Il est organisé en représailles au voyage de la présidente taïwanaise aux Etats-Unis : La Chine se livre à un exercice d’ « encerclement total » de Taïwan
La Chine a procédé hier dans le détroit de Taïwan à un exercice « d’encerclement total » de l’île au premier jour de manœuvres militaires qui dureront jusqu’à lundi, en représailles à une rencontre entre la présidente taïwanaise et un haut responsable américain. « L’exercice d’aujourd’hui se concentre sur la capacité à prendre le contrôle de la mer, de l’espace aérien et de l’information (…) afin de créer une dissuasion et un encerclement total » de Taïwan, a affirmé hier la télévision d’Etat chinoise après l’annonce par l’armée de ces opérations. Des navires de guerre, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont notamment mobilisés. Les manœuvres « servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant ‘’l’indépendance de Taïwan’’ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices », avait averti plus tôt un porte-parole de l’armée chinoise, Shi Yi. La localisation exacte de ces exercices n’est pour l’heure pas connue. La partie la plus étroite entre les côtes chinoises et l’île fait environ 130 kilomètres de large. Ces opérations, qui comprennent également des « patrouilles », sont « nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l’intégralité territoriale de la Chine », a justifié ce porte-parole.
Des exercices à tirs réels se tiendront lundi dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l’île, ont par ailleurs indiqué les autorités maritimes locales. Ces exercices, qui revêtent une dimension « opérationnelle », sont destinés à démontrer que l’armée chinoise sera prête « si les provocations s’intensifient » à « régler une fois pour toutes la question de Taïwan », indique à la presse l’expert militaire Song Zhongping. Ces manœuvres font suite à la rencontre mercredi lors d’une escale en Californie entre la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, et le président de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy. Pékin avait promis des « mesures fermes et énergiques » en représailles. La Chine voit avec mécontentement le rapprochement ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les Etats-Unis qui malgré l’absence de relations officielles fournissent à l’île un soutien militaire substantiel. En août, la Chine avait lancé aussi des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan et tiré des missiles, lorsque la démocrate Nancy Pelosi, qui a précédé M. McCarthy au perchoir de la Chambre, s’était rendue sur l’île. La Chine considère à juste titre Taïwan (23 millions d’habitants) comme l’une de ses provinces qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Les Etats-Unis ont reconnu la République populaire de Chine en 1979 et ne doivent en théorie avoir aucun contact officiel avec la République de Chine (Taïwan) en vertu du « principe d’une seule Chine » défendu par Pékin. Tsai Ing-wen a dénoncé quant à elle hier l’ « expansionnisme autoritaire » de la Chine et assuré que Taïwan « continuerait à travailler avec les Etats-Unis et d’autres pays (…) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie ». Le ministère taïwanais de la Défense a de son côté indiqué « suivre la situation » et avoir chargé l’armée de « répondre » aux activités militaires chinoises. Huit navires de guerre et 42 avions de chasse chinois ont été détectés par Taipei tandis que 29 avions sont entrés au sud-ouest de la zone d’identification de défense aérienne (Adiz) de Taïwan qui chevauche une partie de celle de la Chine continentale. A Pingtan, le point le plus proche de Taïwan au sud-est de la Chine, des touristes observaient les eaux agitées de la mer mais aucune activité militaire notable n’était visible. D’autres prenaient la pose l’air de rien devant un timbre géant représentant les côtes chinoises et Taïwan, un monument emblématique de Pingtan.
Agences