaire. La Russie pointe du doigt le rôle des Occidentaux, notamment de la France, dans les difficultés d’acheminement de céréales en Afrique depuis l’Ukraine. 

Confrontation entre grandes puissances

L’Afrique est devenue en l’espace de deux années une terre de confrontation entre grandes puissances (Le concept guerre d’influence conviendrait le mieux) qui est justifiée autant par les ressources importantes et précieuses que recèle le sous-sol du continent que par le potentiel de croissance des États africains. Pour de nombreux observateurs, il sera difficile pour les Etats-Unis de rattraper un pays comme la Chine qui semble avoir pris une sérieuse avance. Quelques chiffres pour s’en convaincre. Le commerce chinois avec l’Afrique est environ quatre fois supérieur au commerce entre le continent africain et les États-Unis. Même si, officiellement, son voyage était justifié pour prévenir une nouvelle crise alimentaire à la suite de la guerre de la Russie contre l’Ukraine et pour confirmer les nouveaux investissements de 55 milliards de dollars sur trois ans annoncés par Joe Biden en décembre dernier à Washington, cette prépondérance chinoise est évidemment l’une des raisons de la récente tournée africaine de Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor. Sénégal, Zambie et Afrique du Sud furent ses trois étapes sur le continent dont on dit souvent qu’il est le réservoir économique de l’avenir. La compétition entre les grandes puissances s’annonce donc très rude. Il faut juste espérer qu’elle ne se transforme pas en une guerre ouverte. Tous y perdraient à commencer l’Afrique.

Khider Larbi

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