Économie

Banque mondiale : Vers un ralentissement de la croissance cette année

La Banque mondiale table sur un ralentissement de la croissance mondiale cette année, minée par l’aggravation des risques financiers. Un ralentissement qui sera particulièrement marqué dans les pays émergent, hormis la Chine, estime l’institution de Bretton Woods, estimant que ces économies souffrent de l’essoufflement de l’économie mondiale, de la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation généralisée.  En effet, les nouvelles perspectives économiques mondiales que la BM a publié hier mardi estiment que les pays émergents et en développement «naviguent dans des eaux dangereuses», car subissant de plein fouet le ralentissement de la croissance mondiale, en particulier la baisse de régime de la Chine, la hausse des taux d’intérêt mondiaux et la forte inflation. Au choc massif de la pandémie et ses effets durables, se conjuguent l’impact de la guerre en Ukraine et le durcissement généralisé de la politique monétaire, ajoute-elle. Des facteurs qui devraient donc peser sur la croissance cette année. Ainsi la résilience de l’activité économique observée en début d’année devrait s’estomper et la progression du PIB mondial ralentir de 3,1% en 2022 à 2,1% en 2023. Dans les pays émergents et en développement, hormis la Chine, l’activité devrait ralentir à 2,9% cette année contre 4,1% en 2022. Les prévisions ont été revues à la baisse pour 70% de ces économies, dont l’Inde, l’Afrique du Sud ou l’Égypte. La révision est particulièrement sévère pour l’Arabie saoudite (-1,5%), conséquence de la chute des prix du pétrole, l’Argentine (-4%), aux prises à une crise sans fin et une spirale inflationniste ou encore le Pakistan (-1,6%) qui paye le prix des inondations dévastatrices qui ont touché 33 millions de personnes fin 2022, la dépréciation de la roupie et l’instabilité politique. L’Algérie devrait voir sa croissance grevée d’un demi-point de pourcentage cette année, par rapport aux prévisions précédentes, mais pour 2024, les perspectives de croissance sont révisées à la hausse par rapport aux prévisions précédentes.

Les anticipations font état d’une révision à la baisse généralisée. « Le moyen le plus sûr de faire reculer la pauvreté et de favoriser la prospérité est l’emploi, et le ralentissement de la croissance rend la création d’emplois beaucoup plus difficile, souligne le président du Groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga. Il est important de garder à l’esprit que les prévisions de croissance ne sont pas une fatalité. Nous avons la possibilité d’inverser la tendance, à condition d’y œuvrer tous ensemble. » Jusqu’à présent, la plupart des économies émergentes et en développement n’ont été que peu affectées par les turbulences bancaires récentes dans les économies avancées, mais elles évoluent désormais dans des eaux dangereuses. Avec le durcissement croissant des conditions de crédit au niveau mondial, 25 % d’entre elles ne peuvent plus accéder aux marchés obligataires internationaux. La situation est particulièrement critique pour celles qui présentent des vulnérabilités sous-jacentes telles qu’une faible solvabilité. Les projections de croissance pour 2023 sont inférieures de moitié à celles d’il y a un an, ce qui rend ces économies très vulnérables à de nouveaux chocs. « L’économie mondiale est dans une position précaire, indique Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale. En dehors de l’Asie de l’Est et de l’Asie du Sud, elle est loin du dynamisme nécessaire pour éliminer la pauvreté, lutter contre le changement climatique et reconstituer le capital humain. En 2023, le commerce progressera à moins d’un tiers du rythme observé dans les années précédant la pandémie. Dans les marchés émergents et en développement, la pression de la dette s’accroît sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt. La faiblesse des finances publiques a déjà fait basculer de nombreux pays à faible revenu dans une situation de surendettement. Dans le même temps, les financements nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable dépassent largement les projections les plus optimistes en matière d’investissement privé. »

Toujours selon le rapport, dans les économies avancées, la croissance devrait chuter de 2,6 % en 2022 à 0,7 % cette année, et rester faible en 2024. Après une croissance de 1,1 % en 2023, l’économie des États-Unis devrait ralentir à 0,8 % en 2024, principalement sous l’effet de l’impact persistant de la forte hausse des taux d’intérêt enregistrée ces dix-huit derniers mois. Dans la zone euro, la croissance devrait tomber de 3,5 % en 2022 à 0,4 % en 2023, en raison de l’effet différé du durcissement de la politique monétaire et de l’augmentation des prix de l’énergie.

Chokri Hafed

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